Les dirigeants européens se réuniront les 11 et 12 décembre pour discuter des sanctions contre la Turquie  

Le navire turc Oruç Reis rentre au port avant le sommet européen  

photo_camera REUTERS/YORUK ISIK: - Le navire turc Oruc Reis sur le Bosphore à Istanbul 

La Turquie a annoncé lundi le retour au port d'un de ses navires d'exploration, dont le déploiement dans une zone potentiellement riche en pétrole de la Méditerranée orientale a accru les tensions avec la Grèce et l'Europe.  

La Turquie et la Grèce, membres de l'OTAN, revendiquent le droit d'explorer les eaux de la Méditerranée orientale à la recherche de pétrole. Des tensions ont éclaté en août lorsqu'Ankara a affrété l'Oruç Reis pour réaliser un plan de prospection dans la région. "Notre navire sismique Oruç Reis a terminé ses recherches lancées le 10 août", a annoncé le ministère turc de l'énergie sur Twitter.   

Le navire, selon les autorités turques, a collecté des données sur une zone de "10 955 km2" en mer Méditerranée, avant de retourner au port d'Antalya, dans le sud de la Turquie. Cette annonce précède le Conseil européen prévu les 11 et 12 décembre qui discutera de l'introduction de nouvelles sanctions contre Ankara pour ses activités d'exploration controversées en Méditerranée.  

REUTERS/FRANCOIS LENOIR : Président de la Turquie Tayyip Erdogan 

En octobre, avant un autre sommet européen, la Turquie a retiré le navire des eaux revendiquées par la Grèce, mais après la réunion, qu'Ankara a jugée insatisfaisante, elle l'a renvoyé pour poursuivre l'opération. Au début de ce mois, le gouvernement turc a déclaré que le navire travaillerait dans la région jusqu'au 29 novembre. 

Les données de suivi du navire ont confirmé que l'Oruç Reis est rentré au port d'Antalya lundi matin. Ils ont également montré que le navire de forage Yavuz se trouve dans les eaux au large de la côte sud de la Turquie, tandis que le navire d'étude sismique Barbaros Hayreddin Pasa est toujours en mer au large de la partie sud de Chypre, selon Reuters.  

La découverte, ces dernières années, de grands gisements de gaz en Méditerranée orientale a déclenché une course à l'"or bleu" et ravivé d'anciens conflits territoriaux. Dans ce contexte, la Turquie a mis en colère la Grèce et Chypre en menant des missions d'exploration dans les eaux revendiquées par Athènes et Nicosie. Les tensions entre Athènes et Ankara se sont aggravées avec le déploiement en août de l'Oruç Reis de Turquie, escorté par des navires de guerre, pour effectuer des explorations au large de l'île grecque de Kastellorizo, à deux kilomètres des côtes turques.  

L'Oruç Reis était déjà rentré au port en septembre, ce qui a été interprété à l'époque par la Grèce et l'Union européenne comme un signe d'apaisement. Mais Ankara avait exclu tout retrait et renvoyé son navire d'exploration dans la zone le 12 octobre, ce que la Grèce a dénoncé comme une "menace directe à la paix", selon l'agence AFP.   

REUTERS/OLIVIER MATTHYS : Le Haut Représentant et Vice-président de la Commission européenne Josep Borrell 

Les tensions entre les deux pays s'étaient quelque peu apaisées après le tremblement de terre qui a frappé les deux pays fin octobre. Mais l'extension de la mission d'Oruç Reis a provoqué de fortes réactions de la Grèce, qui demande une action de l'UE contre la Turquie. 

Le Haut représentant de l'UE Josep Borrell a tweeté un message à Ankara pour une désescalade immédiate de la situation en Méditerranée orientale et la reprise du dialogue avec Athènes, faisant écho aux décisions du Conseil des ministres des affaires étrangères qui s'est terminé plus tôt.  

"Nous avons achevé un Conseil des ministres des affaires étrangères bon et constructif. Méditerranée orientale : solidarité totale avec la Grèce et Chypre ; nous demandons à la Turquie de ralentir immédiatement et de reprendre le dialogue".  

Il y a quelques semaines, le Parlement européen a demandé que des sanctions soient imposées à Ankara pour la visite du président Recep Tayyip Erdogan dans le nord de Chypre et pour les opérations turques en Méditerranée orientale, qu'il a qualifiées d'illégales. La Turquie a rejeté catégoriquement cette position.  

Les dirigeants européens se réuniront les 11 et 12 décembre pour discuter des sanctions, la France étant le chef de file du bloc. Les diplomates affirment que les mesures contre Ankara seront liées à l'activité économique dérivée de l'exploration des hydrocarbures. 

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