Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal bin Farhan a déclaré que la normalisation des relations avec Israël apporterait "d'énormes avantages" au Moyen-Orient

L'Arabie saoudite est-elle sur le point de normaliser ses relations avec Israël ? 

photo_camera AFP PHOTO / SAUDI ROYAL PALACE / BANDAR AL-JALOUD - Benjamin Netanyahu et Mohamed Bin Salman

Quatre pays arabes ont établi des relations avec Israël en 2020 grâce à la médiation des États-Unis. D'abord les Émirats arabes unis et le Bahreïn par le biais des accords d'Abraham, puis le Soudan et le Maroc. Ce dernier a accepté en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine au Sahara occidental. Maintenant, suite à certaines déclarations des autorités saoudiennes, il semble que le rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël soit plus proche. 

Faisal bin Farhan, ministre saoudien des affaires étrangères, a assuré dans une interview accordée à CNN que tout accord visant à établir des relations avec Israël serait bénéfique pour le Moyen-Orient. "La normalisation du statut d'Israël dans la région apporterait d'énormes avantages à la région dans son ensemble", a déclaré M. Farhan. En outre, "elle serait d'une grande utilité sur le plan économique, social et sécuritaire", a-t-il ajouté. Il a toutefois souligné la nécessité pour les Palestiniens de recevoir un État souverain. "Maintenant, la normalisation dans la région ne peut réussir que si nous abordons le problème des Palestiniens et si nous sommes capables de réaliser un État palestinien dans les frontières de 1967 qui leur donne la dignité et leur donne leurs droits", a-t-il souligné. Le ministre saoudien a assuré que si des progrès étaient réalisés en faveur de la paix dans le conflit israélo-palestinien, des relations officielles se développeraient entre les deux pays. "Si nous avons des progrès sur la question israélo-palestinienne, nous accueillerons les citoyens israéliens de toutes les religions, pas seulement les musulmans, dans le Royaume", a déclaré Farhan. 

AFP PHOTO / Russian Foreign Ministry-El ministro de Asuntos Exteriores saudí, el príncipe Faisal bin Farhan al-Saud

Ce n'est pas la première fois que l'Arabie saoudite se félicite du rapprochement avec Israël. Après que les Émirats arabes unis et Bahreïn ont officialisé leurs relations avec le pays hébreu, les autorités palestiniennes ont critiqué cette décision, qu'elles ont définie comme "une trahison" et "un coup de poignard dans le dos". Le royaume saoudien a défendu ces relations et critiqué les dirigeants palestiniens. "Ce faible niveau de déclarations n'est pas ce que nous attendons de responsables qui cherchent à obtenir un soutien mondial à leur cause", a déclaré Bandar bin Sultan bin Abdulaziz, ancien chef des services de renseignement de l'Arabie saoudite et ancien ambassadeur à Washington. "La cause palestinienne est une cause juste, mais ses défenseurs échouent, et la cause israélienne est injuste, mais ses défenseurs ont réussi", a ajouté le prince saoudien. 

En novembre 2020, peu après les accords d'Abraham, les médias israéliens ont annoncé une rencontre entre le président Benjamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman. Mike Pompeo, figure clé du rapprochement d'Israël avec les pays arabes, devait également assister à la réunion. Cependant, Riyad a démenti cette information. Le gouvernement saoudien a déclaré qu'ils n'avaient rencontré que des responsables américains. 

REUTERS/TOM BRENNE  -   De izquierda a derecha, el Ministro de Relaciones Exteriores de Bahrein, Abdullatif Al Zayani, el Primer Ministro de Israel, Benjamin Netanyahu, y el Ministro de Relaciones Exteriores de los Emiratos Árabes Unidos (EAU), Abdullah bin Zayed, exhiben sus copias de los acuerdos firmados mientras el Presidente de los Estados Unidos, Donald Trump, los observa mientras participan en la ceremonia de firma de los Acuerdos de Abraham en Washington

L'Arabie saoudite est non seulement importante sur le plan politique dans la région, mais aussi sur le plan religieux. Le roi saoudien est considéré comme le gardien des lieux saints de l'islam. Pour cette raison, la position historique de l'Arabie saoudite depuis la création de l'État d'Israël en 1948 a été défensive envers les Palestiniens. Cependant, elle n'a pas exprimé autant de rejet envers Israël que d'autres pays arabes plus critiques à l'égard du pays hébreu. En 2002, l'accord de paix arabe, promu par Riyad, a été présenté. Le pacte proposait la normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et Israël en échange du retrait de ce dernier des territoires occupés et de la reconnaissance de l'État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Ce document, bien que non accepté par Israël, a marqué le début de relations possibles entre les deux pays. 

Depuis lors, l'Arabie saoudite et Israël sont unis par leur inimitié envers l'Iran et leurs bonnes relations avec les États-Unis, les deux États étant les principaux alliés de Washington dans la région. La normalisation des relations apporterait également des avantages économiques pour les deux parties. Riyad pourrait bénéficier de la haute technologie israélienne pour développer son projet Vision 2030, un plan visant à réduire la dépendance au pétrole et à développer d'autres secteurs. Toutefois, certains membres de la famille royale et certains chefs spirituels du pays sont opposés au développement de relations avec l'État hébreu. Il en va de même pour la population saoudienne : seuls 6% sont favorables à la normalisation des relations avec Israël, selon le Centre arabe de recherche et d'études politiques. 

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