Rabat a accusé Téhéran de fournir des drones au Polisario, ce qui, selon le représentant marocain à l'ONU, "déstabilisera la région"

Marruecos advierte sobre la influencia de Irán y Hezbolá en el Magreb a través del Polisario

photo_camera PHOTO/FILE - Membre du Front Polisario dans les camps de Tindouf (Algérie)

L'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale, a mis en garde contre les menaces que font peser sur l'Afrique et le Maghreb les liens entre l'Iran, le Hezbollah et le Front Polisario. Répondant à une question sur l'acquisition éventuelle de drones iraniens par le Polisario, Hilale a déclaré au siège de l'ONU à New York que si ces informations sont confirmées, cela prouvera que Rabat a raison "depuis des années" d'avertir que l'Iran et le Hezbollah s'infiltrent à Tindouf et en Afrique du Nord.

Début octobre, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a directement accusé l'Iran d'armer le Front Polisario, déstabilisant ainsi "l'Afrique du Nord et de l'Ouest". Les déclarations de Bourita sont intervenues peu après que le ministre de l'Intérieur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) proclamée, Omar Mansour, ait assuré que le Polisario utiliserait prochainement des drones dans une nouvelle offensive contre les forces marocaines.  

Pour le représentant du Maroc auprès de l'ONU, ces déclarations sont "graves". "Ils déstabilisent notre région après avoir fait de même au Yémen, en Irak et en Syrie", a déclaré Hilale. Le diplomate a souligné qu'il ne s'agit pas seulement d'une menace pour le Maroc, "mais pour l'ensemble de la région". Par conséquent, cette situation - si elle est avérée - provoquerait "un changement de donne" et une réaction de Rabat. "Ils savent que lorsque le Maroc décide de réagir, il le fait de manière appropriée", a souligné Hilale, selon Rue20.

Le diplomate a également souligné que l'achat de drones iraniens par le Polisario révélerait un "problème moral". Alors que le groupe séparatiste se vante d'avoir reçu des drones iraniens, les résidents des camps de Tindouf risquent de mourir de faim, prévient l'ONU. Hilale a expliqué que le modèle le moins cher d'un drone iranien coûtait entre 20 000 et 22 000 dollars, ce qui équivaut à des rations alimentaires pour 300 personnes pendant un an, à des soins de santé pour 500 personnes et à la scolarisation annuelle de 120 enfants à Tindouf, ajoute le média marocain.  

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L'Iran, pour sa part, a nié avoir envoyé des drones au Polisario. Peu après les déclarations de Bourita, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a rejeté ces accusations comme étant "sans fondement". Kanani a souligné qu'au lieu de répéter ces "accusations infondées", Rabat devrait répondre aux "insécurités qui menacent la région en raison de la normalisation de ses relations avec Israël". Le Maroc, comme d'autres pays arabes tels que les Émirats arabes unis et le Bahreïn, a choisi de normaliser ses liens avec Jérusalem en augmentant la coopération bilatérale dans divers domaines.

Le porte-parole du ministère iranien a déclaré que le Maroc devrait s'efforcer de résoudre "les problèmes et les souffrances du peuple yéménite opprimé au lieu d'obéir à Israël pour imposer ses intérêts dans la région". Il a appelé Rabat à œuvrer "pour l'indépendance du peuple sahraoui conformément au droit international".

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Pendant des années, l'Iran a apporté un soutien diplomatique et militaire au Polisario, un aspect qui a considérablement détérioré les relations entre Rabat et Téhéran. Le Maroc a décidé de rompre ses liens avec l'Iran en 2018 après l'avoir accusé d'armer, de financer et d'entraîner le groupe armé par le biais du Hezbollah. Les relations entre les deux pays ont été précédemment suspendues entre 2009 et 2014. Pourtant, Rabat continue de dénoncer l'influence de Téhéran dans la région, notamment par le biais de l'ambassade iranienne à Alger et à Tunis.

La présence de drones iraniens au Sahara créerait non seulement une controverse au niveau régional, mais provoquerait également une réaction des États-Unis et de l'UE, comme cela s'est produit dans le cas de l'Ukraine, où les troupes russes utilisent des drones de fabrication iranienne. En fait, Bruxelles s'est déjà exprimée sur cette menace. L'eurodéputé du Parti populaire européen (PPE) Antonio López Istúriz White a récemment demandé au Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, quelles "informations concrètes" la Commission européenne possède sur les drones iraniens fournis au Front Polisario. 

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López Istúriz White a également demandé quelles mesures l'UE prendra pour éviter l'utilisation de ces drones et prévenir l'escalade des conflits dans la région, ainsi que pour empêcher l'infiltration de l'Iran au Sahara et au Sahel.

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