Bien que de nombreux pays aient commencé à assouplir les mesures et les restrictions contre la pandémie de COVID-19, la variante indienne du virus représente une menace pour cette "nouvelle normalité". La variante dite "Delta" a été signalée pour la première fois en Inde en octobre 2020, mais elle commence déjà à se répandre ailleurs.
Le 11 mai, l'Organisation mondiale de la santé a classé cette souche comme une "variante préoccupante", détectée dans plus de 80 pays. Cette variante présente également des symptômes différents de ceux déjà connus du virus. Par exemple, elle peut être associée à une perte d'audition, une perte d'appétit et certains problèmes intestinaux. L'absence d'odeur, un symptôme courant du coronavirus, n'est pas associée à cette souche.
Le Public Health England (PHE) a averti que la variante Delta est 64% plus transmissible que la variante Alpha, celle détectée au Royaume-Uni. Face à cette situation, le gouvernement britannique s'attend à un pic d'infections en hiver et envisage de nouveaux programmes de vaccination. The Lancet a également souligné que la possibilité d'hospitalisation est deux fois plus élevée chez les personnes infectées par Delta que par Alpha. Une étude récente du PHE affirme que le vaccin Pfizer a une efficacité de 96% sur la souche Delta, tandis que la dose AstraZeneca est de 92%.
Ces dénominations sont dues à la décision de l'OMS de nommer les souches avec des lettres grecques pour éviter d'utiliser le nom des pays où elles sont apparues et ainsi ne pas les stigmatiser. Pour cette raison, la variante indienne est appelée "delta", la britannique "alpha", la sud-africaine "beta" et la brésilienne "gamma".
En Europe, Berlin s'inquiète également de la propagation de Delta et recommande de ne pas se rendre dans les régions "où cette variante domine". En Allemagne, le nombre de cas de cette souche est passé de 3,2% à 6,2% en une semaine. "Il ne s'agit pas de savoir si Delta deviendra la variante dominante, la question est de savoir quand", a déclaré Lothar Wieler, directeur de l'Institut Robert Koch.
Un autre pays très préoccupant est la Russie. Le maire de Moscou, Sergei Sobyanin, a déclaré qu'environ 90% des nouvelles infections dans la capitale sont de la variante Delta, qu'il considère comme "plus agressive" et plus facile à propager. M. Sobyanin a également fait état de la situation préoccupante des hôpitaux de Moscou. 13 000 lits ont été remplis en cinq jours seulement, ce qui garantit que le nombre de lits disponibles passera à 24 000 au cours des deux prochaines semaines. Par crainte d'un éventuel effondrement des soins de santé, les bars et les restaurants ont été fermés la nuit et ceux situés dans les centres commerciaux.
Saint-Pétersbourg, la ville la plus touchée du pays après Moscou, se prépare à l'arrivée des supporters européens puisqu'elle accueille trois matchs du championnat d'Europe. La ville balte a annoncé de nouvelles restrictions, notamment l'interdiction de vendre de la nourriture et des boissons dans les zones où les supporters se rassembleront. Alexander Guintsburg, directeur du Centre national de recherche en épidémiologie et en microbiologie à Moscou, a déclaré que le vaccin russe Sputnik V "est efficace contre la variante". Toutefois, sur les 146 millions d'habitants que compte la Russie, seuls 19,5 millions ont été vaccinés, selon Asharq Al-Awsat. Par ailleurs, selon une enquête de France Presse, 60 % des Russes n'ont pas l'intention de se faire vacciner.
Samedi prochain, le masque ne sera plus obligatoire à l'extérieur en Espagne. La décision du gouvernement espagnol suit les traces d'autres pays européens comme l'Allemagne et la France. Cependant, bien que les restrictions contre le coronavirus soient assouplies, les experts appellent toujours à la prudence. Ils mettent également en garde contre le danger, toujours existant, d'être infecté malgré l'accélération récente du processus de vaccination. "Les vaccins ne sont pas infaillibles", déclare Margarita del Val, virologue au Conseil national de la recherche espagnol (CSIC). M. Del Val souligne que, bien que les groupes les plus vulnérables soient inoculés, le risque que courent les personnes non vaccinées est "exactement le même qu'avant".