L'opération, menée aux premières heures du 25 février, a tué un djihadiste responsable des finances et de la logistique d'AQMI

Les troupes françaises éliminent un membre clé d'Al-Qaïda au Mali

photo_camera AFP/MICHELE CATTANI - Un groupe de soldats de l'armée française en patrouille dans le Sahel.

Quelques semaines après que la France a annoncé le retrait de ses troupes du Mali, le ministère de la Défense a confirmé la mort d'un terroriste important d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Yahiba Djouadi, connu sous le nom d'Abou Ammar al-Jazairi. Ce djihadiste, d'origine algérienne, était un conseiller militaire d'Abdelmalek Droukdel, chef du groupe qui a également été tué par l'armée française en juin 2020.

En 2015, Al Jazairi s'est installé en Libye où il était chargé de gérer des fonds et de former des combattants. Par la suite, en 2019, il s'installe au Mali et, depuis la région de Tombouctou, "coordonne l'approvisionnement en matériel au profit des commandants supérieurs de la logistique et des finances d'AQMI et du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans)", selon le ministère français.

AFP PHOTO/ECPAD  -   Un soldado de las Fuerzas Malienses (FAMA) habla con un soldado de la misión francesa de Operación Barkhane (izq.) durante una operación conjunta de coordinación táctica, en una foto de archivo

Le djihadiste, qui a été formé à l'origine au sein du GIA (Groupe islamique armé), a participé à plusieurs attentats visant à étendre le djihadisme en Afrique du Nord. Pour cette raison, Al Jaizairi a été sanctionné par les Nations Unies. "AQMI a perpétré plusieurs actes de terrorisme dans la région et a revendiqué l'enlèvement de deux touristes autrichiens dans le sud de la Tunisie le 22 février 2008. Les deux touristes autrichiens ont été emmenés dans le nord du Mali, où Yahia Djouadi est actif", explique l'ONU. AQMI était également responsable d'attaques terroristes en 2015 et 2016 contre deux hôtels, l'un à Bamako et l'autre à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso.  

AFP/DOMINIQUE FAGET  -   Soldados franceses del destacamento de la Operación Barkhane en la base francesa en la ciudad norteña de Malí de Gao

Al Jaizari a été "neutralisé" lors d'une opération menée dans la nuit du 25 au 26 février dans un endroit situé à 100 kilomètres au nord de la ville de Tombouctou. La mission a impliqué des troupes au sol travaillant avec un hélicoptère Tigre et deux drones. L'armée française a également détruit un dépôt d'armes et de munitions.

Selon Paris, il s'agit "d'un nouveau succès tactique important pour la force Barkhane, qui reste déterminée à poursuivre la lutte contre les groupes armés terroristes aux côtés de ses alliés européens et américains au Sahel". D'autre part, la mort d'Al Jazairi "permet d'affaiblir à nouveau" Al-Qaïda et le GSIM.

AFP/ PASCAL GUYOT - Un helicóptero Eurocopter Tiger (Eurocopter EC665 Tigre) aterriza en el aeropuerto de Mopti, en Sevare

Paris continue de démontrer son engagement dans la lutte contre le terrorisme dans la région instable du Sahel. Malgré l'annonce du retrait des troupes, l'Elysée a indiqué que le retrait durera "jusqu'à six mois". À cet égard, "les opérations contre les terroristes armés, notamment contre les principaux dirigeants d'Al-Qaïda, du GSIM et de l'ISGS (Daesh dans le Grand Sahara)" se poursuivront.

La France maintient des troupes au Mali depuis 2013, date à laquelle elle a lancé l'intervention militaire Serval, prédécesseur de l'opération Barkhane. Toutefois, à la suite du coup d'État de 2020 au Mali, les relations entre Paris et Bamako se sont considérablement détériorées. En février dernier, la junte militaire malienne a demandé à la France de retirer ses troupes "sans délai" du pays. Selon un porte-parole du gouvernement, les neuf années de présence française "n'ont pas été satisfaisantes". 

AFP/ PASCAL GUYOT - Un soldado francés de la operación Barkhane, una misión antiterrorista en el Sahel, patrulla mientras un helicóptero Eurocopter Tiger (Eurocopter EC665 Tigre) opera un vuelo táctico en Mali
Après le retrait de la France, le groupe Wagner prend position au Sahel

Le vide de pouvoir laissé par la France a été exploité par les paramilitaires du groupe russe Wagner, qui cherchent à étendre leur influence au Sahel. Cette organisation, qui a été liée au Kremlin à plusieurs reprises, a été saluée tant par les autorités militaires que par une grande partie de la société.

Après le coup d'État au Burkina Faso, par exemple, les partisans de la nouvelle junte militaire ont célébré l'événement en portant des drapeaux russes. "Nous ne voulons plus de la France", a déclaré un citoyen au média américain VOA. "Nous sommes ici parce que nous voulons la défense de la Russie. La France n'a rien fait pour nous permettre de réussir", a-t-il ajouté.

PHOTO/AP - Los malienses que apoyan el reciente derrocamiento del presidente Ibrahim Boubacar Keita se reúnen para celebrarlo en Bamako, Mali, el viernes 21 de agosto de 2020. En el cartel en francés se lee "Gracias a China y Rusia por su apoyo en Mali"

De son côté, l'armée malienne a demandé l'aide des mercenaires de Wagner pour affronter le fondamentalisme islamique face à "l'inefficacité" des troupes françaises. Cependant, ce groupe, qui a également été impliqué dans d'autres zones de conflit comme la Syrie et la Libye, est au centre d'une controverse pour ses actions militaires.

L'ONU accuse ces paramilitaires russes de "crimes de guerre" tels que "torture, exécutions, meurtres aveugles de civils non armés, occupation d'écoles et pillages". Pour ces raisons, l'UE a décidé de la sanctionner pour son action "déstabilisante". Les mesures approuvées par Bruxelles concernent huit personnes, dont Dmitri Utkin, considéré comme le fondateur de Wagner.

Plus dans Politique