L'escalade de la violence a déjà fait des centaines de morts, dont trois travailleurs humanitaires, selon les Nations unies

Le Conseil de sécurité convoque une réunion pour discuter de la situation au Darfour

REUTERS/ADAM ROJAL - Des civils soudanais protestent contre le départ de l'opération hybride des Nations unies au Darfour (MINUAD)

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit aujourd'hui pour discuter de la situation au Darfour (Soudan) après plusieurs jours d'affrontements meurtriers entre les groupes ethniques qui habitent la région, l'une des plus pauvres du pays avec environ cinq millions de personnes qui ont reçu une aide humanitaire entre janvier et septembre 2020.

La réunion, qui se tiendra à huis clos, a été demandée par trois membres non permanents du Conseil de sécurité, la Norvège, l'Irlande et l'Estonie, ainsi que par trois membres permanents, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

Dans cette région, située dans l'ouest du pays au cœur du Sahel soudanais, des personnes de différentes ethnies vivent ensemble, la seule chose qu'elles ont en commun est qu'elles professent l'Islam comme religion.

Le 31 décembre, la MINUAD (Opération hybride Union africaine-Nations unies au Darfour) a mis fin à la mission de maintien de la paix établie en 2008 en raison de la guerre civile qui a dévasté la région, faisant plus de 300 000 morts entre 2003 et 2008, après que des groupes armés se soient soulevés contre le gouvernement pour protester contre la pauvreté et la marginalisation dont ils souffraient.  

Atalayar_Miembros de la misión de mantenimiento de la paz de las Naciones Unidas y la Unión Africana (UNAMID)

La fin de la mission a été progressive, réduisant les effectifs depuis 2017 de 16 000 personnes sur le terrain à l'époque à 6 000, dont 4 000 militaires, en place à la fin du mois de décembre de l'année dernière, et n'achèvera pas le départ de toutes les troupes avant le mois de juin de cette année.

Jeremiah Mamabolo, chef de la MINUAD, a déclaré à l'agence de presse EFE que la mission avait réussi à mener à bien sa mission malgré les obstacles de l'ancien président Al-Bashir. "Nous avons gagné la confiance de la population du Darfour, en particulier dans les camps de personnes déplacées, en leur apportant la sécurité et l'aide humanitaire", a déclaré M. Mamabolo, en faisant remarquer que sur les 2,5 millions de personnes qui vivaient autrefois dans les camps, il y en a maintenant 1,8 million.

L'envoyé de l'ONU a rappelé que malgré l'accord de paix signé en octobre, "le Mouvement de libération du Soudan dirigé par Abdel Wahid Nur est toujours actif dans l'État du Darfour central et des conflits tribaux sanglants se poursuivent dans plusieurs États" qui composent la région.

L'accord de paix prévoit la formation d'une force conjointe entre l'armée soudanaise et les groupes rebelles pour protéger les civils au Darfour. Cependant, ces derniers s'opposent à la fin de la MINUAD car ils considèrent que l'Etat soudanais n'est pas prêt à garantir la sécurité de ses habitants.

La décision a été prise par le Conseil de sécurité le 23 décembre à la demande du gouvernement soudanais suite à la signature d'un accord de paix entre celui-ci et les principaux mouvements rebelles du pays. 

Atalayar_Sudán Mapa

Les Nations unies ont décidé en juin de créer une nouvelle mission, l'UNITAMS, qui couvrira l'ensemble du Soudan pour accompagner la transition démocratique après le renversement du dictateur Omar al-Bachir en avril 2019. Les craintes d'un vide sécuritaire en attendant que la nouvelle force soit opérationnelle se sont concrétisées.

Le nombre de morts continue d'augmenter 

Les habitants des 155 camps de déplacés qui restent dans la région et ceux des 20 camps établis dans les pays voisins du Tchad et de la République centrafricaine se sentent vraiment en insécurité, comme l'a assuré à EFE le porte-parole de la Coordination générale des personnes déplacées et des réfugiés, Adam Riyal.

Selon M. Riyal, la mission de paix a pu documenter les violations des droits de l'homme malgré sa faible capacité d'action et a averti que des meurtres, des viols et des pillages continuent d'avoir lieu au Darfour et que les forces conjointes du gouvernement et des groupes armés seront incapables de faire face aux situations de violence armée, telles que les différends sur le contrôle de l'eau entre les agriculteurs tribaux africains et les bergers arabes, qui conduisent souvent à des affrontements meurtriers. Pour cette raison, ils ont appelé à la poursuite de la MINUAD ainsi que des groupes armés qui ont conclu un pacte avec le gouvernement.

"La décision du Conseil de sécurité concernant les forces de maintien de la paix est frustrante, car il a été possible de maintenir la mission conjointe jusqu'au début de l'activité de l'UNITAMS, qui devrait être achevée d'ici la fin 2021", a déclaré Mutassim Saleh, porte-parole du Mouvement pour la justice et l'égalité, l'un des principaux mouvements au Darfour.

Un point de vue que ne partage pas le gouverneur de l'Etat du Sud Darfour, Musa Mahdi, qui a récemment assuré qu'il était temps pour le départ de la MINUAD. Cependant, c'est précisément dans le sud du Darfour que les affrontements les plus sanglants ont eu lieu, avec environ 200 personnes tuées dans les combats entre les membres des tribus L falta et rizeigat.

Atalayar_Geneina Darfur

Au Darfour occidental, 139 personnes auraient été tuées et 200 blessées dans les combats qui ont éclaté vendredi dernier à Geneina, la capitale régionale, après la mort d'un membre de la communauté nomade arabe dans un combat avec un membre de la communauté Mesalit.

Au total, depuis que les Nations unies ont annoncé la fin de la mission de maintien de la paix, plus de 300 décès ont déjà été enregistrés, ce qui a déclenché l'alarme de l'organisation internationale et du gouvernement soudanais, qui a promis d'accroître ses efforts pour assurer la stabilité dans la région.

En ce sens, il a révélé qu'ils déploieront la force combinée de l'armée soudanaise et des groupes rebelles qui ont signé le pacte susmentionné, bien que l'activation tardive de cette clause de l'accord ainsi que le début du retrait de la MINUAD soient à l'origine du vide sécuritaire dont profitent plusieurs groupes armés.

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