La controverse s'éternise suite à la nouvelle constitution rédigée unilatéralement par le président tunisien

L'UGTT exhorte Saied à tenir des pourparlers après le fort taux d'abstention aux élections tunisiennes

AFP/KARIM JAAFAR - Le président de la Tunisie, Kais Saied

La puissante confédération syndicale tunisienne, l'UGTT, a haussé le ton mardi contre le président Kais Saied après le taux de participation "abyssal" aux élections législatives, avec 11,2%, et l'a exhorté au dialogue tout en appelant la société civile à sortir de son silence pour faire son devoir. 

La raison de cette abstention - la plus forte depuis le début de la transition en 2011 - est due au "désespoir" des citoyens qui, a déclaré le secrétaire général du syndicat, Noureddine Taboubi, dans un discours public, "ne laisseront pas le pays devenir la proie du populisme". 

Si l'UGTT a d'abord soutenu l'initiative du président, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs en juin 2021 après avoir limogé le gouvernement et suspendu le parlement afin de "préserver la paix sociale", il a durci son discours ces derniers mois. 

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Le principal élément déclencheur a été la nouvelle Constitution, rédigée unilatéralement par Saied, approuvée par référendum malgré un taux d'abstention de 70 %, et qui instaure un régime "ultra-présidentiel", selon les experts. 

"Il est temps que la société civile et les organisations nationales jouent leur rôle national (...) Aujourd'hui, le silence est un crime. Nous ne les laisserons pas attaquer le pays et nous n'aurons pas peur des prisons", a averti le dirigeant syndical, qui rejette à la fois le système semi-parlementaire et le "populisme excessif" de Said. 

Taboubi a également critiqué la classe politique, affirmant que "les citoyens détestent tous les partis, il semble que l'opposition n'ait pas appris sa leçon". 

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L'organisme électoral a revu hier à la hausse le taux de participation au premier tour des élections législatives de samedi dernier, qui est passé de 8,8% à 11,22%, soit 1,2 million d'électeurs sur un total de neuf millions. 

L'élection, à laquelle ont participé 1 055 candidats - dont 122 femmes - était régie par une nouvelle loi électorale qui remplace les listes des partis politiques par des candidats uninominaux. 

L'opposition, qui a boycotté le processus, a demandé l'annulation du second tour et exigé la démission du président, qu'elle a qualifié d'"illégitime", ainsi que la tenue d'élections présidentielles anticipées.