Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France condamnent également "toute tentative d'utiliser cette accusation comme prétexte à une escalade" par Moscou

L'Occident rejette les allégations russes concernant une prétendue attaque à la "bombe sale" en Ukraine

photo_camera Mikhail Tereshchenko, Sputnik, Kremlin via AP - Le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu

Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont conjointement rejeté les dernières accusations russes contre l'Ukraine. Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoigu, Kiev prépare une attaque avec une "bombe sale", une arme conventionnelle qui abrite des matériaux radioactifs et est donc capable de contaminer plusieurs zones. Shoigu a fait ces remarques lors d'une série de conversations téléphoniques avec plusieurs homologues occidentaux au cours du week-end. Le responsable militaire russe a également fait allusion aux "éventuelles provocations" du gouvernement ukrainien.

Toutefois, Washington, Londres et Paris ont fait savoir "clairement" qu'ils rejetaient ces accusations "manifestement fausses" et tout "prétexte" pouvant conduire à une escalade militaire de la part de Moscou. L'Ukraine a renoncé à ses armes nucléaires dans les années 1990, et rien ne prouve qu'elle en possède.

Ben Wallace, ministre britannique de la Défense, a souligné que les affirmations de Shoigu ne devaient pas être utilisées "comme prétexte à une nouvelle escalade". Dans cette déclaration, Wallace a également déclaré que son homologue russe avait indiqué que les actions prévues par Kiev avaient été "facilitées" par les pays occidentaux. 

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Mason Clark, analyste à l'Institute for the Study of War (ISW), estime qu'il est "improbable" que le Kremlin prépare une attaque imminente de type "false flag dirty bomb". Clark exclut également "les préparatifs russes visant à utiliser des armes nucléaires non stratégiques en Ukraine". Comme le suggère l'expert, les déclarations de Shoigu visent à "faire pression sur l'Ukraine et à intimider l'OTAN".

Le ministre ukrainien de la Défense, Dmytro Kuleba, a pour sa part qualifié les déclarations de son homologue russe d'"absurdes et dangereuses", soulignant que les Russes "accusent souvent les autres de ce qu'ils préparent eux-mêmes". Kuleba a également rappelé que l'Ukraine est un membre "engagé" du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), qu'elle ne possède pas de bombes sales et qu'elle ne prévoit pas d'en acquérir.

Le président Volodimir Zelensky est du même avis et prévient que les accusations de Moscou signifient que "la Russie a déjà préparé quelque chose". Le dirigeant ukrainien appelle donc le monde à "réagir aussi durement que possible". 

En plus de mettre en garde contre cette attaque présumée, Shoigu a également fait remarquer à son homologue français, Sébastien Lecornu, que la situation en Ukraine "se détériore rapidement" et se dirige vers "une nouvelle escalade incontrôlée". Malgré ces graves déclarations, le président français Emmanuel Macron s'est montré optimiste à l'égard du conflit et a évoqué la perspective de la paix.

"Il y a une perspective de paix, elle viendra à un moment donné", a déclaré Macron lors d'une conférence à Rome.  Pour le président français, c'est à l'Ukraine de "décider du moment et des conditions de la paix" avec Moscou. "Rester neutre reviendrait à accepter l'ordre mondial du plus fort, et je ne suis pas d'accord avec cela", a ajouté Macron, selon AP.

Pendant ce temps, les attaques russes contre l'infrastructure énergétique de l'Ukraine se poursuivent. Selon les autorités de Kiev, près de 1,5 million de foyers étaient privés d'électricité en raison des bombardements en cours samedi.

Pendant ce temps, l'armée ukrainienne maintient une contre-offensive militaire près de la région de Kherson annexée par la Russie, où Moscou a commencé à évacuer la population. Comme le rapporte The Kyiv Independent, les autorités russes de Kherson prévoient de couper l'accès à l'internet, au téléphone et aux médias afin d'imposer un "blocus de l'information" et d'"isoler" la ville pendant la contre-offensive de Kiev.   

Par ailleurs, selon l'état-major ukrainien cité par ISW, des officiers et des médecins russes ont été évacués de Beryslav, une ville située au nord-est de Kherson. "Seuls 2 000 soldats nouvellement mobilisés et inexpérimentés ont été laissés en arrière pour tenir la ligne de front et retarder l'avancée ukrainienne pendant que les Russes achevaient leur retrait", explique le rapport. C'est pourquoi l'ISW souligne que les réservistes russes "mal entraînés" ont "peu de chances" de pouvoir résister à l'offensive ukrainienne.

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.

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