Les États-Unis approuvent un projet de loi visant à permettre le suivi des drones armés turcs
Le président américain Joe Biden a signé un projet de loi sur la défense qui permettrait au gouvernement américain de suivre et d'évaluer les implications pour la sécurité nationale de l'expansion du programme de drones de la Turquie. Les États-Unis estiment que ces drones "contribuent à l'instabilité régionale et internationale".
Le projet de loi est soutenu par la demande croissante de drones turcs armés, ayant prouvé leur efficacité dans plusieurs zones de conflit ou de tension telles que l'Azerbaïdjan, la Libye et l'Éthiopie. En outre, la demande de drones turcs est sans précédent dans des pays tels que la Pologne, l'Ukraine, l'Angola, le Niger, le Nigeria et le Rwanda. Toutefois, les intentions expansionnistes de la Turquie suscitent des inquiétudes au niveau international, qui craignent une instabilité régionale et internationale accrue à cause des drones.
La loi permet au ministère américain de faire rapport sur les exportations de drones turcs et de déterminer si ces drones contiennent des pièces ou des technologies fabriquées par des entreprises américaines. En outre, la loi permet également de déterminer si les exportations turques constituent une violation de la Loi sur le contrôle des exportations d'armes.
Les députés demandent au secrétaire d'État américain Antony Blinken un briefing sur le programme de drones de la Turquie. "Nous avons longtemps donné à la Turquie l'accès aux plus hauts niveaux de la technologie militaire. Il est impératif que la technologie américaine soit utilisée conformément aux intérêts, aux valeurs et aux alliances des États-Unis." Ce faisant, les membres du Congrès demandent au secrétaire Blinken d'enquêter pour savoir si le programme de drones de la Turquie viole la loi américaine ou déstabilise des zones où les États-Unis ont des intérêts de sécurité nationale.
L'Éthiopie en particulier a été le cas le plus inquiétant pour les États-Unis. Le Premier ministre a acheté des drones armés pour les utiliser contre les combattants rebelles du TPLF. Washington a déclaré avoir de "sérieuses préoccupations humanitaires" concernant ces ventes, qui pourraient entrer en conflit avec les restrictions américaines sur les exportations d'armes vers Addis-Abeba dans un conflit qui a fait des milliers de victimes et des personnes au bord de la famine extrême. En septembre, la Maison Blanche a déjà accepté d'imposer des sanctions à ceux qui s'engagent dans des politiques qui menacent ou entravent l'aide humanitaire sur place, comme c'est le cas avec la Turquie, qui n'a jusqu'à présent enregistré aucune sanction. La signature de ce projet de loi sur la défense prévoit également d'accélérer l'imposition de ces sanctions.
L'année dernière déjà, des membres de la Chambre des représentants des États-Unis se sont adressés à Blinken, exprimant leur inquiétude quant au programme de drones armés de la Turquie, "qui a déstabilisé de multiples régions du monde, notamment en menaçant les intérêts des États-Unis, de leurs alliés et de leurs partenaires". De son côté, le gouvernement d'Erdogan a réagi en achetant des systèmes de défense aérienne russes S-400, ce qui a contraint le Congrès à exclure la Turquie du programme de production des F-35 et à lui imposer des sanctions.