Lors du sommet "Bagdad II", Riyad a également exprimé son engagement dans la lutte contre le terrorisme dans le pays. Pendant la conférence, Josep Borrell s'est entretenu avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Hosein Amirabdolahian

L'Arabie saoudite soutient la stabilité et la souveraineté de l'Irak

photo_camera PHOTO/FILE - Le ministre saoudien des affaires étrangères Faisal bin Farhan

L'Irak joue un rôle central dans la stabilité de l'ensemble du Moyen-Orient. C'est pourquoi, après plusieurs mois d'impasse politique, les autres pays de la région se sont engagés à respecter le nouveau gouvernement - dirigé par Abdul Latif Rashid et Mohammed Shia Al-Sudani - avec lequel ils entretiendront "des relations régionales constructives fondées sur les principes de bon voisinage, de non-ingérence dans les affaires intérieures et de dialogue comme moyen de résoudre les différends". C'est ce qu'ont convenu les participants à la conférence de Bagdad - Bagdad II - qui s'est tenue en Jordanie, selon un communiqué publié par EFE.

Au cours du sommet, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a réaffirmé le soutien de Riyad à la stabilité et à la souveraineté de l'Irak, ainsi que son engagement dans la lutte contre le terrorisme dans le pays, selon Arab News. Bin Farhan a déclaré que l'Arabie saoudite "rejette toute mesure agressive" en Irak, qu'il a décrit comme le "berceau de la civilisation, de la science et de la connaissance". 

Le chef de la diplomatie saoudienne a assuré que le Royaume "n'épargnera aucun effort" pour soutenir le développement et le progrès économique de l'Irak, soulignant que la prospérité du pays est "liée à la prospérité de toute la région". Lors de son discours, il a également salué la "volonté politique" de l'Irak et du Premier ministre Mohamed Shia Al-Sudani de "faire face à l'adversité". Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que les deux pays coopèrent par le biais de l'OPEP et de l'OPEP+ dans le but de maintenir la stabilité des marchés pétroliers mondiaux.

Bin Farhan a annoncé l'intention de Riyad de développer un plan d'action conjoint avec le soutien du Conseil de coordination saoudo-irakien, ainsi que de collaborer avec le gouvernement de Bagdad pour promouvoir les investissements dans les énergies renouvelables, le dessalement de l'eau et l'agriculture. À cet égard, le prince saoudien a souligné que les initiatives vertes promues par Riyad et le Moyen-Orient, telles que le projet de ceinture verte en Irak, restent des sujets de coopération pertinents pour renforcer les liens bilatéraux. 

Le changement climatique et la sécheresse font partie des principaux défis auxquels l'Irak est confronté. En 2021, le pays arabe a connu l'une des saisons les plus sèches depuis 40 ans en raison d'un manque de précipitations. Au cours des quatre dernières décennies, le débit de l'Euphrate et du Tigre, source de 98 % des eaux de surface de l'Irak, a diminué de 30 à 40 %, selon les chiffres des Nations unies.

À l'instar de l'Arabie saoudite, les autres pays participants ont également exprimé leur attachement à la souveraineté de l'Irak, ainsi que leur volonté d'étendre "la coopération économique régionale, la création de passerelles et la promotion du dialogue social" afin de "mettre fin aux tensions et d'établir des liens régionaux constructifs qui profitent à tous", selon le communiqué. 

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré lors d'une conférence de presse que le sommet était axé sur le "soutien à l'Irak". Il a également souligné la nécessité pour les États du Moyen-Orient de coopérer "à tous les niveaux", rapporte EFE. Safadi a également annoncé que la troisième édition de la conférence aura lieu en Égypte l'année prochaine.

Pour sa part, le chef de la diplomatie irakienne, Fuad Hussein, a souligné que la réunion représentait "une opportunité de dialogue entre les voisins de l'Irak, les autres nations et les institutions internationales". Outre plusieurs pays du Moyen-Orient, "Bagdad II" a vu la participation de représentants de l'ONU, de l'Union européenne et de la France

Le président français Emmanuel Macron a également exprimé son engagement en faveur de la stabilité et de la sécurité de l'Irak, appelant le pays à choisir sa propre voie et à ne pas se laisser dicter sa conduite par des puissances étrangères. L'un des principaux défis et problèmes de la nation est la forte influence de l'Iran à travers la politique et les groupes armés. "L'Irak est aujourd'hui le théâtre d'influences [étrangères], d'incursions et de déstabilisations qui sont liées à l'ensemble de la région", a déclaré le dirigeant français.

L'UE demande à l'Iran de cesser de soutenir la Russie et de mettre fin à la répression interne

Macron s'est rendu en Jordanie avec la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, qui a profité de l'occasion pour appeler l'Iran à libérer les "otages détenus" dans le pays. En marge du sommet, la chef de la diplomatie française a eu l'occasion de s'entretenir avec son homologue iranien, Hosein Amirabdolahian, qu'elle a exhorté à libérer les "otages", parmi lesquels figurent des citoyens français, espagnols, italiens et polonais, entre autres. 

Colonna a également exigé qu'Amirabdolahian respecte les lois internationales, y compris la Charte des droits de l'homme des Nations unies, ainsi que la souveraineté des autres pays, faisant référence à l'ingérence de Téhéran en Irak. Elle lui a également demandé de cesser son soutien militaire à la Russie et de mettre fin à la répression intérieure des manifestations qui a débuté après la mort de Mahsa Amini.

À ce jour, les autorités iraniennes ont déjà exécuté publiquement deux manifestants, mais de nombreux autres ont été condamnés à mort, dont le footballeur Amir Nasr-Azadani. Les organisations iraniennes de défense des droits de l'homme estiment que plus de 450 personnes - dont des mineurs - ont été tuées au cours des manifestations. 

Le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, a également pu s'entretenir avec le ministre iranien. Comme Colonna, Borrell exhorte Amirabdolahian à cesser le soutien militaire à Moscou et la répression intérieure. Lors de la réunion en face à face, les deux parties ont convenu de maintenir la communication ouverte et de rétablir l'accord nucléaire sur la base des négociations de Vienne, comme l'a indiqué Borrell sur son compte Twitter. 

Amirabdolahian, pour sa part, "a annoncé que son pays était prêt à dialoguer directement avec l'Ukraine pour expliquer tout malentendu concernant la position de Téhéran dans la guerre". Le régime iranien est devenu l'un des principaux alliés de Moscou dans l'invasion de l'Ukraine par la vente de drones.

Concernant la répression brutale des manifestants, le ministre iranien a critiqué le soutien occidental aux protestations. Depuis le début des protestations, Téhéran a accusé à plusieurs reprises les pays occidentaux d'organiser les manifestations et de déstabiliser le pays.

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