Dans le cadre des pourparlers de Vienne, Téhéran a annoncé qu'il avait commencé à enrichir l'uranium à 60%

L'enrichissement d'uranium par l'Iran "n'aide pas" aux négociations, selon Biden

photo_camera AFP/ JIM WATSON - Le président américain Joe Biden

Peu après l'accident survenu à la centrale nucléaire de Natanz, l'Iran a annoncé qu'il avait commencé à produire de l'uranium enrichi d'une pureté de 60 %. Cette annonce a été faite par le chef de l'Organisation de l'énergie atomique du pays, Ali Akbar Salehi. Ce pourcentage est le plus élevé que l'Iran ait réussi à atteindre jusqu'à présent. "Nous produisons environ 9 grammes d'uranium enrichi à 60% par heure", a déclaré Salehi. Le président du Parlement, Mohammad Baqer Qalibaf, a salué la percée nucléaire. "La volonté de la nation iranienne accomplit des miracles qui déjouent toute conspiration", a-t-il écrit sur son compte Twitter. 

Ces 60 % sont proches des 90 % nécessaires pour produire une bombe atomique, selon les médias d'État iraniens. Cette quantité d'uranium enrichi viole également les règles de l'accord nucléaire. Toutefois, depuis que les États-Unis ont quitté le pacte, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a averti à plusieurs reprises que l'Iran ne respectait pas l'accord. L'année dernière, en 2020, l'AIEA a annoncé que Téhéran avait dépassé de dix fois la limite de son stock d'uranium. En ce qui concerne la dernière réalisation iranienne, l'AIEA s'est refusée à tout commentaire. "Les discussions sont en cours. Je pense qu'il est prématuré de porter un jugement sur ce que sera le résultat. Nous sommes toujours en discussion", a déclaré un porte-parole de l'organisation.

PHOTO/AFP - Una captura de un vídeo de AFPTV tomada el 21 de febrero de 2021 muestra al jefe de la Organización de Energía Atómica de Irán (AEIO), Ali Akbar Salehi (I), y al portavoz de la AEIO, Behrouz Kamalvandi (C), reunidos con el director general del Organismo Internacional de Energía Atómica (OIEA), Rafael Grossi (D), de visita en la capital, Teherán

Cet événement s'inscrit dans le contexte des pourparlers qui se tiennent à Vienne en vue d'un éventuel rapprochement entre les États-Unis et l'Iran afin de ramener Washington à l'accord nucléaire. L'augmentation de la production d'uranium enrichi n'est "pas utile" au processus de ces négociations, selon le président Joe Biden. "Nous ne soutenons pas et nous ne pensons pas qu'il soit utile pour l'Iran d'annoncer qu'il enrichit de l'uranium à 60 %. C'est contraire à l'accord", a déclaré le président américain. Toutefois, M. Biden s'est dit "heureux" que Téhéran ait accepté de participer aux négociations. Un fonctionnaire de l'Union européenne qui coopère aux négociations visant à ramener les États-Unis dans le pacte nucléaire a également déclaré que cette décision iranienne ne facilite pas les négociations. 

Les négociations de Vienne présentent un intérêt particulier pour les États-Unis, puisque l'un des objectifs de Joe Biden est de revenir sur l'accord nucléaire. Téhéran pourrait également tirer profit des négociations si elle parvient à obtenir de Washington la levée des sanctions qui frappent durement son économie. Ce point est essentiel pour Téhéran, car plusieurs membres du gouvernement ont annoncé à plusieurs reprises qu'ils ne débloqueraient pas les négociations tant que les États-Unis ne lèveraient pas les sanctions. De même, ils n'envisagent pas la possibilité de rencontrer directement les représentants américains, de sorte que les négociations sont menées par l'intermédiaire de diplomates européens, chinois et russes. 

AFP/AFP - El proceso de enriquecimiento del uranio mediante una centrifugadora

Avec les nouveaux acquis du nucléaire iranien, les États-Unis envisagent de lever certaines sanctions appliquées depuis 2018, alors d'autres contre des entreprises, des institutions et des dirigeants resteraient en place. "Les États-Unis se réservent le droit d'imposer des sanctions liées au nucléaire, que ce soit pour le terrorisme, les violations des droits de l'homme ou l'ingérence dans nos élections", a déclaré un haut responsable du département d'État. 

Israël, le grand ennemi de l'Iran et le principal suspect dans l'incident de Natanz et d'autres usines, selon le gouvernement iranien, a exprimé son inquiétude face à cette évolution. Le ministre des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi, a assuré qu'Israël fera "tout ce qu'il faut" pour que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire. L'Iran a également accusé l'État hébreu du meurtre de Mohsen Fakhrizadeh, un éminent scientifique nucléaire iranien. 

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