Le coprésident du Conseil économique Maroc-Espagne (CEMAES) appelle les grandes entreprises espagnoles à jouer un rôle plus important dans l'économie marocaine

La patronal marroquí llama a las empresas del Ibex a invertir en el país

photo_camera PHOTO/ARCHIVO - Clemente González Soler, Président du Conseil économique Maroc-Espagne

À la veille du sommet hispano-marocain de Rabat, le coprésident du conseil économique formé par les associations patronales marocaines et espagnoles, Adil Rais, appelle les entreprises de l'Ibex 35 à investir dans le pays du Maghreb afin de faire de l'Espagne l'un de ses principaux investisseurs. 

Dans une interview accordée à EFE à la veille du forum économique qui se tiendra demain et qui donnera le coup d'envoi de la réunion de haut niveau (RAN) des deux pays, Rais déplore que l'Espagne occupe la cinquième place sur la liste des pays investisseurs, avec un flux d'investissements directs étrangers (IDE) de seulement 1,4 milliard de dirhams (126 millions d'euros) au cours des neuf premiers mois de 2022. 

"Nous voulons que l'Espagne investisse davantage. Elle ne se classe qu'au cinquième rang pour les investissements directs étrangers. C'est dommage, nous espérons qu'il y aura plus d'investissements espagnols, surtout de la part d'entreprises qui ne sont pas très présentes au Maroc, qui sont celles de l'Ibex 35", déclare le responsable marocain du Conseil économique Espagne-Maroc (CEMAES). 

Rais explique que les investissements espagnols ne représentent que 4,5 % du total des IDE jusqu'en septembre 2022, derrière la France, les États-Unis, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni. "La plupart des 800 entreprises espagnoles présentes au Maroc sont des PME. Nous voulons que l'Espagne passe de la cinquième à au moins la deuxième position, qu'elle ait non seulement des relations commerciales mais aussi des relations financières et des investissements importants", insiste-t-il. 

Deux économies interdépendantes 

La plupart des PME espagnoles présentes au Maroc opèrent dans le secteur agricole (notamment à Larache et Agadir), dans l'industrie automobile (dans la zone d'accélération industrielle de Tanger et Kenitra), dans le secteur bancaire (avec la présence de Banco Santander, Sabadell et La Caixa) et dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, où une augmentation des investissements espagnols a été observée au cours des deux dernières années. 

Par ailleurs, le coprésident du CEMAES explique que les relations commerciales et économiques entre l'Espagne et le Maroc n'ont pas été affectées par la crise diplomatique bilatérale d'un an, qui a débuté en avril 2021 et s'est terminée en mars 2022 avec le changement de position de l'Espagne sur le conflit du Sahara occidental. 

Les échanges commerciaux ont atteint 19 milliards d'euros au cours des neuf premiers mois de 2022, souligne le responsable marocain, qui ajoute que les importations en provenance d'Espagne ont augmenté de 28 % par rapport à l'année de référence de 2019, dépassant les 10 milliards d'euros. Quant aux exportations de produits marocains vers l'Espagne, elles ont enregistré une hausse de 16 % par rapport à 2019, pour atteindre 8 milliards d'euros.  

"On constate une amélioration des relations commerciales et économiques malgré cette parenthèse de malentendu politique. Les deux communautés d'affaires sont proches, les deux économies sont interdépendantes. Nous le voyons dans les secteurs du textile, de l'agriculture et de la pêche", affirme Rais. Pour le représentant de l'association patronale marocaine, "il s'agit de liens très forts établis au cours des vingt dernières années et qui n'ont pas été perturbés par la politique".  

Développer l'économie circulaire 

D'autre part, Rais indique que le CEMAES - créé en 2013 suite à la collaboration entre la Confédération espagnole des organisations patronales (CEOE) et son homologue marocaine Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) - vise également à dynamiser la présence des entreprises marocaines en Espagne et à activer le système d'arbitrage entre les deux pays. 

C'est l'intention de cet organisme pour le mois de février, qui organisera des actions dans les différentes communautés autonomes espagnoles afin de faire connaître le Maroc, son système politique, les entreprises implantées d'une manière ou d'une autre et les conditions d'investissement. 

"Nous ferons également mieux connaître l'Espagne ici, notamment aux entreprises de Casablanca et de Rabat qui ont moins de contacts avec les entreprises espagnoles", ajoute-t-il. Le responsable marocain souligne la collaboration possible dans le domaine de l'économie circulaire, l'un des domaines en pleine expansion après la pandémie, et affirme que l'Espagne "peut apporter des idées, des moyens et des solutions techniques pour que cette industrie se développe au Maroc". 

Le textile fait également partie des secteurs que le Maroc souhaite développer avec l'Espagne, notamment dans les processus en amont, en vue d'implanter la fabrication de tissus et d'accessoires dans le pays maghrébin. Aujourd'hui, le tissu provient d'Asie ou de Turquie. "Nous voulons fabriquer du tissu et l'idée est de le faire dans des joint-ventures hispano-marocaines. Nous voulons des entreprises bicéphales basées sur des capitaux marocains et espagnols pour créer de la main-d'œuvre dans les deux pays", explique-t-il. 

Rais interviendra demain, avec son homologue du CEMAES, Clemente González, lors du forum économique qui donnera le coup d'envoi de la RAN, aux côtés des ministres de l'Industrie des deux pays, Ryad Mezur et Reyes Maroto, et de la ministre marocaine de l'Économie, Nadia Fettah Alaui. Elle sera clôturée par les chefs de gouvernement des deux pays, Aziz Ajanuch et Pedro Sánchez.

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