L'emploi mondial ne progressera que de 1 % en 2023, laissant 208 millions de personnes sans emploi. Les jeunes et les femmes sont les grands perdants

Le ralentissement économique laisse présager une détérioration des conditions de travail

© OIT/Marcel Crozet - Un vendeur de rue vend des œufs à Diego-Suarez, Madagascar

L'Organisation internationale du travail (OIT) prévoit que l'emploi mondial ne progressera que de 1 %, soit moins de la moitié de la croissance enregistrée en 2022.

Dans ses Perspectives sociales et de l'emploi dans le monde : tendances 2023, l'OIT prévoit également que le chômage mondial augmentera légèrement en 2023, d'environ trois millions, pour atteindre 208 millions de chômeurs, soit un taux de chômage mondial de 5,8 %.

Toutefois, ce chiffre passe à 473 millions de chômeurs si l'on inclut les personnes qui souhaitent travailler mais ne cherchent pas activement un emploi, soit par manque de motivation, soit parce qu'elles ont d'autres obligations à remplir, notamment des responsabilités familiales.

Cette modeste augmentation prévue est en grande partie due à la faible offre de main-d'œuvre dans les pays à revenu élevé. En conséquence, 16 millions de personnes supplémentaires resteront sans emploi dans le monde par rapport à la période de référence précédant la crise pandémique.

En outre, le ralentissement économique obligera un plus grand nombre de travailleurs à accepter des emplois de moindre qualité, mal rémunérés et dépourvus de sécurité de l'emploi et de protection sociale, ce qui accentuera les inégalités exacerbées par la crise du COVID-19.

D'après le rapport, ces emplois seront souvent sous-payés et n'offriront pas toujours les heures de travail nécessaires.

Plus de pauvreté

De plus, les prix augmentant plus vite que le revenu nominal du travail, la crise du coût de la vie va accroître le nombre de personnes vivant dans la pauvreté. Cette situation s'ajoute à la forte baisse des revenus pendant la crise du COVID-19, qui a touché plus durement les groupes à faible revenu dans de nombreux pays.

La dégradation de la situation du marché du travail est principalement due aux nouvelles tensions géopolitiques et au conflit en Ukraine, ainsi qu'à la reprise inégale après la pandémie et aux perturbations fréquentes des chaînes d'approvisionnement mondiales.

Cela a conduit à la stagflation, qui combine une forte inflation et une croissance économique insuffisante pour la première fois depuis les années 1970.

Les femmes et les jeunes sont les plus touchés

La situation des femmes et des jeunes sur le marché du travail est particulièrement défavorable. À l'échelle mondiale, le taux d'activité des femmes atteindra 47,4 % en 2022, contre 72,3 % pour les hommes. Cette différence de 24,9 points de pourcentage signifie que pour chaque homme économiquement inactif, il y a deux femmes dans la même situation.

Pour leur part, les jeunes de 15 à 24 ans rencontrent de sérieuses difficultés pour trouver et conserver un emploi décent. Leur taux de chômage est trois fois plus élevé que celui des adultes. Plus d'un jeune sur cinq, soit 23,5 %, ne travaille pas, n'étudie pas et ne participe à aucun programme de formation, ce que l'on appelle les "nini".

Dans ce contexte, le Directeur général de l'OIT, Gilbert F. Houngbo, a déclaré que "la nécessité de promouvoir le travail décent et la justice sociale est claire et pressante".

Pour surmonter tous ces défis, a-t-il dit, il faut collaborer pour faciliter l'établissement d'un nouveau contrat social au niveau mondial.

"L'OIT plaidera en faveur d'une Coalition mondiale pour la promotion de la justice sociale afin d'obtenir le soutien nécessaire, de formuler les politiques pertinentes et de jeter les bases de l'avenir du travail", a-t-il déclaré.

Pour sa part, Richard Samans, directeur du département de la recherche et coordinateur du rapport, a noté la grande inquiétude suscitée par le ralentissement de la croissance de la productivité, qui est essentielle pour faire face aux crises liées au pouvoir d'achat, à la durabilité écologique et au bien-être.

Le marché du travail par région

L'Afrique et les États arabes devraient connaître une croissance de l'emploi d'au moins 3 dollars d'ici 2023. Toutefois, compte tenu de l'augmentation de la population en âge de travailler, on peut s'attendre à ce que les taux de chômage dans les deux régions ne diminuent que légèrement (de 7,4 à 7,3 % en Afrique, et de 8,5 à 8,2 % dans les États arabes).

En Asie et dans le Pacifique, ainsi qu'en Amérique latine et dans les Caraïbes, la croissance annuelle de l'emploi devrait être d'environ 1 %, tandis qu'en Amérique du Nord, la croissance de l'emploi sera très faible, voire inexistante, en 2023, avec une reprise du chômage, selon le rapport.

Enfin, l'Europe et l'Asie centrale sont particulièrement touchées par les effets économiques du conflit en Ukraine. Toutefois, alors que l'emploi devrait diminuer en 2023, on peut s'attendre à ce que le taux de chômage dans la région n'augmente que légèrement, étant donné l'augmentation insuffisante de la population en âge de travailler.

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