Les dirigeants du G20 augmentent la pression sur la Russie pour qu'elle mette fin à l'invasion

Le club restreint des 20 économies les plus puissantes du monde resserre l'étau diplomatique autour du Kremlin. La déclaration finale du Groupe des Vingt, signée par la plupart des délégations diplomatiques présentes au sommet de Bali, condamne "fermement" les actions de la Russie, l'un de ses principaux membres, et exige la fin immédiate d'une guerre qui cause, selon elle, "d'immenses souffrances humaines et exacerbe les fragilités existantes dans l'économie mondiale", selon les médias qui ont eu accès au document. 

Le projet de 16 pages accuse la Russie d'avoir provoqué une guerre qui "contraignait la croissance, augmentait l'inflation, perturbait les chaînes d'approvisionnement, accroissait l'insécurité énergétique et alimentaire et faisait peser des risques sur la stabilité financière". Le document note toutefois qu'il existe au sein du G20 "d'autres points de vue et des évaluations différentes de la situation et des sanctions", notamment de la part de la Russie, de la Chine et des pays du Sud, qui sont éloignés de la vision occidentale.

Les délégations diplomatiques se sont mises d'accord sur le contenu du communiqué lundi soir, après trois jours d'intenses négociations. La déclaration finale devrait être publiée mercredi, lors du deuxième jour du sommet, compte tenu des réticences de Moscou et de Pékin, les deux seuls membres qui s'y opposent. Le consensus sur cette question est matériellement impossible, mais le club est proche d'une majorité qui aurait été impensable il y a encore quelques mois. 

L'Inde a fait pencher la balance pour obtenir une déclaration condamnant l'invasion russe, selon le Financial Times. La position adoptée par New Delhi a été ambiguë dans certains cas, et elle n'est jamais allée jusqu'à se joindre aux sanctions du bloc occidental. Toutefois, la délégation indienne a finalement tenu compte des déclarations de son Premier ministre, Narendra Modi, qui a déclaré en septembre au président russe Vladimir Poutine que "ce n'est pas le moment de faire la guerre". 

La communauté internationale accroît donc la pression diplomatique sur la Russie. Les alliés occidentaux, États-Unis en tête, ont cherché à placer l'invasion de l'Ukraine par la Russie au centre du débat et à obtenir une condamnation majoritaire des actions du Kremlin, reléguant au second plan le motif qui justifie habituellement les réunions annuelles du G20 : l'économie. Poutine en était conscient, c'est pourquoi il a refusé de participer au sommet et a préféré y envoyer l'un de ses lieutenants chevronnés, le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov.

Le groupe qui représente plus de 80 % du PIB mondial, 75 % du commerce international et 60 % de la population mondiale semble avoir adopté une position commune. Mais la position collective est loin d'être homogène. Certains sont favorables à une solution négociée du conflit, d'autres posent une série de conditions préalables pour mettre fin à la guerre, d'autres encore sont favorables au maintien de la collaboration, la doctrine du business as usual. Le président indonésien Joko Widodo a exprimé ce point de vue. 

"Nous n'avons pas d'autre option, la collaboration est nécessaire pour sauver le monde", a déclaré l'hôte du sommet. "Nous ne devons pas diviser le monde en plusieurs parties. Nous ne devons pas permettre au monde de tomber dans une nouvelle guerre froide". Son homologue chinois Xi Jinping lui a emboîté le pas en déclarant que le G20 "doit s'opposer fermement à toute tentative de politiser les questions alimentaires et énergétiques ou de les utiliser comme outils et armes". Xi a également préconisé la suppression des sanctions "unilatérales".

Le président ukrainien a lancé un appel par vidéoconférence aux dirigeants de ce qu'il a appelé le "G19", en excluant clairement la Russie. Il a été l'un des premiers chefs de gouvernement à prendre la parole, et il l'a fait pour mettre sur la table une série de propositions visant à mettre fin au conflit. Contre toute attente, la délégation diplomatique russe, conduite par Lavrov, est restée dans la pièce et a écouté les demandes de Zelenski, selon des témoins cités par Reuters.

"Le temps est venu pour la Russie de se retirer complètement du territoire souverain de l'Ukraine et je veux que cette guerre se termine de manière équitable, et sur la base de la Charte des Nations unies et du droit international", a déclaré le dirigeant ukrainien. Pour Zelenski, un cessez-le-feu ne serait possible que si un tel scénario se réalise, et aucun accord de paix ne devrait être proposé qui compromette "la conscience, la souveraineté, le territoire et l'indépendance" de l'Ukraine. 

Zelensky a présenté la "formule de paix" du gouvernement de Kiev. Le retrait total de l'armée russe, la libération des prisonniers de guerre ukrainiens, des réparations économiques et, enfin, des garanties de sécurité alimentaire et énergétique. Ce sont là quelques-unes des conditions exigées par le président ukrainien. Selon Zelensky, la seule alternative serait de geler le conflit et de permettre à la Russie de renforcer ses forces pour lancer une nouvelle offensive qui, comme les précédentes, générerait encore plus d'instabilité à l'échelle mondiale.