Le favori est le religieux ultraconservateur et actuel chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raisi

L'Iran affronte l'élection présidentielle sous la menace d'un faible taux de participation

photo_camera PHOTO/REUTERS - Le président iranien Hassan Rouhani

Plus de 59 millions d'Iraniens sont appelés aux urnes ce vendredi pour voter pour un nouveau président. Dans une élection marquée par la pandémie, la forte crise économique et les tensions inhérentes à la région. Les bureaux de vote seront ouverts de 7 heures à minuit, et 66 800 bureaux de vote devraient ouvrir dans tout le pays.

Une élection marquée par une faible participation, comme l'indiquent les sondages, en raison de la désillusion politique et des graves problèmes économiques que traverse le pays. Après le taux d'abstention record (57%) aux élections législatives de 2020, une nouvelle embellie abstentionniste pourrait être préjudiciable à la légitimité des élections en République islamique.

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Enfin, sur une liste initiale de 592 candidats inscrits, seuls sept ont réussi à passer le filtre du puissant Conseil des gardiens, qui a rejeté la candidature de personnalités importantes telles que l'ancien président du Parlement, Ali Larijani, l'actuel premier vice-président, Eshaq Yahanguiri, l'un des rares réformistes encore actifs, et l'ancien président ultraconservateur Mahmud Ahmadinejad, dont la candidature a également été rejetée et qui ne votera pas aux élections.

Mais dans les derniers jours avant l'ouverture des bureaux de vote, trois autres candidats ont décidé de se retirer de la course électorale, de sorte que l'élection est finalement réduite à quatre candidats à la présidence. Le favori est le clerc ultraconservateur et actuel chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raisi, qui, selon un sondage publié par Press TV, obtiendrait 57,3 % des voix. Ses rivaux sont Mohsen Rezai, actuel secrétaire du Conseil de discernement et ancien commandant des Gardiens de la révolution ; le premier vice-président conservateur du Parlement, Amirhosein Qazizadeh Hashemi et Abdolnaser Hemati, ancien gouverneur de la Banque centrale d'Iran et seul modéré.

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Le dernier candidat à se retirer, Saeed Jalili, a encouragé la population à voter pour son "partenaire" Ebrahim Raisi. M. Jalili a annoncé qu'il se retirait de l'élection présidentielle du 18 juillet, devenant ainsi le troisième candidat à se retirer de la course et le deuxième à le faire en faveur de M. Raisi. Auparavant, le candidat réformateur Mohsen Mehr-Alizadeh et le principliste Alireza Zakani s'étaient retirés de la course à la présidence.

Le faible taux de participation est l'un des principaux problèmes auxquels l'Iran est confronté, car il peut remettre en question la légitimité des élections. Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a lui-même exhorté les gens à aller voter lors de ce qu'il a appelé une journée "décisive". Par ailleurs, lors de son discours à la nation, M. Khamenei a déclaré qu'un taux de participation élevé aux élections signifiait que le régime bénéficiait d'un soutien populaire, ce qui aurait un "impact unique" sur le pouvoir de l'Iran au niveau international, et qu'en revanche, un faible taux de participation aux élections signifierait "une plus grande pression sur l'Iran de la part des ennemis du pays".

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De son côté, le président iranien Hasan Rohani a également encouragé la population à participer aux élections pour atteindre une participation massive et ainsi "renforcer le système" et améliorer la situation dans le pays : "s'il y a un problème, la solution est d'aller aux urnes", a-t-il déclaré.

Les élections iraniennes interviennent à un moment difficile pour un pays frappé par une crise économique aggravée par la pandémie et les sanctions économiques imposées par les États-Unis. Les élections permettront de désigner le successeur du président actuel, Hasan Rohani, à qui la constitution du pays interdit de briguer un troisième mandat consécutif. Pour les réformateurs et les modérés qui gouvernent avec Rohani depuis 2013, la solution aux problèmes du pays réside dans les pourparlers qui se tiennent à Vienne pour tenter de relancer l'accord nucléaire de 2015.

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Le retour au pacte nucléaire est l'une des questions clés des élections présidentielles iraniennes, le pays perse a déjà avancé que sa politique nucléaire ne changera pas après les élections, mais les puissances occidentales n'arrivent pas à faire confiance et craignent que l'arrivée d'un conservateur au pouvoir n'entrave les négociations pour restaurer l'accord nucléaire de 2015. Le candidat le plus soutenu a assuré pendant la campagne électorale que son administration s'efforcera de "lever les sanctions".

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