Le Premier ministre israélien, qui a reçu en avril un mandat du président Reuven Rivlin pour former un gouvernement, n'a pas pu réunir une majorité de 61 députés

Netanyahou n'a aucune chance de former un gouvernement en Israël

AFP/ DEBBIE HILL - Le mandat de Netanyahou pour former un gouvernement après des élections non concluantes a expiré le 5 mai 2021, donnant à ses rivaux une chance de prendre le pouvoir et de mettre fin au mandat record du Premier ministre, qui est source de divisions.

Un an à peine après les dernières élections législatives en Israël, il semble que rien n'ait changé dans le paysage politique de l'État juif. Lorsque, le 6 avril, il a été chargé de former un gouvernement pour la sixième fois de sa longue carrière politique, après des semaines d'intrigues, de discussions dans les couloirs et de rumeurs parfois contradictoires, le plus ancien Premier ministre de l'histoire d'Israël n'a pas réussi à réunir une majorité de 61 députés pour former un exécutif viable. Peu avant minuit, Benjamin Netanyahu a informé la présidence qu'il ne pouvait pas former un gouvernement et a donc rendu le mandat au président, Reuven Rivlin.

El político israelí Naftali Bennett, líder del partido de derecha 'Nueva Derecha', habla con sus partidarios después de los primeros resultados de la encuesta a pie de urna para las elecciones parlamentarias israelíes en la sede de su partido en Petah Tikva AP/TSAFRIR ABAYOV

Ces dernières semaines, l'impasse dans laquelle se trouve le paysage politique israélien est à nouveau une réalité. M. Netanyahou a essayé de former un "gouvernement de droite" en comptant sur ses alliés dans les partis ultra-orthodoxes. Les formations de droite comme Yamina, dirigée par Naftali Benet, avec 7 sièges et le Parti sioniste religieux, avec 6 sièges, fortement raciste et anti-arabe, n'a pas réussi à attirer plus de partenaires que les traditionnels, les négociations étant bloquées depuis des semaines. Mais même avec la somme de ces soutiens, son résultat politique est resté à 59, soit deux députés de moins que la majorité parlementaire. Pour tenter d'atteindre ce seuil, le premier ministre a essayé sans succès de rapatrier les membres de la frange de droite qui avaient quitté le parti Likoud de Netanyahou pour former le parti conservateur "Nouvel espoir", et a courtisé le parti islamiste Raam dirigé par Mansour Abbas avec 4 sièges, ce qui a rendu l'extrême droite furieuse, fermant les portes à une éventuelle union entre les partis islamistes et juifs religieux en Israël.

El presidente israelí, Reuven Rivlin, asiste a una reunión de consulta con los representantes de los partidos elegidos para el parlamento (Knesset) AFP/ AMIR COHEN

Israël est à la veille d'une cinquième élection. Si Netanyahou ne parvient pas à obtenir l'aval de la majorité absolue de la Chambre, le président de l'État d'Israël, Reuven Rivlin, a la possibilité de confier au centriste Yair Lapid, chef du deuxième parti le plus voté, Yesh Atid, avec 17 sièges, la formation d'un cabinet de large coalition. Lapid - qui ne dispose pas non plus d'une majorité claire - est à la tête du "bloc du changement", un amalgame de plus de sept formations d'idéologie très diverse allant de l'extrême droite, du centre et de la gauche, mais qui sont unies dans leur opposition à Netanyahou. Toutefois, les différences extrêmes semblent rendre difficile la formation d'une coalition d'opposition, étant donné qu'elle nécessite le soutien d'au moins un parti arabe ainsi que d'une ou deux formations sionistes d'extrême droite.

El político árabe israelí, líder de la Lista Árabe Unida, Mansour Abbas AFP/ABIR SULTAN

La sphère politique en Israël est plus que convulsive, la composition d'une coalition est une course d'obstacles constante, une fois que les votes clairement "anti-Netanyahu" de la gauche, du centre et de la droite sont rassemblés, avec une majorité équitable au Parlement (Knesset), avec 51 députés ce "bloc du changement" peut aspirer à contrôler la présidence de la Chambre. Mais, il lui faudrait réunir 10 sièges supplémentaires auprès des partis arabes (10 élus au total) ou de la formation de droite radicale Yamina, dirigée par Naftali Bennett, bien qu'elle n'ait que sept sièges, est un acteur clé qui pourrait faire pencher la balance en faveur de Netanyahou ou de ses adversaires. Pendant ce temps, elle a également négocié avec le bloc d'opposition dirigé par Lapid et rassemble un amalgame de partis, de l'extrême droite au centre-gauche, opposés à l'actuel Premier ministre.

El político árabe israelí, líder de la Lista Árabe Unida, Mansour Abbas AFP/ABIR SULTAN

Jusqu'à présent, ni le bloc de Netanyahu ni l'opposition ne garantissent une majorité absolue de 61 des 120 membres du Parlement israélien nécessaires pour créer un gouvernement de coalition. La surprise est venue lorsque le parti de Netanyahou, le Likoud, a tenté de présenter à la commission parlementaire une proposition législative visant à permettre l'élection directe du premier ministre, ce qui donnerait à l'actuel chef du gouvernement plus de chances de renouveler son poste, puisque son parti a été le plus voté en mars, et a réussi à faire passer une proposition visant à accepter dans la procédure parlementaire la légalisation des colonies juives en Cisjordanie occupée, ce qui a entraîné le soutien de leurs alignés idéologiques, qui sont jusqu'à présent opposés à la formation d'un gouvernement de coalition avec Netanyahou.

El ministro israelí de Transporte, Bezalel Smotrich (izquierda), y el ministro de Educación, Rafi Peretz (derecha), asisten al lanzamiento del partido político "Yemina" el 12 de agosto de 2019 en la ciudad israelí de Ramat Gan AFP/ JACK GUEZ

Mais une fois rassemblés les votes clairement "anti-Netanyahou" de la gauche, du centre et de la droite, le compteur de ce "bloc du changement" s'arrête à 51 députés. Il lui faudrait donc réunir 10 autres sièges auprès des partis arabes (10 élus au total) ou de la formation de droite radicale Yamina, dirigée par Naftali Bennett, à qui  Netanyahou est venu proposer lundi, sans succès, le poste de premier ministre dans le cadre d'une rotation du pouvoir. Benet, avec ses sept sièges, pourrait faire pencher la balance, mais il n'est pas parvenu à un accord avec Netanyahou et a rejeté la proposition de diriger le gouvernement pendant la première année, dans le cadre d'un accord de rotation. Il pourrait maintenant soutenir Lapid, qui, s'il reçoit le mandat, aura la tâche difficile de rassembler un groupe hétéroclite de partis aux approches presque opposées. 

Si l'opposition parvient à former un gouvernement, une page de l'histoire d'Israël sera tournée avec le départ de Benyamin Netanyahou, qui a passé les 12 dernières années au pouvoir. Dans le cas contraire, les Israéliens risquent de retourner aux urnes pour la cinquième fois en un peu plus de deux ans. Dans l'ensemble, le paysage politique israélien est incertain et semble devoir le rester.
 

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