L'alliance entre le Mouvement patriotique libre chrétien et la milice chiite du Hezbollah fait obstacle à la nomination d'un successeur au retraité Michel Aoun

Le Parlement libanais bloque la nomination d'un nouveau président pour la cinquième fois

photo_camera AFP/ANWAR AMRO - Président du parlement libanais, Nabih Berri

Le Parlement libanais, divisé, a tenu une cinquième session jeudi matin pour élire un nouveau président après le départ à la retraite de Michel Aoun, dont le mandat a officiellement expiré le 31 octobre. La résidence officielle du chef de l'État est restée vide depuis lors et il est peu probable qu'elle trouve un nouveau locataire de sitôt. 

Le Premier ministre milliardaire, Nayib Mikati, assure l'intérim jusqu'à la nomination d'un successeur, qui doit être un chrétien maronite, conformément à la répartition tacite du pouvoir entre les différentes confessions religieuses au Liban. 

Mais pour la énième fois, il n'y avait aucun moyen de choisir un président. Plusieurs députés du Courant patriotique libre, le propre parti de Aoun, et du parti de la milice chiite Hezbollah, ont décidé de quitter la session après un premier tour de scrutin. 

Cette situation, récurrente au Parlement, invalide l'élection de tout candidat. Un quorum de 86 membres sur 128 est requis, qui n'a pas été atteint malgré les assurances du président du Parlement Nabih Berri.  

Michel Moawad, le fils de l'éphémère ancien président libanais assassiné en 1989, René Moawad, a été le candidat le plus voté avec 44 bulletins, soit cinq de plus que lors de la quatrième session pour élire un président. Cependant, une fois le quorum perdu, le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, a annulé la session et annoncé qu'une sixième session se tiendrait le 17 novembre.

Michel Moawad

Un grand nombre de députés ont accusé Berri d'entraver le processus électoral et de violer le mandat constitutionnel. 

Le député des Forces libanaises Georges Adwan, qui rivalise avec le Courant patriotique libre chrétien, a été encouragé par le nombre de partisans que Moawad a gagné. Selon Adwan, le candidat indépendant du district de Zgharta pourrait avoir recueilli cinq nouveaux votes de députés absents pour des raisons personnelles. Pour le membre des FL, Moawad est "un candidat sérieux". Ce n'est pas le cas d'Alain Aoun, membre du MPL, qui estime que l'impasse persistera si "les partis ne changent pas de candidats". 

Le scénario du cinquième tour de scrutin est à nouveau le même que lors des quatre sessions précédentes, mais le réformateur Moawad, adversaire politique du Hezbollah, reste le mieux placé pour succéder à Aoun. Il est peu probable qu'il abandonne la course. "D'une session à l'autre, il est clair que le nombre de personnes votant pour moi augmente, alors que toutes les autres propositions diminuent". 

Le Liban est au cœur d'une crise économique sans précédent qui, selon la Banque mondiale, est la plus grave depuis des siècles. La pénurie de ressources publiques est aggravée par une crise indéfinie du gouvernement qui a paralysé les institutions.

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