Alors que la guerre du gaz fait rage en Europe, le scénario d’une coupure complète du gaz russe pour l’hiver semble devenir, chaque jour, de plus en plus plausible ce qui pousse l’Union européenne à retracer de nouvelles sources d’approvisionnement

La financiación del gasoducto Nigeria-Marruecos, en el centro de las preocupaciones de la UE

PHOTO/FILE - Le gazoduc, promu par l'Office National des Hydrocarbures et des Mines du Maroc (ONHYM) et la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), reliera les deux pays et sera long de plus de 7000 kilomètres

L’évocation de ce projet de gazoduc censé relier le Nigeria au Maroc jusqu’à l’Espagne, destiné à transporter du gaz le long de la côte atlantique, avait déjà été annoncé en 2016 lors de la signature d’un accord entre le Roi du Royaume du Maroc, Mohammed VI, ainsi que Muhammadu Buhari, président nigérian. Ce gazoduc se voulait s’inscrire comme une extension du West African Gas Pipeline, un gazoduc acheminant le gaz du sud du Nigeria vers le Bénin, le Ghana et le Togo, en service depuis le début des années 2010. 

Ce nouveau projet de gazoduc, bien reçu au sein de la région, est perçu comme un modèle de coopération sud-sud avec l’engagement d’une douzaine de pays pour connecter ce gazoduc au marché européen. Effectivement, ce gazoduc traverserait le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Libéria, le Sierra Leone, la Guinée Conakry, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal, la Mauritanie, la côte du Sahara occidental et, enfin, le Maroc. Si les discussions avaient été suspendues en 2020, le projet est revenu au centre des discussions depuis la fin-2021 avec les entreprises internationales ou encore les gouvernements africains qui invoquent la concrétisation du projet. Le 01er juin dernier, un nouveau pas a été franchi à la suite du feu vert de la part du ministre du Pétrole du Nigeria, Abuja. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a d’ailleurs annoncé une participation financière à hauteur de 14,3 millions de dollars. 

Sur le plan géostratégique, l’acheminement du gaz nigérian vers l’Afrique du Nord a alimenté, par le passé, de nombreux intérêts comme le souhait, en 2002, par l’Algérie d’initier un projet similaire de pipeline traversant le Niger, l’Algérie puis approvisionnant l’Europe, cependant le projet a été mis en échec eu égard aux problèmes de sécurité dans la région du Sahel. Un expert de la région affirme que le gazoduc Nigeria-Maroc était plus viable et pertinent sur le long terme car il prend en considération les défis géopolitiques, rappelant que « le nouveau pipeline est en cours de construction sur la côte ouest pour éviter le conflit au sujet du Niger (nord du Nigeria) ». Plus encore, les enjeux sont également conséquents pour les pays africains qui seront traversés par le gazoduc puisqu’il permettra de palier des coupures régulières de courant, en plus de pouvoir produire plus d’électricité à travers des centrales thermiques alimentées en gaz naturel. Ce projet constitue d’autant plus un élément essentiel pour les pays africains puisqu’il revêt un enjeu économique selon lequel ces pays gagneraient en productivité avec des industries qui fonctionneraient.

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Aujourd’hui, la reconfiguration du marché mondial de l’énergie conduit l’Union européenne à diversifier ses approvisionnements et fournisseurs énergétiques et braque les projecteurs sur le Nigeria puisqu’il est le premier pays en Afrique en termes de réserve de gaz et le septième à l’échelle internationale. Bruxelles voit dans les sites nigérians l’opportunité de s’approvisionner en gaz via le gazoduc reliant l’Espagne et le Maroc. Face au contexte de crise gazière que connaît aujourd’hui l’Europe, le président nigérian Buhari invite l’UE mais aussi le Royaume-Uni à investir massivement au sein de ce gazoduc Nigeria-Maroc qui aiderait à résoudre la situation de crise énergétique européenne rappelant que « nous avons besoin d'un partenariat à long terme et non d'incohérences et de contradictions dans la politique énergétique verte du Royaume-Uni et de l'UE. Pour changer, le Royaume-Uni et les pays de l'UE devraient investir dans notre projet de gazoduc pour acheminer le gaz nigérian – les plus grandes réserves d'Afrique – via le Maroc, jusqu'en Europe ».

La semaine dernière, la Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des minéraux du Royaume du Maroc, Amina Benkhadra, a annoncé être en pourparlers avec l’Europe concernant ce gazoduc et Bruxelles a confirmé cela en rappelant que « nous explorons des options pour augmenter les importations de GNL en provenance du Nigeria. Ce pays est déjà le quatrième exportateur vers l’UE, mais il a le potentiel de contribuer encore plus ». Les relations apaisées entre l’UE et le Nigeria favorisent les négociations et Bruxelles perçoit le Nigeria comme un partenaire fiable et un véritable allié. Néanmoins, les discussions s’accordent pour dire que le Nigeria, et plus généralement l’Afrique, peut jouer ce rôle de fournisseur énergétique à l’UE à condition qu’il y ait un développement encore plus important des infrastructures nécessaires. 

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Ainsi, plus qu’un projet industriel, ce gazoduc revêt une dimension diplomatique puisqu’il s’inscrit dans la diplomatie ouest-africaine dans la mesure où le gazoduc impliquerait une large partie des membres de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ainsi que dans la diplomatie marocaine qui souhaite affirmer son leadership en démontrant l’application d’une politique, certes, africaine mais également orientée vers le continent européen. 

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