Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu'il organiserait des élections législatives anticipées après le référendum du 1er novembre

L'Algérie annonce des élections anticipées

photo_camera REUTERS - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

Après une longue période de politiques inchangées, l'Algérie va renouveler sa structure constitutionnelle par référendum le 1er novembre. Ce sera une fin d'année avec beaucoup d'activité parlementaire puisque, après le vote populaire, le Président de la République algérienne a annoncé la convocation d'élections générales.   

La nouvelle arrive dimanche soir après que Tebboune, qui a été élu en décembre 2019, se soit engagé à procéder à des réformes structurelles en mettant en œuvre des réformes politiques et économiques. 

Ces changements ont été précédés par des troubles sociaux et des manifestations de rue de masse depuis avril 2019 contre l'ancien président Abdelaziz Bouteflika. L'ancien président était au pouvoir depuis vingt ans, la plus longue période de l'histoire du pays depuis son indépendance en 1962.  

Tebboune fait partie du Front de libération nationale (FLN), le même parti politique qui a mené à l'indépendance du pays et dont Bouteflika était membre. Le nouveau président a souligné que la Constitution serait soumise au référendum populaire, en disant que « si le peuple veut un changement, c'est le moment de le faire pour que nous ne restions pas dans l'ambiguïté qui prévalait auparavant ». 

Dans une interview aux médias, Tebboune a expliqué son désir de voir les femmes et les hommes algériens ratifier la nouvelle constitution proposée « afin que l'État soit plus éthique et serve le peuple, et non les groupes qui exercent un contrôle parental sur lui ». 

Tebboune a souligné que seul le peuple peut décider de son destin, en insistant sur la nécessité de consacrer la transparence de la base au sommet au sein de l'administration et en expliquant qu'il est dans l'intérêt de tous de connaître les futures responsabilités.

L'idée est de terminer l'année 2020 avec un nouveau pays, mais la situation du coronavirus pourrait ralentir les choses. Le discours du nouveau président semble plein d'espoir et, au moins dans les rues, les protestations ont diminué. Il reste encore un mois avant le premier vote et il faut voir si la nouvelle constitution proposée sera modifiée. 

« Nous devons tenir nos promesses. Après le référendum sur la constitution, nous allons directement réviser la loi électorale. Nous espérons atteindre les institutions élues avant la fin de l'année, mais il faut tenir compte des circonstances, surtout du côté de la santé », a conclu le président.

Parlamento argelino
Qu'est-ce que la nouvelle Constitution algérienne? 

Le 6 septembre dernier, le Conseil des ministres algérien a approuvé le projet de révision de la Constitution. La version des nouveaux statuts a été présentée au Parlement et la présidente de l'Assemblée populaire nationale (APN), Slimane Chenine, a annoncé que la dernière version modifiant la loi a été approuvée à l'unanimité par les 256 membres de l'Assemblée sur 462. 

Le gouvernement algérien a déclaré qu'il était déjà en train de finaliser une nouvelle version qui est censée répondre aux aspirations du mouvement social de protestation populaire appelé Hirak.  

Le président Tebboune a souligné que « le projet est conforme aux exigences de la construction d'un État moderne ». Les principales propositions de la réforme constitutionnelle s'articulent autour de six axes : droits fondamentaux et libertés publiques ; renforcement de la séparation et de l'équilibre des pouvoirs ; indépendance du pouvoir judiciaire ; abolition et remplacement du Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnelle et l'Autorité pour des élections nationales indépendantes.  

Voici quelques-unes des nouvelles propositions incluses dans le texte 

•    La limitation du mandat parlementaire à deux mandats : la période des élections présidentielles a été définie comme deux cycles non renouvelables, soit consécutifs, soit séparés. Cette mesure vise à empêcher le dirigeant du pays de rester au pouvoir pendant plus de quatre ans.
•    La constitutionnalisation du mouvement populaire Hirak,
qui a mené des manifestations de rue depuis 2019 
•    Le début de la participation de l'Algérie aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. 
•  
 Le pouvoir du Président de la République de nommer un vice-président. 
•    L'octroi de plus de pouvoir au Premier ministre et au Parlement pour gouverner le pays. 
•    
Changements dans la justice : Le ministre de la justice et le procureur général de la Cour suprême ne feront plus partie du Conseil supérieur de la magistrature.

L'Algérie a un agenda international avec beaucoup de choses accumulées. Le gouvernement de Tebboune doit d'abord faire le tri dans ses besoins internes afin de pouvoir traiter de diverses questions telles que la paix dans la Libye voisine, l'éternel débat sur la normalisation des relations avec le Maroc, le maintien des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, la menace djihadiste dans le désert du Sahel, la crise migratoire, sa position au sein de l'Union africaine et le débat de chaque pays arabe sur la table aujourd'hui : normaliser ou non les relations avec Israël.

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