Téhéran répond aux condamnations occidentales en invoquant la récente saisie d'un pétrolier iranien par Athènes, alors que les tensions avec les États-Unis s'exacerbent

L'Iran répond à la condamnation française et allemande de la saisie de deux pétroliers grecs

PHOTO/ARCHIVE - Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, a attaqué mercredi la France et l'Allemagne pour leur condamnation de la saisie par Téhéran de deux pétroliers grecs. "Nous rejetons fermement ces déclarations partiales et injustifiées qui sont apparemment devenues une habitude ancrée chez ceux qui les émettent", a déclaré Khatibzadeh, en référence à deux communiqués publiés par les chancelleries de Berlin et de Paris.

"Nous recommandons à ces pays de soutenir les processus judiciaires fondés sur les règles et règlements internationaux visant à garantir la liberté de navigation et la sécurité maritime au lieu de se dérober et d'apporter un soutien inutile aux violations commises par les navires grecs", a poursuivi Khatibzadeh. 

Vendredi dernier, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), un corps d'élite placé sous le commandement du guide suprême iranien, a saisi deux pétroliers grecs dans le Golfe, les accusant de "commettre des violations" dans les eaux du pays. Athènes a réagi en qualifiant l'opération du Corps des gardiens de la révolution islamique d'acte de "piraterie" et a déconseillé à ses citoyens de se rendre en Iran. 

Les actions de Téhéran sont intervenues quelques jours après que le pays hellénique ait fait de même à l'encontre d'un pétrolier russe qui transportait du pétrole iranien, dans le cadre des sanctions de Bruxelles à l'encontre de la Russie après son invasion de l'Ukraine. 

AFP PHOTO/HO/KHAMENEI.IR  -  Cadetes del Cuerpo de la Guardia Revolucionaria Islámica de Irán (IRGC) durante una ceremonia de graduación en la Universidad Imam Hussein de Teherán

Les rapports indiquent que la Grèce a ensuite entamé le processus de transfert du pétrole iranien saisi vers les États-Unis, qui ont à plusieurs reprises saisi des cargaisons de pétrole iranien et les ont revendues dans le cadre de leur régime de sanctions. 

Paris et Berlin ont fermement condamné les actions de l'Iran contre son allié grec. Le Quai d'Orsay a déclaré que la saisie des pétroliers constituait une "grave violation du droit international" et a appelé l'Iran à "libérer immédiatement les équipages et les navires". Le ministère allemand des Affaires étrangères, pour sa part, a qualifié les actions de Téhéran d'"ingérence injustifiable dans la navigation commerciale" et donc de "violation grave des normes internationales".

PHOTO/AFP  -   El petrolero de bandera iraní Fortune

Le porte-parole iranien a répondu en déplorant l'opposition franco-allemande aux "démarches juridiques" du pays perse, les accusant de faire deux poids deux mesures en "gardant le silence sur la saisie illégale d'un navire battant pavillon iranien par les autorités grecques et le déchargement de sa cargaison pour faire appliquer les règles extraterritoriales et les décisions internes d'un pays tiers [les États-Unis]".

"Comme nous l'avons dit aux responsables grecs, il convient de prendre les mesures nécessaires par les voies légales et judiciaires avec les autorités iraniennes compétentes pour résoudre les différends plutôt que de faire des coups politiques et médiatiques", a averti Khatibzadeh.

AFP/ ATTA KENARE  -   Al menos tres personas han muerto en el ataque contra un carguero de petróleo iraní,

Le secteur pétrolier iranien est soumis aux sanctions américaines depuis 2018, date à laquelle l'administration Trump a abandonné le plan d'action global conjoint (JCPOA). Ce dernier, plus connu sous le nom d'"accord sur le nucléaire iranien", est un traité international signé par l'Iran, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'UE, la Russie et la Chine, qui réglemente le programme nucléaire iranien afin de garantir son utilisation à des fins civiles en échange de la levée des sanctions internationales. Cependant, Trump a abandonné l'accord et a rétabli le régime de sanctions, exigeant de la République islamique un certain nombre de concessions en matière de politique intérieure et étrangère. 

Depuis lors, Téhéran a réagi en saisissant à plusieurs reprises des pétroliers et des navires étrangers, entre autres actions. En 2019 déjà, l'Iran a retenu un pétrolier britannique après que le Royaume-Uni ait fait de même avec un pétrolier iranien à Gibraltar. En 2021 également, un cargo sud-coréen a connu le même sort, suite au refus de Séoul de dégeler quelque 7 milliards de dollars d'avoirs iraniens sanctionnés par Washington. Et maintenant, il semble que Téhéran utilise à nouveau la même tactique. 

AFP PHOTO/MINCI  -   Fotografía de archivo del petrolero de bandera iraní Fortune atracado en la refinería de El Palito tras su llegada a Puerto Cabello, en el estado norteño de Carabobo, Venezuela, el 25 de mayo de 2020

"Malheureusement, le gouvernement grec a montré que recevoir des ordres d'un tiers est plus important pour lui. Mais nous pensons que les relations entre l'Iran et la Grèce doivent rester bien intentionnées", a déclaré Khatibzadeh dans une déclaration antérieure, faisant référence aux pressions présumées de Washington sur Athènes. "Je suggère au gouvernement grec d'emprunter la voie légale et judiciaire", a ajouté le porte-parole iranien. 

Dans le même temps, selon Amwaj.media, la chaîne publique iranienne Al-Alam TV a menacé la Grèce de capturer à nouveau ses navires si elle ne comprenait pas le "message" du CGRI, ajoutant qu'il y avait jusqu'à 17 navires grecs dans le Golfe à ce moment-là. Kayhan, un journal proche du dirigeant suprême, a averti que le CGRI ferait de même pour "tout pays sous commandement américain".

Ce nouvel épisode intervient alors que les négociations menées à Vienne entre les signataires du JCPOA pour revenir à l'accord de Washington sont au point mort face au refus de la Maison Blanche de retirer le CGRI de la liste des organisations terroristes étrangères du Département d'Etat, l'une des principales demandes de Téhéran. 

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra

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