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Le Turkménistan tente de faire taire les militants turkmènes avec l'aide de la Turquie

Plusieurs ONG ont mis en garde contre la pression exercée par les autorités turques sur les Turkmènes
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En Turquie, certains secteurs de la population souffrent de violations constantes des droits de l'homme, comme les Kurdes ou les réfugiés syriens. Cependant, la situation critique des militants turkmènes vivant dans ce pays d'Eurasie a récemment été mise en lumière par plusieurs organisations et médias.

Selon Human Rights Watch, les militants turkmènes qui critiquent le gouvernement turkmène font l'objet de menaces, "vraisemblablement en raison des pressions exercées par les autorités turkmènes sur les forces de l'ordre turques". L'ONG signale également des "attaques physiques" contre ces citoyens résidant en Turquie.

"Nous demandons instamment à la communauté internationale de suivre de près cette situation préoccupante et de contribuer à sa résolution", souligne-t-elle. HRW appelle également l'exécutif d'Achgabat et Ankara à "mettre fin à ce harcèlement et à respecter leurs obligations légales internationales, en assurant la protection des droits et libertés des citoyens turkmènes résidant en Turquie"

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Les Turkmènes bénéficient d'un statut spécial en Turquie. C'est l'un des rares pays où ils peuvent entrer sans visa et où ils peuvent demander et obtenir un permis de séjour. En outre, la similitude de la langue et de la culture permet aux citoyens turkmènes de s'intégrer facilement dans la société turque. Selon les sources rapportées par HRW, plus d'un million de Turkmènes vivent en Turquie, y compris des travailleurs et des étudiants.

Toutefois, cette situation a changé ces dernières années. Les consulats du Turkménistan en Turquie ont refusé de renouveler les passeports de leurs ressortissants, en violation de la loi turkmène, les obligeant à retourner dans le pays pour toutes les procédures. S'ils ne voyagent pas, leurs documents expireront, ce qui les rendra illégaux, sans possibilité d'emploi, d'éducation ou de soins médicaux.

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Face à cette situation, les citoyens turkmènes ont organisé des protestations et des manifestations pour obliger les autorités de leur pays à se conformer aux obligations de la loi. Initialement, la Turquie n'a pas sanctionné ces citoyens pour avoir des documents périmés, mais en vue de la prochaine réunion du Conseil de coopération des États de langue turque, Ankara a changé de position. Dans le but d'amener le Turkménistan à rejoindre l'organisation, les autorités turques ont commencé à traiter différemment les militants turkmènes.

Ankara a commencé à les menacer d'expulsion, allant même jusqu'à en transférer certains dans des centres de déportation. En outre, le personnel du consulat turkmène s'emploie à créer de fausses accusations contre les militants afin que les autorités turques puissent les arrêter et les expulser. "Nous pensons que la Turquie tente de convaincre le Turkménistan de rejoindre le Conseil et fait des efforts pour que cela se produise lors de la prochaine session", explique HRW. 

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"Les changements dans la politique des autorités turques à l'égard des militants turkmènes ont apparemment répondu aux demandes du gouvernement turkmène, qui cherche à mettre fin aux activités civiques de ses citoyens à l'étranger", note également l'ONG.

Akhmed Rakhmanov, Kamil Abulov et Bayram Allaliyev figurent parmi les derniers militants arrêtés et transférés dans des centres de détention pour immigrés. Rakhmanov a été libéré le 26 octobre, tandis qu'il n'y a pas de nouvelles des deux autres. D'après les sources rapportées par HRW, "il est prévu de les expulser de manière imminente".

À cet égard, il est nécessaire de mentionner Dursoltan Taganova, l'un des militants turkmènes les plus renommés en Turquie. Mme Taganova, en raison de son implication dans ce dossier et de sa participation aux manifestations, a été arrêtée et menacée. L'activiste appartient également à l'Élection démocratique du Turkménistan (EDT). 

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Turkménistan : détentions, torture et disparitions forcées  

Le Turkménistan est l'un des pays les plus autoritaires et les plus secrets au monde. Les médias sont sous le contrôle total du régime, tandis que les dissidents ou les critiques sont persécutés. Selon Amnesty International, on ignore où se trouvent au moins 120 prisonniers victimes de disparition forcée. Le Turkménistan n'a pas ratifié la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, comme d'autres pays tels que la Chine, les États-Unis et la Turquie elle-même.

Pour ces raisons, le retour de ces militants dans le pays les mettrait en grave danger, avec un risque élevé d'arrestation arbitraire ou de torture. Outre la situation critique des droits de l'homme, le Turkménistan souffre d'une grave crise économique. De plus, le gouvernement a refusé de reconnaître les cas de coronavirus.

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Cependant, les citoyens qui critiquent le régime de Gurbanguly Berdimuhamedow ne sont pas seulement victimes d'oppression sur le territoire turkmène, mais aussi en Turquie par des compatriotes turkmènes sympathisants du gouvernement. HRW indique qu'il existe de "nombreux rapports alarmants" selon lesquels les partisans de Berdimuhamedow "attaquent régulièrement des militants civils turkmènes en Turquie et les menacent, ainsi que leurs familles, de représailles".

Sans surprise, les autorités judiciaires et policières turques n'enquêtent pas sur ces affaires, bien que les victimes montrent des captures d'écran avec les noms des auteurs. "Ils intimident régulièrement les militants et leurs familles en proférant de graves menaces, y compris des meurtres, tant en Turquie qu'au Turkménistan." 

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"Ces attaques et menaces sont des exemples flagrants de persécution de militants turkmènes par des ressortissants étrangers en Turquie. L'inaction des autorités turques chargées de l'application de la loi face à ce crime ne peut être justifiée et contredit le droit turc et international", réaffirme HRW.