L'Alliance atlantique s'est engagée à renforcer la cohésion entre les alliés, après une période marquée par les affrontements de ses membres 

Les États-Unis et la Turquie s'accusent mutuellement lors d'une réunion de l'OTAN  

REUTERS/HERMAN YVES: - Siège de l'OTAN, Bruxelles 

Les ministres des affaires étrangères de l'OTAN ont discuté mardi de la manière de préparer et de moderniser l'Alliance pour les défis de la prochaine décennie, sur la base d'un rapport d'un groupe d'experts qui vise à accroître la dimension politique de l'organisation.  

"Le rapport souligne l'importance des succès de l'OTAN, que l'OTAN est une alliance indispensable, mais aussi la nécessité de continuer à changer et c'est exactement ce que nous faisons", a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, lors d'une conférence de presse qui a suivi le premier jour de la réunion virtuelle des ministres des affaires étrangères des pays alliés, mardi.  

REUTERS/FRANCOIS LENOIR : Un drapeau turc flotte à côté du logo de l'OTAN au siège de l'Alliance à Bruxelles 

Le nouveau rapport, rédigé par un groupe d'experts externes dirigé par l'ancien ministre allemand de la défense Thomas de Maizière et l'ancien secrétaire d'État adjoint pour l'Europe Aaron Wess Mitchell, a été commandé après que le président français Emmanuel Macron se soit plaint l'année dernière de conflits entre alliés, dont la Turquie, affirmant que l'alliance était en "état de mort cérébrale".   

Le rapport exhorte les alliés à "s'engager à respecter un code de bonne conduite" et à "envisager la création d'un centre d'excellence pour la résistance démocratique dédié au soutien de chaque allié". Dans le cadre de cette initiative, le rapport est basé sur les défis et les besoins de l'OTAN pour la prochaine décennie jusqu'en 2030.  

Le document vise également à renforcer la cohésion entre les alliés, après une période marquée par les confrontations de la France ou de la Grèce avec la Turquie, mais aussi par les actions unilatérales et isolationnistes des États-Unis pendant la présidence de Donald Trump. 

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo 

La réunion s'est déroulée par vidéoconférence, au cours de laquelle, selon plusieurs délégations alliées, il y a eu un intense affrontement entre plusieurs pays membres sur les accusations portées contre la Turquie. Selon le journaliste Jacopo Barigazzi, l'affrontement a eu lieu lorsque Mike Pompeo a accusé Ankara d'accroître les tensions avec ses collègues alliés en Méditerranée et d'acheter au Kremlin un système antiaérien de fabrication russe.  

Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a répondu en accusant Pompeo de vouloir retourner les alliés européens contre la Turquie, d'adopter une position pro-grecque dans les conflits régionaux et de refuser de vendre à Ankara des armes anti-aériennes Patriot fabriquées aux Etats-Unis.  

Le ministre grec des affaires étrangères Nikos Dendias, répondant à Mevlüt Cavusoglu, a déclaré que si la position grecque était "maximaliste", "le droit international l'est aussi". 

Plusieurs alliés ont soutenu Pompeo contre la Turquie, dont le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui a dénoncé le comportement d'Ankara et a déclaré que la cohésion au sein de l'alliance serait impossible à réaliser si la Turquie imitait l'interventionnisme agressif de la Russie.  

AFP/ADEM ALTAN : Mevlut Cavusoglu, ministre turc des affaires étrangères 

Entre autres choses, Çavuşoglu a également accusé les États-Unis de soutenir les "organisations terroristes" kurdes en Syrie, alors que la Turquie prétend combattre Daesh, et a insisté sur le fait que les États-Unis et la France avaient aggravé un conflit au Nagorno-Karabakh en soutenant l'Arménie dans une guerre que l'Azerbaïdjan a gagnée avec le soutien militaire turc.  

Lors de la conférence de presse, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a esquivé la question de l'échange animé entre Pompeo et Çavuşoglu, notant au contraire qu'un "mécanisme" de l'OTAN avait contribué à atténuer le conflit entre Athènes et Ankara.  

A la fin de la réunion, il était clair que la Turquie était pratiquement isolée parmi les 30 membres de l'alliance, selon Jacopo Barigazzi. Suite à une demande de Çavuşoglu pour un rôle de l'OTAN dans la guerre civile libyenne, elle a été rejetée par les autres alliés, qui ont accusé la Turquie d'exacerber le conflit en envoyant des armes et des mercenaires pour soutenir le gouvernement d'accord national basé à Tripoli.  

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