Le ministre algérien, Mohamed Arkab, aurait repris la construction du gazoduc avec le Nigeria au moment où Rabat et Abuja ont donné le feu vert au gazoduc Nigeria-Maroc

L'Algérie, le Nigeria et le Niger conviennent de construire un gazoduc transsaharien

PHOTO/REUTERS   - Usine de traitement des gaz de Krechba

Les ministres de l'Énergie de l'Algérie, du Nigeria et du Niger se sont mis d'accord sur la construction d'un nouveau gazoduc transsaharien (TSGP) qui devrait commencer "dès que possible". Avec la création de cette infrastructure régionale, qui aurait une portée internationale, le gazoduc permettra l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel, ainsi que le développement socio-économique de ces trois pays africains, selon l'agence officielle APS.

Cette réunion est la deuxième fois que ces trois ministres se rencontrent à cette échelle. L'Algérien Mohamed Arkab, ainsi que ses homologues Timipre Sylva et Mahamane Sani Mahamadou, auraient exprimé leur intention de poursuivre la normalisation de ce projet, ainsi que de "poursuivre les consultations à travers l'équipe technique formée lors de cette réunion"

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Arkab a indiqué que "la réactivation du projet TSGP intervient dans un contexte géopolitique et énergétique, notamment, marqué par une forte demande en gaz et en pétrole, d'une part, et par une stagnation de l'offre en raison de la baisse des investissements, notamment dans l'approvisionnement en pétrole et en gaz depuis 2015". Il a également fait remarquer que ce gazoduc constituera "une nouvelle source d'approvisionnement pour les marchés, dont la demande ne cesse de croître".

Dans un premier temps, le gazoduc traversera ces trois pays et pourrait interconnecter d'autres États comme le Tchad et le Mali. Le ministre algérien a également souligné que le gazoduc pourrait "contribuer" à l'émergence d'un marché africain de l'énergie et stimuler le développement d'une industrie africaine indépendante. 

Selon les estimations financières faites lors du lancement initial du projet en 2009, le pipeline coûtera 10 milliards d'euros et aura une longueur de 4 128 kilomètres qui pourrait être achevée en trois ans. En outre, le TSGP pourra transporter 20 à 30 milliards de mètres cubes par an, ce qui pourrait conduire à de nouvelles réserves de gaz.

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Toutefois, des médias tels que Al-Arab soulignent que cette construction soulève des doutes quant à la volonté du Nigeria de prendre le risque de prolonger un pipeline dans un pays tel que l'Algérie, cette dernière n'ayant pas hésité à fermer des pipelines pour des raisons politiques. Ils font également valoir que le tracé de ce gazoduc, qui passerait nécessairement par le Sahara pour rejoindre l'Algérie, où il existe actuellement une menace importante de la part des groupes djihadistes et radicaux.

La lutte pour le gaz

La réunion des trois ministres de l'Énergie a eu lieu après que le Nigeria et le Maroc ont annoncé la construction d'un futur "méga-projet" de gazoduc marin qui serait relié à l'Espagne. Il s'agirait du plus long gazoduc offshore du monde et il aurait la capacité d'exporter du gaz naturel vers d'autres pays africains et vers l'Europe, grâce à sa connexion à travers la Péninsule ibérique. 

La société australienne Worley serait chargée de réaliser la faisabilité du projet, qui couvrirait une distance de plus de 7 000 kilomètres entre le Nigeria et le Maroc, en traversant les eaux territoriales de plus de 13 pays

Le projet, connu sous le nom de gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), permettrait de pallier la pénurie de gaz du Maroc après la décision de l'Algérie de fermer le gazoduc Maghreb-Europe à la suite de la rupture diplomatique que l'Algérie a décidé d'exécuter unilatéralement en août dernier, en invoquant une série de "désaccords"

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Bien que le projet maroco-nigérian n'en soit qu'à ses débuts, le Conseil exécutif judiciaire du Nigeria aurait déjà donné son feu vert à la construction du nouveau gazoduc, en collaboration avec la Société pétrolière nationale nigériane (NNPC) et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). 

Parallèlement à cela, le projet a été proposé en 2016 lors des négociations d'un accord qui a été conclu entre la Société pétrolière nationale du Nigeria (NNPC) et l'Office national des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM). Deux ans plus tard, en 2018, dans un communiqué de presse, la société Worley indique que le NMGP "sera le plus long gazoduc offshore du monde" et contribuera à "stimuler les industries et les économies locales en fournissant une source d'énergie fiable et durable" ainsi que "le développement industriel et la création de nouvelles opportunités d'emploi".

Aujourd'hui, à l'heure où les tensions entre les deux pays du Maghreb s'exacerbent, la question du gaz, ainsi que la construction d'un futur gazoduc, s'inscrivent dans une nouvelle lutte géopolitique pour cette ressource. Cet atout se positionne comme un avantage très significatif lorsqu'il s'agit d'étendre - et de maintenir - l'influence régionale tant dans le reste de l'Afrique qu'avec l'Europe, ce que le Maroc et l'Algérie savent et ne veulent pas gâcher, surtout au vu de la crise énergétique actuelle qui fait suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
 

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