L'Éthiopie met en place un comité pour négocier avec les forces rebelles du Tigré
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a dévoilé la création d'un comité chargé de négocier des pourparlers de paix avec le Front de libération du Tigré (TPLF). Cette annonce marque la première confirmation publique d'une étape clé vers des négociations de paix dans une guerre qui a débuté en novembre 2020 et a laissé plus de 9 millions de personnes déplacées, des milliers de morts et une famine condamnant une grande partie du pays.
"En ce qui concerne la paix, un comité a été mis en place et étudiera comment nous allons mener les pourparlers", a déclaré Abiy au parlement. Le comité, dirigé par le vice-premier ministre Demeke Mekonnen, dispose de 10 à 15 jours pour finaliser les détails des négociations.
An open letter from the President of Tigray on the position of the government of Tigray with respect to peace talks @reda_getachew @ProfKindeya pic.twitter.com/HQgOX8VXTv
— Tigray External Affairs Office (@TigrayEAO) June 14, 2022
Debretsion Gebremichael, président du TPLF, a publié une déclaration officielle sur les pourparlers de paix dans laquelle il affirme qu'il participera au processus de paix. "La position du gouvernement du Tigré reste inchangée. Nous participons à un processus de paix crédible et impartial qui implique toutes les parties de manière sérieuse et inclusive. De même, nous sommes prêts à envoyer une délégation de haut niveau avec un mandat clair et des instructions précises aux pourparlers organisés par le gouvernement kenyan", a déclaré Gebremichael.
Ces pourparlers de paix devraient donc avoir lieu à Nairobi, comme l'a prévu le président kenyan Uhuru Kenyatta. En revanche, le TPLF a reconnu "l'impartialité, l'honnêteté et la solidarité du Kenya envers l'Éthiopie", tout en critiquant vivement la passivité de l'Union africaine face au conflit.
Les prochains pourparlers de paix devraient mettre fin à un conflit qui a plongé le pays de la Corne de l'Afrique dans une grave famine qui a tué des milliers de civils. Cette situation a conduit au décret d'une "trêve humanitaire" en mars dernier afin que l'aide puisse atteindre les zones les plus touchées, mais la vérité est qu'elle a été violée par les deux parties, notamment au détriment de la popularité internationale d'Abiy Ahmed.
Le blocus du gouvernement fédéral, qui a empêché l'acheminement de l'aide humanitaire vers le Tigré, la région la plus touchée par le conflit, ainsi que les rapports des Nations unies faisant état de massacres de civils, de violences sexuelles, de la détention de journalistes et d'allégations de "nettoyage ethnique", ont plongé le Premier ministre Abiy Ahmed, ancien lauréat du prix Nobel de la paix, dans une situation d'impopularité compliquée. Pour l'instant, il a entraîné la suspension d'un important accord commercial avec les États-Unis qui pourrait donner à l'Éthiopie un accès préférentiel aux marchés américains.
En tout cas, les attaques se poursuivent et le TPLF n'est pas le seul à être en désaccord avec les autorités éthiopiennes. L'Armée de libération de l'Oromo (OLA) et le Front de libération de Gambella se battent également dans le pays. Ces dernières heures, plusieurs attaques contre les autorités éthiopiennes ont été signalées, selon lesquelles elles ont pu stabiliser la situation sans faire de victimes jusqu'à présent.
L'OLA a revendiqué à plusieurs reprises plusieurs attaques dans ce qui s'apparente à sa lutte pour la sécession de l'Oromia, surtout après son alliance avec le TPLF, et pour laquelle on lui demande également d'être présent lors des négociations de paix avec le gouvernement central à Nairobi.