Ankara aurait pu envoyer plus de 2 000 mercenaires somaliens en Afrique du Nord pour combattre aux côtés des milices membres de le GNA

La Turquie étend ses tentacules en Afrique pour accroître son influence en Libye

photo_camera AFP/BULENT KILIC - Les combattants syriens soutenus par la Turquie

Plus de trois décennies après avoir demandé son adhésion à l'Union européenne, la Turquie s'est éloignée de Bruxelles et a réorienté sa diplomatie vers l'Afrique. Ces dernières semaines, Ankara a renforcé ses liens avec certains pays africains, comme le Niger avec lequel elle a signé un accord ces dernières heures, afin d'accroître son influence dans la région, notamment en Libye, où la nation eurasienne soutient le gouvernement d'accord national (GNA) internationalement reconnu dirigé par Fayez Sarraj. Ainsi, plus de deux mille Somaliens auraient pu venir dans ce pays pour combattre aux côtés des milices affiliées à la GNA, selon une information publiée dimanche par le journal numérique Sky News. Cet événement est survenu au moment même où le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est entretenu par téléphone avec le premier ministre italien Giuseppe Conte, pour analyser les derniers développements régionaux, notamment en Libye, ainsi que pour renforcer leur coopération dans la lutte contre COVID-19.

Selon les sources auxquelles Sky News a eu accès, de nombreux Somaliens qui rejoignent aujourd'hui les rangs de le GNA ont la nationalité qatarie.  En outre, un rapport publié il y a un an révèle que plusieurs officiers de renseignement somaliens ont reçu une formation à Doha, selon le journal mentionné ci-dessus. Ces dernières semaines, les spéculations sur le fait qu'Ankara pourrait remplacer les mercenaires syriens qu'elle envoie à la nation nord-africaine par des personnes d'autres nationalités comme la Somalie n'ont fait que croître. 

Ces dernières années, Ankara a étendu ses tentacules en Somalie en signant des accords dans divers domaines, ce qui a permis à la nation eurasienne d'étendre son influence dans cette région. En octobre 2017, le pays dirigé par Recep Tayyip Erdogan a annoncé sa décision d'établir une deuxième base militaire en dehors du territoire turc et le lieu choisi a été la Somalie. Cette base est située à seulement deux kilomètres au sud de la capitale du pays, Mogadiscio, et a une superficie d'environ 400 hectares. 

Dans ce scénario complexe, la Turquie a également décidé de renforcer ses liens avec le Niger en signant un accord de coopération militaire ces dernières heures.  L'annonce de l'arrivée de mercenaires d'autres nationalités en Libye est intervenue après que le Centre européen de lutte contre le terrorisme et le Centre français d'analyse du terrorisme (CAT) aient signalé l'arrivée de "dizaines de combattants marocains" dans ce pays déchiré par la guerre, comme l'a rapporté Al Ahdath Al Maghribia. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, ces derniers mois, plus de 16 000 mercenaires syriens sont arrivés en Libye pour soutenir les milices fidèles à le GNA.  

Dans la guerre qui oppose la GNA à l'Armée nationale libyenne (LNA), cette dernière est soutenue par la Jordanie, l'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis, le Soudan et la Russie ; tandis que le gouvernement de Tripoli, soutenu par les Frères musulmans et l'Italie et reconnu internationalement par les Nations unies, reçoit une aide militaire de la Turquie et du Qatar. Ce samedi, Recep Tayyip Erdogan s'est entretenu avec Giuseppe Conte et tous deux ont conclu que le dialogue est nécessaire pour parvenir à une solution politique en Libye. Selon l'agence de presse Anadolu, le dirigeant turc a également eu une conversation téléphonique avec le président nigérian Mahamadou Issoufou au cours de laquelle ils ont discuté des mesures à prendre pour améliorer les relations bilatérales, les développements régionaux et la coopération dans la lutte contre le coronavirus.

Cette série de contacts initiée par le président turc a eu lieu après qu'Erdogan ait reçu Fayez Sarraj, leader de la GNA, à huis clos dans le pavillon Vahdettin à Istanbul. Dans le cadre de cette rencontre, Sarraj aurait pu signer des accords économiques avec plusieurs entreprises turques, ainsi qu'un nouvel accord militaire, selon certaines fuites rapportées par Sky News. Tout cela s'est produit alors que de vastes zones de la nation nord-africaine ont été touchées ce samedi par une panne d'électricité massive, au milieu d'une grave crise de pénurie d'électricité.

Les négociations pour parvenir à une solution politique du conflit libyen se sont poursuivies ces dernières heures. Le conseiller média du porte-parole de la Chambre des députés, Hamid al Safi, a informé dimanche que la présidente du Parlement, Aqila Saleh, se rendra lundi au Maroc pour discuter de l'évolution de ce conflit, selon la chaîne libyenne Channel 24.

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