Les talibans affirment contrôler 85 % du pays d'Asie centrale

L'Afghanistan et ses divisions internes

photo_camera AFP/ WAKIL KOHSAR - Le drapeau afghan sur la colline de Wazir Akbar Khan à Kaboul

La situation en Afghanistan est de plus en plus convulsive et les informations en provenance de ce pays d'Asie centrale sont parfois contradictoires. Mais un fait est clair : la progression rapide des talibans dans le pays depuis que le président américain Joe Biden a annoncé en avril dernier le retrait de toutes les troupes américaines d'Afghanistan et donc la fin de la mission de l'OTAN.

Les talibans affirment contrôler 85 % du pays d'Asie centrale. Ces dernières semaines, les insurgés ont également pris le contrôle de postes frontaliers clés avec l'Iran, le Pakistan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan voisins. Le dernier de ces postes est celui de Boldak-Chaman, le deuxième poste frontière le plus important avec le Pakistan et une source majeure de revenus pour le gouvernement de Kaboul. Cependant, les forces de sécurité afghanes semblent avoir repris le contrôle de ce poste frontière clé.

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Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a déclaré à Reuters que les forces talibanes tenaient toujours le point de passage. "Il s'agit d'une simple propagande et d'une affirmation sans fondement de l'administration de Kaboul", a-t-il déclaré à l'agence de presse. La prise de contrôle par les talibans de plusieurs postes frontières vise clairement à affaiblir le gouvernement de Kaboul.

Les insurgés cherchent à réduire les recettes qui reviennent au gouvernement de Kaboul tout en ajoutant de nouvelles sources de revenus aux frontières. La prise de Spin Boldak intervient quelques jours après de violents combats dans la province de Kandahar, où les autorités afghanes étaient sur le point de perdre la capitale provinciale. Les pays voisins se sont inquiétés de la progression rapide des talibans. Le Pakistan a fermé le poste frontière avec l'Afghanistan dans la ville de Chaman.

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Le retrait des troupes internationales d'Afghanistan a laissé un vide dans les rangs de l'armée nationale afghane, qui ne contrôle plus que les capitales provinciales, tandis que les talibans ont pratiquement pris le contrôle de toute la campagne. Malgré ce déséquilibre des forces dans ce pays d'Asie centrale, les États-Unis ont déjà annoncé qu'ils poursuivaient leur plan de retrait de toutes leurs troupes. Le président américain Joe Biden a fixé la semaine dernière la date limite du 31 août. Le Pentagone a également déclaré que le retrait des forces américaines était achevé à 90%.

L'Afghanistan est à un moment critique, mais selon l'agence de presse AFP, les talibans auraient proposé au gouvernement afghan un cessez-le-feu de trois mois en échange de la libération de 7 000 de leurs prisonniers. Toutefois, les talibans ont déclaré qu'ils n'étaient "pas au courant d'un quelconque projet de cessez-le-feu de trois mois". Entre-temps, Nader Naderi, membre de l'équipe de négociation du gouvernement de Kaboul lors des pourparlers de paix avec le groupe au Qatar, s'est montré sceptique quant aux conditions posées par les insurgés pour un cessez-le-feu. M. Naderi a qualifié l'offre des talibans, lors d'une conférence de presse à Kaboul, de "demande considérable", ajoutant qu'ils exigeaient également que les noms des dirigeants du mouvement soient retirés d'une "liste noire" des Nations unies.

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M. Naderi a fait remarquer que la libération antérieure de 5 000 talibans l'année dernière, condition fixée pour l'ouverture de pourparlers interafghans, "n'a pas aidé la situation et que la violence a même augmenté". Dans ce contexte, il est peu probable que le gouvernement de Kaboul et les insurgés parviennent à un accord sur la cessation des hostilités alors que les pourparlers de paix à Doha sont complètement bloqués.

Face à l'instabilité dans le pays, le président afghan Ashraf Ghani a entamé un voyage de deux jours en Ouzbékistan pour participer à un sommet économique régional auquel participeront des délégations des États-Unis, de la Russie et de l'Union européenne. A l'ordre du jour, les questions de sécurité et bien sûr la situation en Afghanistan. 

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Au cours du sommet, qui se déroule dans la capitale ouzbèke, Tachkent, la conseillère américaine pour la sécurité nationale auprès du président, Elizabeth Sherwood-Randall, a assuré que les États-Unis continueront à "soutenir les négociations en vue de parvenir à une solution politique qui donne au peuple afghan la paix qu'il mérite et établit une base régionale et internationale plus solide pour soutenir l'avenir de l'Afghanistan". 

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