La compensation à l'Espagne est la porte à une solution au conflit du Sahara

España y la descolonización I

AFP/FADEL SENNA - Puesto fronterizo entre Marruecos y Mauritania en Guerguerat, situado en el Sáhara Occidental, el 24 de noviembre de 2020, tras la intervención de las fuerzas armadas reales marroquíes en la zona

Dans tout processus colonial, le même phénomène se produit d'une manière ou d'une autre : le pays colonisateur a extrait des richesses, a commis des abus dont les victimes demandent réparation, a restreint le développement des cultures et des biens indigènes ; mais, dans le même temps, il a investi dans des infrastructures, construit des maisons, des écoles, des cliniques ; en un mot, il a induit le progrès économique et social de la population colonisée.  

Par conséquent, lorsque la décolonisation a lieu, lorsque le colonisateur part et que la population indigène assume son propre destin, il est essentiel qu'il soit compensé, indemnisé. Il en va de même pour la population colonisée. Une compensation équitable est la meilleure base raisonnable pour une décolonisation intelligente et prospère. Colonisateur et colonisé ont vécu ensemble pendant des décennies ou des siècles ; ils peuvent continuer à vivre ensemble, par d'autres moyens. Il en va de même pour l'Espagne dans ses colonies au XIXe et au début du XXe siècle ; il en va de même pour les métropoles européennes et américaines avec leurs colonies en Afrique, en Asie, en Amérique et en Océanie.  

PHOTO/AFP - Un homme sahraoui tient un drapeau du Front Polisario dans la région d'Al-Mahbes, dans le Sahara occidental contrôlé par le Polisario.

La décolonisation complète du Sahara aura lieu lorsque les pays concernés, ainsi que les représentants de la population indigène, s'assiéront pour discuter des compensations correspondantes applicables aux deux parties : colonisateurs et colonisés. L'Espagne et la France, du côté colonial ; et le Maroc, l'Algérie et la population saharienne, du côté colonisé (Sahara occidental espagnol et Sahara oriental français).  

Géopolitique pour l'Espagne 

Le principal problème de la politique étrangère espagnole dans les années à venir sera probablement la géopolitique régionale en Méditerranée occidentale et en Afrique du Nord. Les relations entre l'Espagne, le Portugal, le Maroc, l'Algérie, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France domineront la politique étrangère.  

L'épicentre qui peut donner une stabilité et une projection à cette politique se trouve au Sahara occidental. Tant que la question du Sahara ne sera pas résolue, l'Espagne ne pourra pas se débarrasser du lourd héritage du conflit colonial, et les facteurs d'instabilité pèseront sur sa politique étrangère, quel que soit le gouvernement qu'elle préside. 

Ni dans la coalition gouvernementale actuelle, ni dans l'alternative gouvernementale d'un accord entre le Parti Populaire et VOX pour les prochaines élections générales, il n'y a une vision homogène de la politique étrangère, de la géopolitique régionale et du problème du Sahara Occidental.

Le PSOE n'a pas la même vision sur le Maroc-Algérie-Sahara que son allié au gouvernement, Podemos, et ses soutiens parlementaires d'Esquerra republicana et du mouvement indépendantiste basque et catalan. Et dans le bloc d'opposition, ni le Parti Populaire n'a la même position que VOX sur cette question, ni au sein même du PP il n'y a d'unanimité sur le traitement du Maroc et de la question du Sahara. 

PHOTO/REUTERS - Camp de réfugiés de Boudjdour à Tindouf, dans le sud de l'Algérie.

L'incapacité constante et répétée du gouvernement espagnol à tenir les promesses faites aux partenaires, alliés et voisins est due non seulement au dilettantisme de l'actuel premier ministre, mais aussi à l'incohérence institutionnelle de la vision politique et stratégique.  

Il est donc urgent d'adopter une vision homogène de la stratégie de l'Espagne. Et cela ne peut se faire ni par référendum, ni au Parlement, ni en laissant le soin aux groupes dits ad hoc d'experts, de professeurs d'université ou de fonctionnaires en service, de le faire. Les questions d'État doivent être traitées comme telles, et il est nécessaire que les véritables acteurs du pouvoir - institutionnels, politiques, financiers, industriels, scientifiques - travaillent à son élaboration et à son adoption. 

La question du Sahara occidental a laissé aux institutions espagnoles un certain nombre de fardeaux qui doivent être surmontés. Le premier d'entre eux est lié au processus de séparation du territoire de l'Espagne ; avec deux chapitres, le statut du territoire jusqu'à la séparation, et la manière dont l'Espagne a cessé d'être présente. Tous deux sont liés à la signature des accords tripartites de Madrid entre l'Espagne, la Mauritanie et le Maroc.  

La seconde concerne la responsabilité éventuelle de l'Espagne vis-à-vis de la communauté internationale dans ce processus de décolonisation.  

La troisième concerne le rôle prépondérant de l'Espagne, le cas échéant, dans la résolution du problème en suspens.  

L'un des obstacles actuels à la recherche d'une solution au problème réside dans le rôle des Nations unies. Le fait que la question du Sahara reste sur la "liste des territoires non autonomes" du Comité de décolonisation est un frein plutôt qu'un accélérateur pour une solution. Depuis plus de trente ans que l'ONU et le Conseil de sécurité monopolisent le forum pour résoudre le problème, depuis les accords de 1991, pas un iota de progrès n'a été réalisé.  

Peut-être que le temps est venu d'imiter Margaret Thatcher et de demander à l'ONU d'exclure le Sahara Occidental de la liste des territoires non autonomes de son Comité de décolonisation. La "Dame de fer" l'a fait dans les années 1990, ce qui lui a permis de négocier directement avec le dirigeant chinois Deng Xiaoping le retour de Hong Kong à la Chine, qui a été officialisé en 1997. L'Espagne pourrait faire de même et renégocier avec les acteurs impliqués dans le conflit, le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et le Front Polisario, le statut final de son ancienne colonie. 

PHOTO/FILE - Passage de la frontière entre l'Algérie et le Maroc

Toutefois, si nous continuons à imiter la Grande-Bretagne sur la restitution de Hong Kong, ou le Portugal sur Macao, la question de la compensation se pose inévitablement. Les quantifier n'est pas une tâche facile, car un certain nombre de faits entrent en jeu et doivent être pris en compte. Il convient notamment de noter les points suivants : 

  • Pour les actions militaires franco-espagnoles entreprises contre la population du Sahara en 1958 et l'Armée de libération du Sud active dans la région après la proclamation de l'indépendance du Maroc. 
  • Pour les victimes et les dommages causés par la guerre espagnole au Sahara entre 1957 et 1958, y compris la guerre d'Ifni. 
  • Pour les expropriations et les saisies de biens espagnols au Sahara, qui ont dû être abandonnés en 1975. 
  • Pour les infrastructures créées par le gouvernement espagnol dans le Sahara espagnol, y compris la recherche scientifique et la prospection minière. 
  • Pour les saisies effectuées contre les citoyens sahraouis qui ont quitté le territoire forcé par la guerre.  

 

ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Dakhla

Il y a des revendications de plusieurs côtés. Il s'agit de recenser les revendications et les demandes en suspens, afin de renégocier le statut final de l'ancienne colonie espagnole, de manière à satisfaire les demandes des parties ; sans oublier les revendications du Polisario pour les conséquences des accords de pêche signés entre le Maroc et l'Union européenne.  

La question finale n'est pas la quantification monétaire des compensations correspondantes à tous les niveaux, mais la pose des bases d'un Programme Général et Global d'Investissement auquel doivent participer tous les acteurs du processus de décolonisation, pour permettre le développement total de la région du Sahara, coordonné, identifié et intégré dans un Territoire Autonome rattaché au Royaume du Maroc, et territorialement coordonné avec les républiques de Mauritanie et d'Algérie. 

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