Kaïs Saied aggrave la crise gouvernementale en affirmant que le changement est inconstitutionnel 

Le président tunisien empêche 11 nouveaux ministres d'entrer en fonction  

PHOTO/AFP  - Le président tunisien Kais Saied 

"Assez, assez... J'ai assez travaillé dans l'ombre. Aujourd'hui, j'agirai pour protéger l'État et les intérêts des Tunisiens. J'ai les moyens légaux de le faire. À ceux qui veulent l'ignorer, je dis qu'il y a la justice, Dieu et l'histoire". Par ces mots, le président tunisien Kaïs Saied a exprimé son opposition au remaniement du gouvernement imposé par le Premier ministre Hichem Mechichi.   

Saied a même refusé d'organiser la cérémonie de prestation de serment des nouveaux fonctionnaires. "Il ne s'agit pas d'un simple remaniement, mais d'un changement structurel. Je n'ai pas été prévenu et n'ai reçu qu'une simple correspondance du chef du gouvernement. Toutefois, une telle démarche nécessite une consultation préalable, ce qui n'a pas eu lieu", a déclaré le président.  

Saied a également critiqué l'absence de femmes à la tête des portefeuilles ministériels, ainsi que le possible conflit d'intérêts qui pourrait exister parmi les nouveaux élus. Le président a désigné les partis politiques comme les principaux responsables de la crise gouvernementale : "Ils ne cherchent que leurs propres intérêts et ne se concentrent pas sur les demandes du peuple tunisien".   

El primer ministro tunecino, Hichem Mechichi AFP/ FETHI BELAID 

Cependant, des alternatives ont déjà émergé au sein du Parlement au cas où Saied maintiendrait sa position. Certains députés ont lancé la formule d'une motion de censure contre le président, comme le prévoit l'article 88 de la Constitution.   

Ce point stipule que "les membres de l'Assemblée des représentants du peuple peuvent, par un vote majoritaire, présenter une motion motivée visant à mettre fin au mandat du Président de la République pour une violation grave de la Constitution".   

La motion doit être approuvée par les deux tiers de l'Assemblée. S'il est approuvé par le Parlement, le processus passera entre les mains de la Cour constitutionnelle, qui décide également à la majorité des deux tiers. Toutefois, en cas d'approbation, la Cour constitutionnelle elle-même ne peut que prononcer le non-lieu sans préjudice de la Saied.   

Cette hypothétique décision "prive le président de la République du droit de se porter candidat à toute autre élection". Cependant, les experts constitutionnels sont unanimes sur la question : le président a le pouvoir constitutionnel d'opposer son veto aux nouveaux ministres, il ne viole donc pas les préceptes de la Constitution.  

Ce refus intervient trois semaines après l'annonce par le Premier ministre Hichem Mechichi d'un remaniement au sein de l'exécutif. Mechichi a promis aux Tunisiens que le nouveau cabinet s'attaquerait aux réformes nécessaires pour promouvoir la création d'emplois et améliorer les conditions dans le pays pour apaiser les protestations.   

L'exécutif a annoncé un changement à la tête de 11 ministères, dont ceux de la justice et de la santé. Cependant, la substitution la plus pertinente est celle qui se fait au sein du ministère de l'intérieur. Le Premier ministre lui-même, Mechichi, a l'intention de reprendre ce portefeuille également.   

"C'est la première fois en Tunisie que le chef du gouvernement assume le poste intérimaire de ministre de l'intérieur, qu'il a lui-même démis de ses fonctions. La Présidence de la République n'est pas un bureau de poste qui reçoit du courrier ou un organisateur de serments pour aller de l'avant", a critiqué le président Saied.  

El primer ministro tunecino Hichem Mechichi, a la izquierda, habla con el presidente de la Cámara, Rached Ghannouchi  AP/HASSENE DRIDI 
Vague de protestations dans le pays  

Le gouvernement tunisien a été contraint de déployer l'armée dans plusieurs provinces du pays après des incidents dans plusieurs villes, dont la capitale. Les forces de sécurité ont déjà arrêté des centaines de manifestants.  

Les protestations ont éclaté le 15 janvier en réponse à l'imposition d'un nouveau lockdown de quatre jours pour atténuer la recrudescence des cas. Les autorités ont également imposé un autre couvre-feu. Cependant, ce qui a finalement incité les manifestations a été la publication sur Internet d'une vidéo dans laquelle on peut voir un policier agresser un civil.  

Les manifestations se poursuivent depuis plusieurs semaines, coïncidant avec le dixième anniversaire du Printemps arabe en Tunisie. Bien que ce soit le pays qui ait connu le plus de progrès, les gouvernements successifs n'ont pas réussi à améliorer la situation économique. La pandémie a encore aggravé cet ensemble de conditions, et la population reste désenchantée par l'absence de progrès et le taux de chômage élevé.  

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