L'Iran et la Chine signent un accord de coopération sur 25 ans
Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, est arrivé à Téhéran vendredi pour signer un accord avec l'Iran. Les deux pays se rapprochent ainsi dans un nouveau front ouvert avec les États-Unis et l'Union européenne, puisque Téhéran et Pékin sont tous deux soumis aux sanctions de Washington et de Bruxelles. "Nous pensons que ce document peut être très efficace pour approfondir les relations entre l'Iran et la Chine", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
Cette visite intervient peu après la rencontre entre Wang Yi et son homologue russe, Sergei Lavrov. "Les relations entre la Russie et la Chine sont à leur meilleur, elles sont libres de tout lien idéologique, ne sont pas soumises à l'opportunisme et ne sont dirigées contre personne", a déclaré M. Lavrov, renforçant la cordialité entre les deux pays. La réunion a également critiqué l'ingérence des États-Unis et de l'Union européenne dans les "affaires intérieures".
Auparavant, Wang Yi avait également rencontré le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Toutefois, ces discussions entre la Chine et les États-Unis n'ont pas été aussi amicales que celles avec la Russie. Les responsables chinois ont accusé Washington d'inciter les autres pays à "attaquer la Chine", tandis que M. Blinken a déclaré que certaines des actions de la Chine "menacent l'ordre fondé sur des règles qui maintient la stabilité mondiale".
La rencontre de Wang Yi à Téhéran s'est inscrite dans la lignée de sa rencontre avec Sergueï Lavrov. La Chine et l'Iran entretiennent des relations affables et ont signé en 2020 un accord de partenariat stratégique portant sur le commerce, la politique, la culture et la sécurité. Ce nouveau traité renforce les relations entre les deux pays asiatiques et complète le pacte signé précédemment. "Ce document est une feuille de route complète avec des clauses politiques, économiques et stratégiques couvrant la coopération en matière de commerce, d'économie et de transport, avec un accent particulier sur les secteurs privés des deux parties", a annoncé Saeed Khatibzadeh, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. Hua Liming, ancien ambassadeur de Chine à Téhéran, a souligné l'importance du pays perse dans les affaires de politique étrangère chinoise. "L'Iran est un État clé de l'initiative "la Ceinture et la Route" et un important exportateur de pétrole vers la Chine", a déclaré Mme Liming au Global Times de Chine. L'initiative "Belt and Road", également connue sous le nom de "Nouvelle route de la soie", est un méga-projet élaboré par Xi Jinping qui traversera plusieurs pays d'Asie, d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient. Le diplomate chinois a également fait référence aux sanctions américaines, qui, avec la pandémie de COVID-19, "affectent profondément le pays". "Nous sommes désireux de renforcer la coopération pour améliorer les relations bilatérales", a-t-il ajouté.
L'un des projets de politique étrangère du nouveau président américain Joe Biden était de relancer les discussions avec l'Iran au sujet de l'accord nucléaire que Donald Trump a abandonné en 2018. L'Iran insiste pour que les sanctions soient levées avant de poursuivre les négociations. Ce nouveau rapprochement entre la Chine et l'Iran semble tronquer les plans de Biden.
Avec ce nouveau pacte entre Pékin et Téhéran, les bases de l'axe Chine-Russie-Iran sont consolidées et préparées à affronter les États-Unis et l'Union européenne. En outre, ces derniers mois, les trois pays ont effectué des manœuvres navales conjointes dans l'océan Indien. L'Inde a également participé à certaines de ces opérations. D'autre part, le bloc occidental formé par les États-Unis et l'Union européenne se renforce pour faire face ensemble aux menaces éventuelles. Joe Biden, lors d'une réunion virtuelle des dirigeants européens, a déclaré son intention de "revitaliser" les relations entre Washington et Bruxelles. M. Biden a encouragé ses partenaires européens à "travailler ensemble sur des intérêts communs en matière de politique étrangère" et a également mentionné un "engagement continu" avec la Turquie. L'Union européenne a accepté un rapprochement avec le gouvernement d'Erdogan, bien que le président turc n'ait pas accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Ankara devra choisir sur quel banc elle préfère être, même s'il convient de noter sa sympathie pour Vladimir Poutine, qu'elle a défendu contre les accusations de "meurtrier" de Biden. Les deux pays construisent également une centrale nucléaire à Mersin, dans le sud de la Turquie.
