Face aux critiques du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, Borrell défend à la fois l'approbation de nouvelles sanctions et l'envoi d'armes à l'Ukraine

L'UE augmente l'aide militaire à l'Ukraine de 500 millions d'euros

photo_camera AFP/SERGEI SUPINSKY - Les combattants de l'unité de défense territoriale, une force de soutien de l'armée régulière ukrainienne

L'aide militaire à l'Ukraine continue d'augmenter. Les ministres européens des Affaires étrangères ont promis une aide militaire de 500 millions d'euros à l'Ukraine dans le but de renforcer la défense du pays face à une situation de guerre qu'ils ont déjà qualifiée d'"usure".

Cette nouvelle décision intervient après que le ministère ukrainien des Affaires étrangères a publié un rapport sur les derniers développements du conflit et les attaques russes. En vue de l'approbation du nouveau paquet d'aide, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a exprimé sa "gratitude" pour les nouveaux fonds, qui ont porté le montant total de l'aide de l'UE à 2,5 milliards d'euros, même s'il a exhorté les Vingt-sept à fournir encore plus car c'est encore insuffisant. 

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Pour le Haut représentant de l'UE Josep Borrell, l'envoi d'une aide en armement à l'Ukraine est crucial et nous "la fournirons (...) la guerre continuera". Concernant le débat sur l'efficacité des sanctions, Borrell a critiqué le fait que "plusieurs dirigeants européens ont déclaré que les sanctions étaient une erreur", après que le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a affirmé qu'avec les sanctions, "l'Europe s'est tirée une balle dans les poumons".

Toutefois, il défend leur mise en œuvre car la Russie "bombarde sans discrimination toute sorte d'infrastructure civile, tuant des innocents (...) c'est une tragédie". Borrell affirme que ces mesures ne sont pas une erreur, "c'est ce que nous devions faire et nous allons continuer à le faire". 

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Depuis que la Russie a commencé son invasion de l'Ukraine, l'Europe a décidé, pour la première fois de son histoire, de mobiliser le Fonds européen pour la paix pour financer des livraisons d'armes. Le Fonds, qui disposait d'un budget global de 5 milliards d'euros pour la période 2021-2027, n'en a plus que la moitié disponible après avoir été utilisé pour l'aide à l'Ukraine.

Selon le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, ce sont les armes que l'Europe a pu fournir qui ont permis "d'aider les Ukrainiens à arrêter l'attaque généralisée de leur territoire".  C'est ce qui leur a permis de reprendre le contrôle de l'île des Serpents et c'est ce qui permettra probablement à l'Ukraine de relancer le transport de céréales depuis le port d'Odessa". Landsbergis a donc souligné l'importance de "poursuivre les livraisons d'armes" et a déclaré que "tout pays qui le peut devrait accélérer ses livraisons".

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En Espagne, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, s'est déclaré favorable au déblocage de la nouvelle aide de 500 millions d'euros car il s'agit de "soutenir l'effort militaire de l'armée ukrainienne pour préserver sa souveraineté, son intégrité territoriale, sa liberté et sa démocratie".

Dans ce contexte, l'Europe envisage de donner son feu vert au septième train de sanctions contre le Kremlin. Contrairement aux autres mesures, les nouvelles sanctions comprennent une interdiction de l'or russe, une mesure qui aurait été adoptée lors du sommet du G7. De même, la liste noire des oligarques et des dirigeants russes sanctionnés sera étendue, bien qu'aucune mesure supplémentaire concernant le secteur de l'énergie ne soit envisagée au-delà de l'interdiction actuelle des importations de charbon russe, qui entrera en vigueur à partir du mois d'août, et de l'embargo pétrolier, qui est prévu pour la fin de cette année.

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De même, dans ce nouveau paquet, les sanctions contre le gaz russe seraient exemptées, au moment où le gazoduc Nord Stream 1 serait fermé pour travaux. Dans ce contexte, Borrell a indiqué qu'il savait que "la Russie pourrait utiliser l'arme comme gaz contre nous". En fait, ils l'ont déjà fait, en réduisant les livraisons de gaz", mais ce n'est pas pour autant que l'Union européenne cédera "au chantage du Kremlin", c'est pourquoi le soutien à l'Ukraine est imparable.

Un autre problème qui préoccupe les dirigeants européens est le risque d'une grave crise alimentaire mondiale à la suite du blocage par Moscou de plus de 20 millions de tonnes de céréales en Ukraine. Afin de pouvoir exporter ces céréales, l'UE a mis en place des itinéraires alternatifs qui permettraient d'exporter les céréales par transport ferroviaire.

Malgré cela, Borrell continue de déclarer que ces mesures sont "insuffisantes", raison pour laquelle il est nécessaire d'approuver un accord, avec la médiation de la Turquie, pour débloquer le port d'Odessa, ainsi que d'autres ports ukrainiens, puisque, selon les mots du haut représentant, "c'est une question de vie ou de mort". 

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