Le Congrès péruvien rejette la destitution du président Castillo
Le président péruvien Pedro Castillo a réussi à éviter la motion de vacance de poste demandée à son encontre, fondée sur une prétendue "incapacité morale" du président à exercer ses fonctions. Le Congrès péruvien a rejeté la motion lundi avec 55 voix pour, 54 contre et 19 abstentions, ce qui est loin de la majorité requise.
Le débat a duré plus de dix heures, au cours desquelles les protagonistes ont échangé des interventions. Castillo a commencé par souligner l'absence de faits "qui méritent" la motion demandée par l'opposition, et a assuré que sa présence devant le Congrès avait pour seul but de "montrer le plus grand respect pour l'État constitutionnel et ses outils de contrôle" et que sa mission en tant que gouverneur est de "servir le pays".
La motion comprenait 20 points d'accusation, notamment des allégations de corruption, de nominations irrégulières à des ministères et à des postes publics de haut niveau, et une allégation de manque de capacité à occuper la fonction de président du gouvernement péruvien.
Les précurseurs de la motion, tels que Jorge Montoya du parti d'extrême droite Renovación Popular, ont rapidement supposé qu'il était peu probable que la motion de vacance atteigne les 87 voix nécessaires pour devenir effective. Ce manque de soutien était évident après le vote, après lequel Montoya a réaffirmé la position de son parti de "continuer à travailler comme toujours, en regardant vers l'avenir" et a assuré que la motion avait été "un signal d'alarme" pour le gouvernement.
D'autre part, Waldemar Cerrón, porte-parole du parti le Pérou Libre, a souligné la décision du congrès qui "aujourd'hui a dit non à la vacance, parce que la démocratie doit être défendue" et a fait remarquer que "la gouvernabilité de notre pays est garantie".
L'événement de cette semaine est le deuxième de ce type au Pérou en seulement huit mois de gouvernement, depuis que Pedro Castillo a remporté les élections de juillet 2021 contre la droite Keiko Fujimori. En décembre dernier, le Congrès a rejeté une mesure similaire.
Si la motion avait été adoptée, Castillo aurait rejoint la liste des prédécesseurs qui ont été écartés du gouvernement, avec Martín Vizcarra, évincé par le Congrès en novembre 2020, et l'homme de droite Pedro Pablo Kuczynski, qui a démissionné en mars 2018 après avoir appris qu'il serait mis en accusation. Cette situation pourrait plonger le Pérou dans une nouvelle crise politique dont il ne parvient pas à se relever depuis 2016, année où le congrès a également été dissous.
Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra