Sa visite dans la ville de Benghazi a été annulée en raison du blocus imposé par les milices au chef des forces orientales du pays, Jalifa Haftar

Le Premier ministre libyen a annulé sa visite à Benghazi en raison du blocus imposé par les milices locales

photo_camera REUTERS/HAZEM AHMED - Le premier ministre de la Libye, Abdulhamid Dbeibeh

Le gouvernement libyen a annoncé dimanche soir le report d'un conseil des ministres initialement prévu lundi à Benghazi, qui devait également marquer la première visite du Premier ministre dans l'est du pays, en quête de stabilité après une décennie de chaos. "Le bureau du chef du gouvernement d'union nationale annonce le report de la réunion du Conseil des ministres prévue lundi à Benghazi", a déclaré le porte-parole du gouvernement Mohamad Hamouda dans un communiqué. "Des préparatifs sont en cours pour fixer une prochaine date", a-t-il ajouté, sans donner les raisons de ce report.

Cette annonce intervient quelques heures après que l'équipe de sécurité préparant la visite du Premier ministre Abdelhamid Dbeiba et des membres de son gouvernement a été refoulée à l'atterrissage à l'aéroport de Benghazi par les autorités locales, les obligeant à remonter à bord de l'avion et à retourner dans la capitale Tripoli, a appris l'AFP de source sécuritaire dans l'est du pays. Abdelhamid Dbeiba avait auparavant fait part de son intention de tenir des conseils des ministres dans différentes villes, dont Benghazi, deuxième ville de Libye et fief de l'homme fort de l'Est, le maréchal Khalifa Haftar.

Atalayar_Libia Dbeiba visita Bengasi

La Libye tente de sortir d'une décennie de conflit depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, marquée ces dernières années par la rivalité des pouvoirs à l'ouest et à l'est du pays et par des violences sanglantes. Un nouvel exécutif unifié, issu d'un processus initié en novembre à Tunis sous l'égide de l'ONU, a été lancé en février à Genève, avant un vote de confiance "historique" du Parlement en mars. Il est chargé d'unifier les institutions du pays jusqu'aux élections nationales de décembre. L'incident de dimanche confirme la persistance des divisions entre l'est et l'ouest, malgré l'embellie politique de ces derniers mois.

La crise en Libye a débuté en 2011, lorsqu'une série de manifestations et une intervention soutenue par l'OTAN ont mis fin au règne de 42 ans du régime de Kadhafi. Cependant, la situation s'est aggravée en 2014 lorsque le maréchal Haftar, alors chef du gouvernement parallèle établi dans la ville de Tobrouk (ouest de la Libye) et siège du Parlement, avec le soutien de la Russie et des Émirats arabes unis, a décidé de passer à l'ouest pour prendre Tripoli, la capitale du pays.

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M. Dbeiba a été choisi au début de l'année dans le cadre d'un dialogue interlibyen soutenu par l'ONU pour diriger le pays jusqu'aux élections nationales de décembre 2021. Le gouvernement de Dbeiba a remplacé deux administrations rivales basées à Tripoli et dans l'est du pays, ces dernières étant fidèles à Haftar, dont les forces ont tenté sans succès de s'emparer de la capitale lors d'une offensive en 2019-20. Les autorités rivales ont apporté leur soutien à la nouvelle administration, renforçant ainsi les espoirs timides de voir la Libye sortir d'une décennie de crise.

Les négociations en vue d'une solution à la crise politique en Libye ont débuté en octobre lorsque les parties belligérantes ont accepté un cessez-le-feu. Abdelhamid Dbeiba avait précédemment indiqué son intention de tenir des conseils des ministres dans différentes villes afin d'accroître la légitimité du gouvernement sur l'ensemble du territoire. La Libye tente de sortir de cette crise intrinsèque marquée par l'existence ces dernières années de pouvoirs rivaux, à l'ouest et à l'est du pays, et par des violences sanglantes.

Atalayar_Libia Dbeiba visita Bengasi

Parmi les défis que doit relever le nouveau gouvernement figure le retrait des mercenaires étrangers. D'autre part, elle doit assurer l'ouverture des principales routes terrestres et côtières, qui ont été obstruées pendant la guerre civile.

L'autorité reconnue par la communauté internationale, le gouvernement d'entente nationale, est située à Tripoli. Les combats entre les deux camps ont plongé la Libye dans une profonde crise économique et politique et ont transformé le pays en un territoire hostile où s'affrontent constamment les milices rivales.

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