L'Éthiopie et le Soudan conviennent de relancer le dialogue pour résoudre les tensions frontalières concernant Al-Fashaga
La fin des tensions frontalières entre le Soudan et l'Éthiopie semble être en vue après des années de différend sur Al-Fashaga. Mardi, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le chef du Conseil souverain du Soudan Abdel Fattah al-Burhan se sont rencontrés pour aborder les récentes tensions frontalières et ont appelé au dialogue.
Les deux dirigeants se sont rencontrés dans la capitale kenyane, Nairobi, à l'occasion de la réunion de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), le bloc économique de l'Afrique de l'Est. La réunion elle-même a été une raison importante pour faire avancer le dialogue, puisque le bloc des pays de la Corne de l'Afrique et des États voisins a accepté de s'attaquer à des problèmes tels que la sécheresse, les conflits armés et le terrorisme.
"Nous sommes tous deux d'accord pour dire que nos deux pays disposent de nombreux éléments de collaboration pour travailler de manière pacifique. Nos liens communs transcendent toutes les divisions. Nous sommes tous deux engagés dans le dialogue et la résolution pacifique des questions en suspens", a publié le Premier ministre éthiopien sur son compte Twitter. Le Conseil d'administration du Soudan a ensuite publié une déclaration similaire, affirmant que la réunion avait été "fructueuse et extrêmement réussie".
In my discussions with Gen. Abdel Fattah al-Burhan, we have both agreed that our two countries have plenty of collaborative elements to work on peacefully. Our common bonds surpass any divisions. We both made a commitment for dialogue & peaceful resolution to outstanding issues. pic.twitter.com/UP9a9n0tJq
— Abiy Ahmed Ali ?? (@AbiyAhmedAli) July 5, 2022
Ces déclarations interviennent quelques jours après l'escalade des tensions dans la région d'Al-Fashaga, les forces de Khartoum ayant annoncé le lancement d'une nouvelle offensive contre l'armée éthiopienne à la suite de l'exécution de sept militaires soudanais capturés et d'un civil, selon le Soudan. De son côté, l'Éthiopie a attribué cette action au fait que les soldats soudanais sont entrés en Éthiopie avec la collaboration du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui est également en désaccord avec le gouvernement d'Abiy Ahmed.
Suite à ce qui a été perçu comme la menace d'une nouvelle guerre entre le Soudan et l'Éthiopie, l'Union africaine a exprimé sa "profonde inquiétude face aux tensions militaires".
Cependant, les derniers affrontements dans la région frontalière d'Al-Fashaga, qui se sont intensifiés au cours du mois dernier, ne sont que le dernier rebondissement d'une histoire de rivalité vieille de plusieurs décennies. La zone contestée, riche en ressources agricoles, se situe entre la région d'Amhara, au nord-ouest de l'Éthiopie, et la région de Gedaref, au Soudan, considérée comme le grenier à blé du pays arabe. Et bien que la région d'Al-Fashaga ait été colonisée à l'est en vertu de traités coloniaux, les Éthiopiens ont installé et cultivé la zone, avec le consentement du Soudan. Une situation qui a été réaffirmée lors des négociations de 2008, et jusqu'à ce que l'Éthiopie récupère la région dix ans plus tard
L'ancien Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, avant sa démission à la suite du coup d'État d'octobre 2021, avait déjà évoqué la question avec son homologue éthiopien. Toutefois, le chef du Conseil souverain du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, a modifié la position du Soudan sur la zone contestée, appelant au départ immédiat des agriculteurs éthiopiens installés à Al-Fashaga.
Ces mouvements ont amené les armées des deux pays à se concentrer dans les zones frontalières face à une tension croissante, une confrontation qui aggrave la situation interne. Le Soudan avec des protestations constantes contre le gouvernement militaire, et l'Éthiopie avec une guerre civile qui ne semble toujours pas céder.
