Pékin apparaît comme un acteur clé pour mettre fin à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Pendant ce temps, l'UE se réunit à Paris pour discuter d'une nouvelle politique de défense

L'UE considère la Chine comme la solution pour arrêter Poutine

PHOTO/REUTERS   - Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le président du Conseil européen Charles Michel, le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen

L'Ukraine continue de résister à l'invasion russe. Les attaques de Moscou n'ont pas cessé et elles n'ont même pas respecté le cessez-le-feu approuvé pour permettre aux civils de sortir par les couloirs humanitaires. Ces dernières heures, l'Ukraine a également dénoncé le bombardement d'un hôpital pour enfants à Mariupol, où au moins 17 personnes auraient été blessées.

Les attaques incessantes de la Russie ont provoqué la condamnation de l'Union européenne. Aux sanctions s'est ajouté l'envoi par l'UE-27 d'armes et d'aide humanitaire à l'Ukraine, et bien qu'à court et moyen terme cette mesure soit efficace, le pays ukrainien ne peut plus supporter cette situation de guerre, du moins par ses propres moyens. 

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C'est pourquoi l'UE s'est tournée vers la Chine pour sa médiation et sa diplomatie. Consciente de l'influence du géant chinois sur la Russie, l'Europe se tourne désormais vers la Chine comme un pays pouvant jouer un rôle important de médiateur entre Moscou et Kiev. Selon le Haut représentant pour l'Union européenne, Josep Borrell, la Chine peut jouer un rôle important "non pas en tant que médiateur, car il est évident qu'elle est beaucoup plus proche de la position de la Russie, mais elle peut jouer un rôle d'influence (...) c'est un pays qui peut jouer un rôle très important, s'il le veut, dans la recherche d'une solution diplomatique pour mettre fin à la crise". 

Il est nécessaire d'être conscient de la configuration actuelle du monde pour comprendre le jeu de la diplomatie du XXIe siècle. Bien que la chute du mur de Berlin ait marqué un avant et un après dans la configuration géopolitique, la rivalité entre les États-Unis et la Russie est restée latente. À cela s'ajoute maintenant l'incursion de la Chine, un pays qui cherche à étendre son influence au niveau mondial par le commerce, la construction d'infrastructures et l'investissement. Dans ce scénario, la Russie et la Chine ont pu entretenir des relations caractérisées par la commodité et l'utilité plutôt que par l'hégémonie.

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 Cette nouvelle donne intervient également à un moment où l'Union européenne perd son influence sur la scène internationale de manière quasi exponentielle, avec toutes les conséquences que cela peut entraîner dans les domaines politique, économique et social. Aujourd'hui, face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cet ordre revient sur le devant de la scène, et c'est là que l'on peut observer les principaux mouvements des dirigeants internationaux à la recherche de la paix, mais aussi du maintien des valeurs et donc de l'influence internationale.  

 Le jeu de la Chine

En l'occurrence, le géant asiatique continue de s'abstenir de rejeter l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Elle l'a fait lors de la première session du Conseil de sécurité vendredi dernier, lorsque la Russie a décidé d'opposer son veto à une éventuelle résolution du conflit. Par la suite, Pékin a réaffirmé sa position à l'Assemblée générale des Nations unies, où la Chine a maintenu son abstention, démontrant ainsi sa position sur l'invasion. 

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En février, une réunion entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping s'est conclue par une sentence : les relations entre la Chine et la Russie " n'ont pas de limites ". C'est ce qui ressort d'un communiqué conjoint publié à l'issue de la réunion, dans lequel Jinping a mis par écrit son soutien à la demande de la Russie pour que l'OTAN freine son expansion en Europe de l'Est, ce que Poutine a exigé en décembre dernier dans le cadre du nouvel accord de sécurité proposé par Moscou avec l'OTAN et les États-Unis.

Dans ce document, Poutine a exigé que l'OTAN s'engage à mettre fin aux opérations militaires dans les pays d'Europe orientale, d'Asie centrale et d'Europe de l'Est. Pour cette raison, l'Alliance a déclaré que toute incursion russe aurait des "conséquences massives". Deux mois plus tard, Moscou a lancé une invasion militaire de l'Ukraine qui en est à sa deuxième semaine. 

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Les premières réactions des États-Unis et de l'Union européenne ont été typiquement pacifiques sur le plan militaire. Les sanctions ont été les principales réponses de l'Occident. Cependant, les attaques massives de la Russie, non seulement contre des enclaves militaires mais aussi civiles, ont incité l'Occident à réagir au-delà des sanctions économiques.

Mais comment les sanctions économiques affectent-elles réellement Moscou ? En réalité, ces mesures peuvent causer de graves dommages à l'économie russe, qui, même avec le soutien de la Chine, ne pourra pas échapper à leurs conséquences. De même, la Chine ne veut pas mettre en péril son harmonie avec l'Europe, mais elle ne veut pas non plus nuire à ses relations avec la Russie. Il s'agit d'une situation complexe qui l'incite à la prudence lorsqu'il s'agit de prendre position sur l'invasion de Moscou. 

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En ce sens, la Chine a réservé un accueil géopolitique quelque peu froid à l'invasion russe. Outre les abstentions, Pékin a appelé à la "retenue". Lors d'une conversation avec son homologue français, Emmanuel Macron, et son homologue allemand, Olaf Scholz, le président chinois Xi Jinping a fait valoir que la priorité dans cette situation est de veiller à ce que "cela ne devienne pas hors de contrôle (...) la Chine est blessée de voir les flammes de la guerre s'allumer en Europe", a-t-il déclaré.

Toutefois, la Chine n'a pas encore qualifié l'incursion russe d'"invasion" et insiste à la fois sur le "respect de l'intégrité territoriale de tous les pays" et sur les "demandes légitimes de sécurité" de la Russie. Pékin ne veut pas de guerre, cette situation n'est pas dans son intérêt, et pour cette raison, la Chine n'y est pas favorable non plus.  Malgré cela, la réalité est que, comme l'a souligné le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, les relations entre la Chine et la Russie sont "solides comme le roc". 

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Depuis l'Espagne, le gouvernement estime que la démarche chinoise "est intéressante" pour commencer à construire une solution pacifique. Ils affirment que la Chine n'a aucun intérêt à soutenir un conflit armé et rappellent que les relations commerciales entre Pékin et les pays européens sont beaucoup plus importantes qu'avec Moscou.

¿Nueva política de Defensa europea? Une nouvelle politique européenne de Défense ? 

Alors que les Vingt-sept soutiennent de plus en plus la proposition de médiation de la Chine dans cette situation, l'Europe a adopté à pas de géant une politique dont beaucoup pensaient qu'elle resterait paralysée : la politique européenne de défense et l'augmentation du budget de l'armement.

En ce sens, Poutine a réalisé quelque chose qui n'était pas envisagé par l'Union, à savoir cette évolution vers une politique de défense qui s'engage à augmenter le budget de l'armement, ainsi qu'à réduire la dépendance énergétique de la Russie.

Les chefs d'État et de gouvernement se réuniront à Paris pour discuter de ces nouvelles propositions, qui prévoient notamment de "renforcer et développer l'industrie européenne de la défense (...) d'augmenter substantiellement les dépenses de défense" et de faire place à la "boussole stratégique" conçue par Borrell.

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Selon Borrell, "nous préférons tous le beurre aux canons, mais il y a 50 ans, les pays de l'UE consacraient 4 % de leur PIB à la défense, et aujourd'hui ils en sont à 1,5 % de leur PIB", une situation qui se heurte aux investissements des États-Unis, de la Russie, de la Chine et de l'Inde dans le budget de l'armement. Borrell a déclaré lors de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg que "les Européens ont besoin du bruit des bombes tombant sur Kiev à cinq heures du matin il y a 15 jours pour les réveiller de leur rêve de bien-être". 

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Entre-temps, l'Ukraine est confrontée à une situation complexe. L'invasion de la Russie a montré que Kiev n'a pas d'alliés internationaux mais plutôt des partenaires. Cette situation se reflète dans les efforts déployés par le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour amener l'Occident à jouer un rôle direct dans le conflit, par exemple en approuvant la zone d'exclusion aérienne ou en donnant le feu vert à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union et à l'OTAN, ce qui ferait entrer pleinement l'Europe dans la guerre.

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