Le Maroc renforce ses solides liens de coopération avec la France, y compris dans le domaine spatial
Depuis des décennies, le Maroc et la France ont maintenu et renouvelé leurs étroites relations politiques, économiques, industrielles et militaires, qui s'étendent même au domaine de l'espace.
Mohammed VI dispose de deux satellites espions électro-optiques de fabrication française en orbite. Tous deux se consacrent principalement à la surveillance des frontières, au contrôle des mouvements du Front Polisario et à la surveillance du réarmement de l'Algérie. Rabat souhaite désormais élargir ses capacités et se lancer dans la fabrication de satellites, augmenter le niveau de formation et le nombre d'analystes en interprétation d'images, et promouvoir son développement agricole, domaines dans lesquels elle bénéficie de la pleine coopération de l'Elysée.
La personne qui a finalisé les clauses des relations bilatérales actualisées est le nouveau président-directeur général du Centre National d'Etudes Spatiales (CNES), le nom officiel de l'agence spatiale française. En poste depuis seulement trois mois, Philippe Baptiste vient de signer dans la capitale alaouite un ensemble d'accords de coopération spatiale, prolongeant et renforçant les activités communes conclues en 2015.
Les pactes signés en fin de semaine dernière renforcent les liens que le CNES entretient avec les deux organismes qui assurent la gouvernance du secteur spatial marocain. Le plus important d'entre eux est le Centre royal de télédétection spatiale (CRTS), qui est chargé d'établir des lignes directrices pour l'administration du Royaume et les organisations publiques civiles afin d'utiliser efficacement l'imagerie satellitaire.
Sous la direction de Driss El Hadani, le CRTS représente le Maroc au sein de la communauté spatiale internationale. La deuxième institution est le Centre royal de recherche et d'études spatiales (CRERS), qui s'occupe des aspects technologiques et scientifiques sous la direction du professeur Zakaria Moudden.
Les deux institutions sont sous le portefeuille de l'administration de la défense nationale, qui est sous la supervision du ministre Abdelatif Loudy depuis décembre 2010. Homme politique de la plus grande confiance de Mohamed VI, par délégation du monarque, il est chargé des fonctions de ministre de la défense, poste qu'il occupe depuis la dernière période du gouvernement du parti de l'Istiqlal dirigé par Abbas El Fassi. Il a continué à occuper ce poste sous Abdelilah Benkirane (2011-2017) et continue à l'occuper dans le gouvernement de Saad Eddine El Othmani, qui, comme son prédécesseur, est membre du Parti de la justice et du développement.
Les autorités de Rabat et de Paris ont mis l'accent sur le pacte tripartite entre le CNES français et le CRTS-CRERS sur les questions de changement climatique. L'accord prévoit l'adhésion du Maroc à l'Observatoire spatial du climat ou OCS. Initiative créée en 2017 par le président Emmanuel Macron lui-même à la suite des accords du sommet de Paris sur le climat de décembre 2015, elle vise à limiter les émissions de gaz à effet de serre pour contenir la hausse de la température mondiale.
Ils ont également mis l'accent sur les améliorations à apporter à l'agriculture. Les deux plateformes d'observation marocaines "couvrent 100 000 kilomètres carrés chaque année", selon Omar Zniber, représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies à Genève. Leurs données et images permettent de produire "quelque 370 cartes", qui facilitent la lutte contre la désertification, la planification des grandes infrastructures et la gestion des ressources en eau, comme dans le cas du projet d'irrigation IRRISAT, souligne le diplomate.
Cependant, les accords franco-marocains dépassent le cadre environnemental et sont étroitement liés à la sécurité et à la défense. Les deux plates-formes d'espionnage - nommées Mohammed VI-A et VI-B - ont été mises en orbite à la fin de 2017 et 2018. Pour leur successeur, Rabat espère avoir réussi à dynamiser son secteur aérospatial et être en mesure de fournir des composants et des équipements lorsque les satellites actuellement en service devront être remplacés.
Afin de stimuler la formation d'ingénieurs et de techniciens de l'espace et de développer les capacités de fabrication nationales, le Premier ministre alaouite, Saad Eddine El Othmani, a lancé un programme visant à construire des nanosatellites. On ne sait pas grand-chose d'autre, mais on sait que les principales universités polytechniques du pays participent à des programmes visant à former des enseignants et des ingénieurs dans tous les domaines pour développer la fabrication de petits appareils.
Les deux satellites d'observation Mohammed VI dépassent largement les capacités du Maroc, car ils sont basés sur les plateformes françaises Pléiades de haute technologie. Avec leur forme extérieure hexagonale et leur poids de lancement de 1 100 kg, leur achat pour quelque 500 millions d'euros a été convenu dans la plus grande discrétion par le Premier ministre de l'époque, Abdelilah Benkirane, et le président français, François Hollande.
Outre l'acquisition et le lancement des deux engins spatiaux, l'accord entre les gouvernements de Paris et de Rabat prévoit le développement d'une paire de centres de surveillance et de contrôle des satellites et la formation de techniciens marocains pour l'analyse des images reçues au sol. Le maître d'œuvre du projet était Thales Alenia Space France, qui a fourni les capteurs optiques et le matériel associé, tandis qu'Airbus Space Systems France a fourni les structures des deux engins spatiaux et les autres équipements embarqués.