L'Algérie apparaît comme une alternative au gaz russe pour le continent. Toutefois, les analystes mettent en doute la capacité et l'engagement de l'Algérie

L'Algérie est-elle un partenaire énergétique fiable pour l'Europe ?

photo_camera REUTERS/JON NAZCA - Medgaz, gazoduc entre l'Algérie et l'Espagne

L'Europe se prépare à un hiver rigoureux. La guerre en Ukraine a accentué une grave crise énergétique qui a débuté à la fin de l'année 2021 et a provoqué une augmentation significative des prix des carburants dans le monde entier. Cependant, la situation sur le Vieux Continent est particulièrement compliquée car les sanctions imposées à la Russie pour l'invasion ont amené le président Vladimir Poutine à fermer le robinet de gaz vers le continent à la veille de l'automne.

Dans ce contexte, les pays européens tentent de trouver des alternatives au gaz russe. Le Qatar, l'Azerbaïdjan et la Norvège sont quelques-unes des nations qui sont apparues comme de possibles nouveaux fournisseurs de gaz sur le continent. De même, et dans le but de rechercher de nouveaux alliés énergétiques, le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est rendu en Algérie, pays disposant d'importantes réserves de gaz.

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Comme l'a annoncé Michel sur son compte Twitter, cette visite avait pour but de "renforcer la coopération avec l'Union européenne". "La stabilité et la sécurité régionales, l'énergie, le commerce et la prospérité sont nos objectifs communs", a-t-il ajouté.

Au cours de son voyage à Alger, le dirigeant européen a rencontré le président algérien Abdelmajid Tebboune et le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. À l'issue de l'une de ces réunions, M. Michel a déclaré que l'Algérie était un partenaire énergétique "loyal et fiable" pour l'UE.

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Avant Michel, un autre dirigeant européen s'est rendu en Algérie avec un œil sur le gaz. En juillet, l'ancien premier ministre italien Mario Draghi a conclu un accord gazier de 4 milliards de dollars avec Alger après plusieurs visites précédentes dans le pays.

Récemment, le président français Emmanuel Macron s'est également rendu à Alger. Bien que ce voyage ait eu pour but de réparer les liens entre les deux pays, le gaz a également joué un rôle clé. Le président français a remercié le pays d'Afrique du Nord d'avoir augmenté ses approvisionnements via le gazoduc italien Transmed, un aspect qui, selon les mots de Macron, "relève de la solidarité européenne"

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Malgré le fait que de nombreux pays européens soutiennent l'Algérie, certains analystes remettent en question l'engagement de l'Algérie à cet égard pour des raisons "techniques et politiques", selon un rapport de l'étude économique du Moyen-Orient publié par Al-Arab. Selon le document, les exportations totales de gaz naturel algérien ont chuté de 18% au cours du premier semestre 2022. 

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En outre, le journal arabe rappelle la panne du pipeline Medgaz en juillet. Un problème qui, selon Al-Arab, est dû à "un mauvais entretien et à des équipements obsolètes". Ce gazoduc fournit du gaz à l'Espagne, un pays avec lequel l'Algérie est actuellement engagée dans une crise diplomatique. 

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Peu après que le gouvernement de Pedro Sánchez a approuvé le plan marocain pour le Sahara occidental, l'Algérie a rappelé son ambassadeur à Madrid pour des consultations, a gelé le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération avec l'Espagne et a menacé d'augmenter le prix du gaz.

C'est pourquoi de nombreux experts craignent que le gouvernement de Tebboune n'utilise le gaz pour exercer une pression politique sur l'Europe, ce que la Russie avait l'habitude de faire. Comme l'a déclaré à Al-Arab Dalia Ghanem, analyste à l'Institut d'études de sécurité de l'Union européenne, l'Algérie "entend renforcer son rôle dans la région pour devenir un pays leader en Afrique", notamment pour "défendre sa position face au Maroc".

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D'autre part, l'Algérie est le principal allié de la Russie dans la région, ce qui rend "illogique" de dépendre d'Alger pour l'énergie, disent les experts à Al-Arab. Alger et Moscou entretiennent des relations étroites depuis des décennies. L'invasion de l'Ukraine n'a pas entamé ces liens solides. En effet, depuis le début de la guerre, l'armée algérienne a participé à des exercices militaires russes, le chef d'état-major algérien, Said Chengriha, a pris part à une conférence sur la sécurité internationale organisée par Moscou, et le gouvernement Tebboune a accueilli le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov.

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