Le remplaçant de Johnson devra faire face à une grave crise énergétique
Le Parti conservateur britannique met la dernière main aux préparatifs pour annoncer lundi le nouveau chef du parti, Liz Truss ou Rishi Sunak, qui remplacera Boris Johnson au poste de Premier ministre du Royaume-Uni, en pleine crise énergétique.
Le parti annoncera demain vers 11h30 GMT le vainqueur de son concours interne de leadership, qui prendra ses fonctions mardi, alors qu'un point d'interrogation subsiste quant aux mesures qu'il prendra pour faire face à l'augmentation exponentielle - de 80% - du prix des factures d'énergie à partir d'octobre.
La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, est la favorite des médias pour prendre la tête du parti conservateur, après que les membres du parti - quelque 160 000 personnes - ont voté ces dernières semaines par courrier traditionnel ou par voie électronique.
Bien que l'ancien ministre des Finances, Rishi Sunak, ait reçu le plus de soutien parmi les députés conservateurs lors de la première phase du processus interne, Truss est une figure populaire parmi la base, en partie en raison de son insistance à réduire les impôts, un engagement traditionnel des conservateurs.
Une fois le gagnant annoncé, M. Johnson et le nouveau dirigeant se rendront au château de Balmoral, en Écosse, pour une audience avec la reine Élisabeth II.
Johnson remettra d'abord officiellement sa démission à la Reine, âgée de 96 ans, tandis que la Reine appellera ensuite Truss ou Sunak (en fonction du vainqueur de demain) pour lui demander de former un gouvernement.
Une fois cet acte constitutionnel accompli, le nouveau Premier ministre se rendra à Londres pour nommer ses ministres.
Le premier ministre prendra ses fonctions alors que l'opinion publique s'inquiète de la hausse des prix de l'énergie, après que l'Ofgem, l'autorité de régulation du secteur, a annoncé en août que le prix maximum que les compagnies d'énergie pourront facturer aux ménages par an à partir du 1er octobre a été fixé à 3 549 livres (4 202 euros), contre le prix actuel de 1 971 livres (2 325 euros), soit une augmentation de 80 %.
Les partis d'opposition ont appelé les deux candidats conservateurs à dévoiler les mesures qu'ils prendront.
Toutefois, Mme Truss - la favorite - a refusé de faire des annonces spécifiques, mais a déclaré qu'elle agirait dans la semaine suivant son entrée en fonction. "Je crois que nous sommes confrontés à des défis très sérieux. Je vais agir dans la semaine, (mais) je ne peux pas dire ce que je vais faire", a-t-elle déclaré.
"Si je suis élue Premier ministre, je veillerai à ce qu'il y ait, dans la semaine, une annonce sur la manière dont nous allons traiter le problème des factures d'énergie et de l'approvisionnement à long terme", a-t-elle déclaré à la BBC.
"Ce que je veux faire, c'est rassurer les gens sur le fait que j'agirai, si je suis élue Premier ministre, dans la semaine", a-t-elle insisté.
M. Sunak a également déclaré à la BBC que, s'il est premier ministre, il aidera tous les ménages, mais que les premiers à recevoir une aide financière directe seront ceux dont les revenus sont les plus faibles et les retraités.
La députée travailliste Emily Thornberry, dans l'opposition britannique, a qualifié d'"extraordinaire" le fait qu'aucun des deux candidats ne révèle de mesures concrètes.
Ce ne sont pas seulement les personnes aux "revenus les plus bas", mais aussi celles aux "revenus moyens" qui seront touchées, et "la majorité du pays sera en situation de pauvreté énergétique si rien n'est fait", a-t-elle déclaré à la BBC.
Cette hausse de l'énergie est une réponse à l'augmentation des prix de gros du gaz au niveau mondial, en raison de la reprise des économies post-pandémie et de la guerre en Ukraine.
L'augmentation des prix de l'énergie devrait faire grimper l'inflation britannique en glissement annuel, qui s'élève à 10,1 % mais pourrait atteindre 13 % ou plus d'ici la fin de l'année.
L'augmentation du coût de la vie a conduit de nombreux secteurs à se mettre en grève pour réclamer des salaires plus élevés.
Le Royaume-Uni a fait face à ce que les médias appellent déjà "l'été du mécontentement" avec une série de grèves, notamment celles de la poste britannique, des dockers et des cheminots.
