Le Hamas annonce une réconciliation avec la Syrie lors de sa première visite en dix ans

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé aujourd'hui une réconciliation avec la Syrie lors de sa première visite dans ce pays arabe depuis qu'il a rompu ses relations avec le président syrien Bachar el-Assad il y a dix ans, dans le sillage des soulèvements populaires lancés en 2011 contre Damas. 

"Aujourd'hui, nous avons rencontré le président Bachar al-Assad, une rencontre que nous considérons comme historique et un nouveau départ du travail conjoint palestino-syrien face à l'accueil réservé par la Syrie au peuple palestinien", a déclaré le responsable du Hamas pour les relations arabes, Jalil al-Hayya, lors d'une conférence de presse dans la capitale syrienne. 

Al-Hayya s'est présenté devant les médias avec les dirigeants d'autres factions palestiniennes après la rencontre avec al-Assad, qui, au cours de la conversation, a fait part de la "ferme détermination" de son pays à soutenir "la résistance palestinienne" et a exprimé son désir de "tourner toutes les pages du passé".

Le haut responsable du mouvement islamiste, qui est également membre de son bureau politique, a qualifié la réunion de "chaleureuse" et a noté que parmi les groupes palestiniens qui y participaient figurait le Jihad islamique. 

"Le président nous a reçus avec un cœur ouvert, un cœur chaleureux et une attitude transcendante, à travers laquelle il a exprimé l'amour de la Syrie pour la Palestine et le peuple palestinien (...) et sa détermination à ce que la rencontre d'aujourd'hui ouvre une nouvelle page", a-t-il déclaré. 

De son côté, la présidence syrienne a confirmé dans un communiqué que Al-Assad leur a expliqué comment le "soutien" de son pays à la résistance palestinienne reste inchangé "de quelque manière que ce soit", malgré le conflit armé qu'il subit depuis plus d'une décennie sur son territoire. 

"La Syrie, connue de tous avant et après la guerre, ne changera pas et continuera à soutenir la résistance", a assuré Al-Assad à la délégation, considérant ce mouvement comme une "base pour le rétablissement des droits" et non comme un "point de vue".

Selon la note de l'instance présidentielle, les factions palestiniennes ont manifesté leur soutien au président syrien face aux "agressions internationales" qu'il subit et aux effets du "projet américano-sioniste", en référence à la présence de Washington dans les zones du pays échappant au contrôle de Damas. 

Israël effectue aussi fréquemment des tirs de missiles sur le territoire syrien, où il considère la présence de milices iraniennes et libanaises alliées au gouvernement syrien comme une menace pour sa sécurité. 

Les relations entre le Hamas et el-Assad ont été mises à mal il y a dix ans, lorsque le mouvement islamiste palestinien a publiquement soutenu le soulèvement populaire lancé en 2011 contre le gouvernement du président syrien et a abandonné son quartier général à Damas en 2012, une décision qui a rendu furieux leur allié commun, l'Iran.

Les liens du Hamas - qui dirige de facto Gaza depuis 2007 - avec l'Iran ont ensuite été rétablis et la République islamique a contribué à la construction de l'arsenal de roquettes à longue portée du groupe, considéré comme terroriste par Israël. 

Israël a rétabli ses relations avec la Turquie et entretient des contacts secrets avec le Qatar, deux pays qui sont des alliés clés du Hamas à l'étranger. Les analystes attribuent ce changement de politique au besoin du groupe d'élargir ses alliances internationales vis-à-vis de l'État juif. 

En réponse à une question, al-Hajjah a déclaré qu'aucun pays n'avait jusqu'à présent communiqué son opposition à la réconciliation entre le Hamas et Damas, y compris le Qatar et la Turquie, qui soutient l'opposition syrienne.