Malgré les multiples demandes des ONG, le ministre qatari du Travail refuse de mettre en place un fonds d'indemnisation et qualifie de "racistes" les détracteurs du pays du Golfe

Le Qatar refuse d'indemniser les travailleurs tués et blessés sur le chantier de la Coupe du monde de football

REUTERS/HAMAD I MOHAMMED - Vue générale de la signalisation à Doha en vue de la Coupe du monde

À un peu plus de deux semaines du coup d'envoi de la Coupe du monde, la compétition sportive continue de susciter la controverse. La situation des travailleurs - pour la plupart des immigrés asiatiques - pendant la construction des stades qataris continue d'être sous le feu des projecteurs des organisations internationales de défense des droits de l'homme.

Après qu'Amnesty International et Human Rights Watch, entre autres ONG, aient demandé à la FIFA et au Qatar un fonds de compensation de 440 millions de dollars pour les travailleurs morts et blessés, le ministre du Travail du Qatar, Ali bin Samikh Al Marri, s'est exprimé dans un entretien avec l'AFP.

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Selon Al Marri, qui était auparavant président du Comité national des droits de l'homme du Qatar, Doha paie déjà les travailleurs et ne créera pas le fonds demandé par les ONG internationales. Pour le ministre, cette demande "est un coup de publicité", tandis que les critiques concernant le traitement réservé par le pays du Golfe aux travailleurs migrants, aux femmes et aux membres de la communauté LGTBI+ sont motivées par le "racisme". Selon Al Marri, les détracteurs du Qatar "ne veulent pas permettre à un petit pays, un pays arabe, un pays islamique, d'accueillir la Coupe du monde". 

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La réalité est que 6 500 travailleurs - pour la plupart originaires d'Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka - sont morts au Qatar depuis que le pays a été choisi pour accueillir la Coupe du monde, selon une enquête du Guardian de février 2021. À cet égard, Al Marri a reconnu que "chaque mort est une tragédie", bien qu'il mette en doute les chiffres publiés par le journal britannique. "Où sont les victimes, avez-vous les noms des victimes, comment pouvez-vous obtenir ces données ?", a demandé le ministre lors de l'entretien avec l'agence de presse. 

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Amnesty International ajoute que les autorités n'ont pas " enquêté de manière adéquate sur les décès de travailleurs migrants ". Selon l'ONG, cela "signifie que le Qatar n'a pas réussi à protéger un élément central du droit à la vie". Les familles des défunts se sont également vu refuser "la possibilité de recevoir une compensation de la part de l'employeur ou des autorités". 

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Al Marri affirme que la communauté internationale et les critiques "sont bien conscients des réformes qui ont été menées, mais ils ne les reconnaissent pas parce que leur motivation est raciste". Le Qatar a fixé un salaire minimum de 1 000 rials - 275 dollars - ce qui en fait le premier pays de la région à adopter "un salaire minimum non discriminatoire", selon l'Organisation internationale du travail (OIT). La kafala a également été pratiquement démantelée dans le pays. La kafala - considérée comme une méthode d'esclavage moderne - est un système de travail qui lie les travailleurs migrants à leurs employeurs. De cette manière, les citoyens ou les entreprises privées ont un contrôle total sur le travailleur et son statut migratoire.

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Cependant, Amnesty International souligne qu'en dépit de l'engagement de Doha, "le gouvernement n'a pas mis en œuvre ni fait appliquer les réformes, ce qui a permis aux pratiques abusives de refaire surface et aux pires éléments de la kafala de renaître".

Malgré cela, Al Marri continue de déplorer qu'après tous les "efforts", les gens continuent d'"attaquer" le Qatar. Ces attaques, souligne-t-il, sont fondées sur de "fausses informations" et des "rumeurs" visant à "discréditer" le pays "avec des affirmations délibérément trompeuses". Sans nommer de pays en particulier, Al Marri a accusé certains politiciens étrangers de faire "deux poids, deux mesures" et d'utiliser le Qatar "comme une scène pour résoudre leurs propres problèmes politiques". 

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L'émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a déclaré en octobre dernier que son pays était confronté à une "campagne de critiques sans précédent" à quelques semaines du début de la Coupe du monde, selon l'AFP

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Récemment, les autorités qataries ont convoqué l'ambassadeur d'Allemagne à Doha, Claudius Fishbach, à la suite de propos tenus par la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser sur l'organisation de la Coupe du monde. Lors d'une interview accordée à la radio publique allemande ARD, la ministre a souligné que le concours doit être soumis à des critères, "à savoir le respect des droits de l'homme et des principes de durabilité".

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Une déclaration du ministère qatari des Affaires étrangères a rejeté et condamné les remarques de Faeser, affirmant qu'elles étaient "contraires aux normes et conventions diplomatiques".

Outre les droits du travail, les détracteurs du Qatar et de la Coupe du monde soulignent également la situation critique des femmes - soumises au système de tutelle masculine - et des membres de la communauté LGTBI+. Les homosexuels, par exemple, peuvent être condamnés à une peine pouvant aller jusqu'à sept ans de prison pour avoir "incité, instigué ou encouragé un homme de quelque manière que ce soit à commettre une sodomie ou une débauche".

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