Macron sur la colonisation française de l'Algérie : "Je ne dois pas m'excuser"
Le président français Emmanuel Macron a répondu fermement aux demandes d'excuses de l'Algérie pour la colonisation française du pays d'Afrique du nord. Dans une interview accordée à l'écrivain algérien Kamel Daoud pour le magazine Le Point, le dirigeant français a mis fin à l'affaire en déclarant sans ambages : "Je ne dois pas m'excuser".
Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne s'excuserait pas auprès des Algériens pour la colonisation de son pays, lors de l'entretien avec Le Point. "Je ne dois pas m'excuser. Ce n'est pas la question, ce mot (s'excuser) briserait tous les liens, je ne m'excuserai pas auprès de l'Algérie", a expliqué le président français. Emmanuel Macron a également fait valoir que le pire serait de s'excuser puis de passer son chemin.
L'écrivain et chroniqueur au Point, @daoud_kamel, a su convaincre le président français @EmmanuelMacron de se confier à lui sur la complexe et passionnelle relation entre la France et l'Algérie.
— Le Point (@LePoint) January 11, 2023
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Macron a souligné que "le travail de mémoire et d'histoire n'est pas un calcul abstrait. C'est le contraire. Le travail de mémoire et d'histoire consiste à reconnaître qu'il existe des choses qui ne peuvent être décrites, des choses qui ne peuvent être comprises, des choses qui ne peuvent être prouvées, des choses qui ne peuvent être pardonnées". Ainsi, Emmanuel Macron a évoqué le fait que les études historiques et mémorielles ne sont pas comme les bilans et a expliqué qu'elles sont "incomprises et indécises". "Le passé qui nous sépare nous unit aussi", a déclaré le président français, ajoutant que l'Algérie et la France ne peuvent suivre leur propre chemin en s'éloignant et en s'ignorant.
Sur l'épisode concernant sa visite en Algérie en août et les messages de "Vive l'Algérie" qui ont été lancés alors qu'il saluait la foule rassemblée à Oran, Macron a indiqué que les gens ont été "chaleureux" dans leur accueil et qu'ils lui ont souhaité la bienvenue ainsi qu'à son entourage ; mais il a également souligné que certaines personnes idéologisées se sont mêlées aux participants pour lancer leurs slogans, dont certains étaient même insultants.
Emmanuel Macron a expliqué que la population générale est satisfaite de lui, mais a noté que les radicaux ont essayé de manipuler la visite officielle en faveur de leurs propres intérêts.
La demande d'excuses de la France pour son passé colonial en Algérie (1830-1962) est au cœur des relations bilatérales entre les deux nations et des tensions récurrentes entre les deux pays, comme l'ont souligné divers médias et experts. Et la question est à nouveau d'actualité avec la dernière interview du président français.
Emmanuel Macron a également évoqué le rapport commandé à l'historien franco-algérien Benjamin Stora sur l'histoire de la colonisation de l'Algérie par la France. L'Algérie a reçu avec une grande déception le travail de Stora, commandé par Macron, qui appelait à une série d'initiatives pour parvenir à la réconciliation entre les deux pays. Mais le rapport ne contient aucune recommandation d'excuses ou de remords, contrairement à ce que l'Algérie a toujours demandé.
Le mandat de Benjamin Stora était de réaliser un récit détaillé de toutes les actions commises lors de la guerre de décolonisation entre l'Algérie et la France, avec un dénominateur commun : "Contribuer à apaiser les esprits de tous ceux que la guerre a anéantis en France et en Algérie". Stora a fait son travail, et cela fait deux ans qu'il a remis son rapport à Macron, qui n'a pas été bien accueilli par les autorités algériennes, qui continuent à exiger le souvenir et des réparations. Cette position immobile pourrait être interprétée comme un intérêt ou un désir de la part des dirigeants du pays maghrébin de continuer à maintenir les plaies du passé ouvertes tandis que la France continue à être rappelée à sa "culpabilité" pour son passé de métropole colonisatrice. Cela ne serait pas propice au rétablissement de meilleurs liens entre les deux nations.
