Le Qatar profite de sa réconciliation avec l'Égypte pour étendre son influence à Gaza
Le Qatar a annoncé qu'il allait reprendre son soutien financier à la bande de Gaza après s'être mis d'accord sur la méthode de versement de l'aide avec Israël et le Hamas. Mohammed Al-Emadi, président du comité qatari pour la reconstruction de Gaza, a déclaré que l'argent parviendrait à l'enclave "dans les prochains jours". Doha a décidé d'envoyer près de 30 millions de dollars, dont un tiers ira à 100 000 familles nécessiteuses, un autre tiers servira à améliorer les installations électriques et à approvisionner la bande en carburant. Enfin, les 10 millions de dollars restants seront utilisés pour payer les salaires des fonctionnaires de Gaza. Al-Emadi a également annoncé un accord pour une réouverture plus large des postes frontaliers afin de faciliter le passage des personnes et des marchandises.
La décision du Qatar de relancer le financement des familles et des fonctionnaires à risque vise à maintenir un calme relatif à Gaza après la dernière escalade du mois de mai. Doha cherche également à accroître son influence dans l'enclave par le biais de ses relations avec Le Caire, qui se sont améliorées ces derniers mois, selon les analystes. Akram Hosam, expert en relations politiques dans la région, explique à The Arab Weekly que le Qatar utilise son rapprochement avec l'Égypte pour servir ses intérêts en "renforçant son rôle à Gaza par le biais de subventions pour infiltrer discrètement la bande".
"Le Qatar et d'autres puissances régionales ont tenté de porter atteinte au rôle de l'Égypte par le passé, mais la récente escalade de la violence, ses répercussions et la diplomatie active du Caire ont fait prendre conscience à ces pays de leurs limites." L'Égypte a joué un rôle clé dans la trêve entre le Hamas et Israël, après plusieurs jours de bombardements et d'attaques des deux côtés. La diplomatie égyptienne s'est consolidée en tant que principal médiateur entre les deux parties, rencontrant des personnalités importantes du conflit telles que le chef du Hamas Ismail Haniyeh et l'ancien ministre israélien des affaires étrangères Gabi Ashkenazi.
Cependant, les récentes tensions entre Israël et le Hamas ont conduit à certains échecs de la diplomatie égyptienne. En août, l'Égypte a fermé le point de passage de Rafah à la suite d'attaques entre Palestiniens et Israéliens, ce qui a suscité le refus du Hamas, qui a affirmé que la fermeture du point de passage aggraverait la crise humanitaire.
La défaite diplomatique de l'Égypte facilite l'expansion du Qatar dans la région. Doha entretient des relations avec le Hamas, tout en lui apportant un soutien économique. Bien qu'elle n'ait pas de liens diplomatiques officiels avec Israël, elle a coopéré à l'envoi d'aide humanitaire à Gaza. Toutefois, comme le fait remarquer Tariq Fahmy, spécialiste des affaires palestiniennes, l'Égypte ne considère pas le Qatar avec suspicion. Au contraire, elle surveille le Hamas et cherche à protéger la sécurité de ses frontières avec Gaza.
Plus tôt cette année, le Qatar et l'Égypte ont renoué des relations diplomatiques après une crise qui a débuté en 2017. L'Égypte, comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn, a rompu ses liens avec le Qatar en raison de son prétendu "soutien au terrorisme", ce que Doha a toujours nié. Les liens du Qatar avec les Frères musulmans ont également terni les relations entre Doha et Le Caire, car l'organisation est interdite en Égypte et considérée comme un groupe terroriste, comme elle l'est dans d'autres pays tels que les États-Unis. Un autre point d'affrontement entre les deux pays est la Libye, où le Qatar soutient le Gouvernement d'entente nationale et l'Égypte soutient Khalifa Haftar.