Les obligations de transition : un nouvel outil pour financer la transition vers la durabilité climatique ?
À l'heure où les entreprises cherchent à adopter des modes de fonctionnement plus durables sur le plan environnemental, les obligations de transition sont de plus en plus considérées comme un outil financier essentiel pour les entreprises du secteur des combustibles fossiles ou des secteurs fortement polluants.
Les obligations de transition sont une catégorie relativement nouvelle de titres de créance utilisés pour financer la transition d'une entreprise vers une réduction de son impact environnemental ou de ses émissions de carbone. Elles sont souvent émises dans des domaines qui ne seraient normalement pas éligibles aux obligations vertes, comme les grandes industries émettrices de carbone telles que le pétrole et le gaz, le fer et l'acier, les produits chimiques, l'aviation et le transport maritime.
Dans un contexte de sensibilisation accrue à la nécessité de réduire les émissions de carbone, beaucoup s'attendaient à ce que les obligations de transition jouent un rôle clé sur les marchés financiers mondiaux en 2021. Toutefois, les données compilées par BloombergNEF ont révélé qu'à la mi-mai, seuls six avaient été émis cette année. Un total de 11 ont été émis pendant l'ensemble de l'année 2020, selon l'analyse de l'organisation à but non lucratif Climate Bonds Initiative (CBI), de sorte que le chiffre de 2021 à ce jour ne représente pas une grande augmentation.
Les transactions de 2021 comprennent la vente de 300 millions de dollars de Castle Peak Power en février, dont le produit servira à la construction d'une unité de turbine à gaz dans une centrale électrique à Hong Kong, et l'émission par la succursale de Hong Kong de la Bank of China, en janvier, d'une obligation de transition de 780 millions de dollars pour des projets conformes à l'objectif de la Chine d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060.
Par ailleurs, en janvier, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement a émis une obligation de transition de 280 millions de dollars australiens (216,6 millions de dollars) pour financer son portefeuille de projets de transition écologique, tandis qu'en février, la société italienne d'infrastructure énergétique SNAM a lancé une obligation de transition en deux tranches de 750 millions d'euros pour l'aider à atteindre son objectif de neutralité carbone en 2040.
Si l'adoption des obligations de transition a été un peu plus lente que prévu, certains signes indiquent qu'elles joueront un rôle plus important à l'avenir.
En février, la Bourse de Londres a annoncé la création d'un segment d'obligations de transition sur son marché des obligations durables, tandis que des voix se sont élevées pour demander au ministère japonais de l'économie, du commerce et de l'industrie d'introduire un objectif de vente de 30 obligations de transition d'ici 2023. Autre décision importante, au début du mois, la Banque asiatique de développement (BAD) a annoncé qu'elle ne financerait plus l'extraction du charbon ou la production et l'exploration du pétrole et du gaz naturel.
Bien qu'il s'agisse d'un coup dur pour les entreprises qui produisent des combustibles fossiles, cette annonce est un signe encourageant pour l'avenir des obligations de transition sur les marchés émergents, car la banque a indiqué qu'elle continuerait à fournir un soutien financier aux usines qui optent pour des solutions plus propres.
"La BAsD aidera les pays membres en développement à atténuer les impacts environnementaux et sanitaires des centrales électriques au charbon existantes et des systèmes de chauffage urbain en finançant des technologies de contrôle des émissions", a déclaré la banque dans un communiqué.
À l'avenir, les obligations de transition devraient bénéficier principalement des tendances mondiales plus larges en faveur du financement durable ou vert.
L'analyse de l'IBC publiée en avril a révélé que, malgré le grave impact économique de COVID-19, un montant record de 700 milliards de dollars de financement vert, social et durable a été émis l'année dernière, soit près du double des 358 milliards de dollars enregistrés en 2019.
En fait, en mars, Standard & Poor's Global a prédit que le financement de la transition pourrait représenter 1 000 milliards de dollars sur les 3 000 milliards de dollars de financement annuel nécessaires pour atteindre les objectifs climatiques à long terme.
Si beaucoup sont optimistes quant à la valeur des obligations de transition, d'autres s'inquiètent de l'impact qu'elles auront réellement sur l'obtention de résultats positifs en matière d'environnement et de développement durable.
Une critique courante porte sur l'ambition de nombre de ces obligations de transition, l'absence de normes internationales claires suscitant des inquiétudes quant au potentiel de "blanchiment de transition" des entreprises.
Pour aider à répondre à cette préoccupation, en décembre de l'année dernière, l'International Capital Market Association, un groupe de commerce industriel basé en Suisse, a publié le "Climate Transition Finance Handbook" afin de fournir un cadre pour les stratégies de transition.
Le guide, qui vise à créer des règles générales pour les obligations vertes et les obligations liées au développement durable sur le thème de la transition, indique que les obligations portant le label "transition" doivent stipuler clairement comment le financement sera utilisé pour soutenir l'accord de Paris sur le climat.