La crise diplomatique entre l'Espagne et le Maroc, à propos de l'affaire Brahim Ghali, déclenche une arrivée massive de migrants sur les côtes de Ceuta

L'Espagne est confrontée à une nouvelle crise migratoire en raison du conflit diplomatique avec le Maroc

AP/JAVIER FERGO - Environ 6 000 personnes avaient traversé le pays mardi matin, depuis que les premières arrivées ont commencé aux premières heures du lundi matin

Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a fait une déclaration institutionnelle dans laquelle il a souligné que l'exécutif sera "ferme pour assurer leur sécurité face à tout défi, toute éventualité et en toutes circonstances". Il s'est également entretenu avec le roi Felipe VI, à qui il a communiqué les lignes d'action à suivre par le gouvernement espagnol, qui seront dirigées depuis un comité de situation approuvé au sein même du Conseil des ministres.

Outre Felipe VI, le président du gouvernement a contacté le principal leader de l'opposition, Pablo Casado, pour l'informer de la situation, ainsi que différents dirigeants de l'Union européenne qui ont transmis un message de solidarité et de soutien aux villes autonomes.

Pedro Sánchez, qui se rendra d'urgence à Ceuta pour faire face à la crise migratoire, a déclaré que "sa priorité en tant que président de l'Espagne est de garantir le contrôle aux frontières et de procéder au retour immédiat de toute personne entrée de manière irrégulière à Ceuta et Melilla, comme le prévoient les accords signés avec le Royaume". Enfin, il a souligné que l'exécutif cherche à "renforcer la relation d'amitié avec nos voisins marocains". Les liens économiques, culturels et stratégiques conduisent les deux pays à coopérer, mais pour que cette coopération soit efficace, elle doit être fondée sur le respect".

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Des dizaines de migrants continuent d'arriver sur la côte de Ceuta, alors qu'une journée sans précédent a vu 6 000 personnes entrer dans la ville espagnole à la frontière avec le Maroc en 24 heures. On estime qu'un tiers des migrants sont des mineurs.

Le gouvernement espagnol, face à l'impassibilité de la gendarmerie marocaine, a déployé plusieurs unités de l'armée qui, selon l'agence EFE, a pour fonction principale de regrouper les nouveaux arrivants, de collaborer à la logistique et d'aider à maintenir le calme. Face au silence des autorités marocaines, l'exécutif de Pedro Sanchez s'est déjà exprimé sur cette nouvelle crise migratoire.

Le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a déclaré lors d'une interview sur TVE que "le gouvernement agit toujours de manière conjointe". Nous travaillons pour inverser cette situation extraordinaire. Déjà 1 500 personnes ont été renvoyées illégalement hier. Et nous continuons à travailler si nécessaire". De son côté, le président du gouvernement, Pedro Sánchez, a annoncé qu'il annulait son voyage à Paris, prévu aujourd'hui, pour faire face à la situation à Ceuta.

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Comme l'a écrit le président du gouvernement espagnol sur son compte Twitter : "ma priorité en ce moment est de ramener Ceuta à la normalité. Ses citoyens doivent savoir qu'ils bénéficient du soutien absolu du gouvernement espagnol et de la plus grande fermeté pour assurer leur sécurité et défendre leur intégrité en tant que partie intégrante du pays face à tout défi".

La ministre des Affaires étrangères, Arancha González-Laya, a également commenté la crise migratoire que subit la ville autonome. Lors d'une interview sur Cadena Ser, la ministre a déclaré que cette crise avec le Maroc à Ceuta et Melilla "n'est pas le résultat d'un désaccord" entre les deux pays et qu'elle ne peut concevoir de "mettre en danger la vie de mineurs comme réponse à une action humanitaire". La ministre des Affaires étrangères a fait référence à la crise diplomatique qui se déroule actuellement entre l'Espagne et le Royaume du Maroc et qui, selon ses déclarations, n'est pas liée à cette nouvelle vague migratoire. Arancha González-Laya, a convoqué pour consultation l'ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich, qui a déclaré dans une interview à Europa Press qu'il y a des actes qui ont des conséquences, "et qu'il faut les assumer"

La passivité des autorités marocaines, ainsi que leur silence, peuvent être étroitement liés à l'accueil par le gouvernement espagnol du secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, qui a été admis dans un hôpital de Logroño le 22 avril pour y être traité pour un coronavirus. Le Maroc a critiqué à de multiples reprises l'attitude de l'exécutif de Sanchez, qualifiée de "contraire à l'esprit de partenariat et de bon voisinage"

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Marruecos reclama a España no haber informado de la presencia de Ghali en su territorio, así como su registro en el hospital bajo una identidad falsa. Desde el Gobierno Le Maroc affirme que l'Espagne n'a pas informé de la présence de Ghali sur son territoire, ainsi que de son inscription à l'hôpital sous une fausse identité. Le gouvernement espagnol a justifié son séjour à l'hôpital "pour des raisons humanitaires". De même, Brahim Ghali doit faire face à un procès le 1er juin, où il est accusé de crimes de détention illégale, de torture et de crimes contre l'humanité. Le ministre espagnol des affaires étrangères aurait déclaré que si la justice estime que le Ghali doit comparaître, "le gouvernement ne s'y opposera pas".

Il semble que les explications données par le gouvernement espagnol n'aient pas suffi au Maroc, qui a décidé de rompre toute coopération en matière migratoire. Lors d'une interview accordée à une chaîne marocaine le 16 mai, le directeur de la police judiciaire marocaine, Mohammed Dkhissi, a assuré qu'il avait suspendu la coopération et la coordination policière avec ses homologues espagnols en attendant que l'Espagne corrige son erreur en recevant Brahim Ghali, contredisant ainsi le ministre espagnol des affaires étrangères qui a dissocié cette action de la crise diplomatique dont souffrent les deux pays.

La crise migratoire à Ceuta a été le principal sujet de discussion lors du Conseil des ministres. Par ailleurs, dans ce même conseil, l'exécutif de Pedro Sánchez a approuvé ce mardi la concession de 30 millions d'euros pour aider le Maroc dans son déploiement policier contre l'immigration irrégulière. Selon les rapports de Moncloa, ce point était déjà prévu dans le budget et son approbation avait donc été planifiée la semaine dernière, avant l'éclatement de la crise migratoire. La porte-parole du gouvernement, María Jesús Montero, lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil, a voulu envoyer un message de "tranquillité, de confiance et de solidarité avec les citoyens espagnols de Ceuta et Melilla". 

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Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, a déclaré que le gouvernement utilise "tous les moyens nécessaires pour protéger l'intégrité des frontières et renvoyer par les voies établies les personnes qui entrent illégalement dans notre pays". Le ministre a confirmé qu'à l'heure actuelle, 2700 personnes sur les plus de 6000 qui ont franchi la frontière de Ceuta ont déjà été renvoyées. Il a également souligné que l'exécutif a mobilisé 200 soldats supplémentaires en plus des 1100 agents déjà présents à la frontière. "C'est une situation extraordinaire et exceptionnelle, nous faisons de la politique migratoire depuis 3 ans", a souligné le ministre.

Par ailleurs, tant la porte-parole du gouvernement que Grande Marlaska ont condamné les messages xénophobes, qui se sont multipliés ces dernières heures en raison de la crise migratoire. "Aussi belliqueux que nous serons dans la défense des frontières à Ceuta, aussi belliqueux que nous serons avec les discours de haine", a déclaré le ministre de l'Intérieur, qui se rendra dans la ville autonome pour faire face à cette arrivée massive de migrants.

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