Ces derniers mois, le coût de l'eau, de l'électricité, du gaz et des autres combustibles n'a cessé d'augmenter. Rien qu'en août, les prix ont été multipliés par cinq. Le FMI demande à Beyrouth de mener à bien les réformes proposées en mars

L'inflation grimpe en flèche au Liban sur fond de craintes du FMI

photo_camera REUTERS/MOHAMED AZAKIR - Le bâtiment de la Banque centrale du Liban à Beyrouth

Alors que la Commission des affaires étrangères du Liban tient une réunion sous la direction de la vice-présidente Fadi Mark et à laquelle participe le ministre de la Santé pour trouver des solutions, l'hyperinflation dans le pays augmente pour le 26e mois consécutif, atteignant 162 %. Le Fonds monétaire international a appelé les autorités libanaises à mener des réformes structurelles et financières cruciales, condition préalable à l'obtention d'une aide de 3 milliards de dollars de la part du prêteur pour aider le pays à sortir de sa pire crise économique. 

Selon le FMI, l'existence de taux de change multiples provoque des distorsions importantes de l'activité économique et crée des opportunités de corruption et de recherche de rente, ce qui a entraîné des pressions excessives sur les réserves de change des banques centrales. Parmi les solutions au problème, la banque centrale libanaise adoptera le taux de change de 15.000 livres libanaises pour un dollar américain, bien que le taux de change réel soit supérieur à 23.000, en remplacement du taux de 1500 utilisé depuis 1997, selon le ministre des Finances. Cette mesure, qui sera mise en œuvre à partir du 31 octobre, devrait être efficace et constitue un pas important vers l'unification des taux de change, a-t-il déclaré. L'hyperinflation est un problème très grave au Liban. Au cours du seul mois d'août, il a augmenté de 7,6 %. Plus les mesures seront retardées, plus l'inflation sera élevée. Selon les études de Fitch Solutions, elle sera, à la fin de l'année, la deuxième plus élevée au monde, derrière le Soudan. La situation est telle qu'entre 2019 et 2021, son économie s'est contractée de 58 %, ce qui en fait celui qui a perdu le plus de pouvoir d'achat parmi les 193 pays pour lesquels des données sont disponibles.

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L'économie libanaise reste gravement déprimée, comme en témoigne le coût de l'eau, de l'électricité, du gaz et des autres combustibles, qui a presque quintuplé en août par rapport à l'année dernière. Le coût des soins de santé a été multiplié par trois et demi environ, et le coût des communications ainsi que celui de la nourriture et des boissons non alcoolisées ont augmenté jusqu'à trois fois leur valeur par rapport à l'année dernière.

Malgré la situation sociale et économique désastreuse du pays, les réformes convenues dans le cadre de l'accord de stabilisation et d'association en avril n'ont toujours pas été mises en œuvre et ont été vivement critiquées par Ernesto Ramirez Rigo, qui a dirigé une mission du FMI au Liban du 19 au 21 septembre. L'impasse dans laquelle se trouve la politique libanaise exacerbe le problème et crée une grande incertitude. Un tel accord doit être conclu avant le 31 octobre, date à laquelle le mandat de Michel Aoun prend fin après six ans au pouvoir

Pour tenter d'atténuer la situation, le FMI va activer un fonds de dons de 11 milliards de dollars pour relancer et soutenir l'économie libanaise à partir d'un fonds de donateurs approuvé lors d'une conférence à Paris en 2018. L'économie du Liban s'est effondrée après avoir perdu quelque 31 milliards d'euros en mars 2020, sa monnaie plongeant de plus de 90 % par rapport au dollar sur le marché noir.

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Le FMI a également noté que si la réforme de la loi sur le secret bancaire du pays a été adoptée par le Parlement en juillet, elle n'a pas été mise en conformité avec les meilleures pratiques internationales.

Le programme du FMI pour réformer l'économie libanaise consiste à restructurer le secteur financier afin d'aider les banques à gérer efficacement leurs ressources, à mettre en œuvre des réformes fiscales pour réduire la dette et investir dans les dépenses sociales, à réformer le secteur énergétique public pour fournir des services de qualité, à renforcer et à combattre la corruption et le financement du terrorisme en améliorant la transparence, et à établir un système de taux de change monétaire crédible et transparent.

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