Nizar Derdabi, ancien officier supérieur de la Gendarmerie royale marocaine, parle à Atalayar de la coopération entre le Royaume et certains pays du Sahel, notamment en matière de sécurité

Nizar Derdabi: “Los problemas del Sahel afectan a toda la región”

photo_camera PHOTO/GUILLERMO LÓPEZ/ATALAYAR - Nizar Derdabi, ancien officier supérieur de la Gendarmerie royale marocaine

Nizar Derdabi, ancien officier supérieur de la Gendarmerie royale marocaine, était l'un des nombreux intervenants du 2e Forum de dialogue Sahel-Europe qui s'est tenu ce week-end à l'Université Francisco Vitoria (UFV) de Madrid. Lors de cet événement, certains des défis auxquels est confrontée la région africaine ont été présentés, ainsi que l'importance de sa stabilité pour l'Europe et le reste du continent africain.

Dans une interview accordée à Atalayar, Derdabi a souligné la coopération du Maroc avec certains pays du Sahel, notamment en matière de sécurité et d'échange d'informations, dans le but de prévenir les actes terroristes, l'un des principaux problèmes auxquels est confrontée la région.

On a beaucoup parlé de l'importance du Sahel et de sa stabilité pour l'Europe. Mais quelle est la perception de la région au Maghreb ? 

Alors, la région du Sahel a des liens historiques avec le le Maroc et avec le Maghreb, alors des liens historiques. Pourquoi ? Parce que les frontières des pays que nous voyons maintenant le Maroc, l'Algérie, etc. ce n'était pas les frontières qu'il y avait 200 et 300 ans. Par exemple, le Maroc, le Royaume du Maroc, s'étendait jusqu'à la Mauritanie et le Mali. Donc déjà, il y a des liens historiques, des liens aussi religieux. Il y a beaucoup d'autorités, par exemple le roi du Maroc, c'est le commandeur des croyants. C'est une autorité politique, mais c'est aussi une autorité religieuse, parce qu'il est descendant du prophète.

Donc, comme je vous ai dit, le Maroc, le roi du Maroc est une autorité religieuse pour beaucoup de confréries religieuses. Ce sont au Mali et à la Mauritanie, donc il y a un brassage des populations et par exemple, l'ethnie des Sahraouis c'est une ethnie qui existe au sud du Maroc, mais qui existe également au Mali et en Mauritanie, mais aussi en Algérie. Donc, tous ces liens historiques font que tous les pays sont très proches, alors le Maroc a une frontière directe avec la Mauritanie, avec l'Algérie, mais pas avec le Mali. Mais même si on n'a pas de frontières directes, on échange, on partage des intérêts économiques, tout d'abord, des intérêts sociaux et culturels. C'est ce qui fait que la relation, c'est une relation qui est très, très étroite. 

nizar derdabi

Le Maghreb est le lien entre l'Europe et le Sahel. Quelle dynamique le Maghreb, et le Maroc en particulier, adopte-t-il pour renforcer la stabilité au Sahel ? 

Eh bien donc ça tombe bien, c'est le sujet de mon intervention sur la masterclass alors le problème du Sahel, c'est un problème qui touche toute la région. Alors, les pays du Maghreb, notamment le Maroc et l'Algérie, ne sont pas actuellement impactés directement par l'instabilité, par l'insécurité qu'il est au Sahel. Néanmoins, les liens comme j'en ai parlé tout à l'heure, font que tout ce qui se passe au niveau de la région du Sahel a un impact sur les autres pays de la région. Alors le Maroc a un partenariat, notamment avec la Mauritanie et le Mali, un partenariat stratégique qui touche plusieurs domaines : le domaine économique qui a beaucoup d'échanges économiques, par exemple les besoins qu'ont les pays du Sahel, notamment dans les produits agricoles, les fruits et légumes, donc le Maroc fournit tous ces produits agricoles à la Mauritanie et au Mali et il y a aussi un échange dans l'autre sens.

Il y a aussi un échange de populations, beaucoup d'étudiants maliens et Mauritaniens bien se former au Maroc et sur le plan sécuritaire le Maroc, à travers ses écoles militaires, moi, je suis passé par une école militaire et dans les écoles militaires au Maroc, il y a beaucoup de stagiaires de des pays du Sahel, notamment Mali, Mauritanie, Sénégal, donc le Maroc, déjà participé par la formation. On ne participe pas former des cadres de leur service. Mais également les unités spéciales, donc l'unité des forces spéciales maliennes a été formée au Maroc, donc le Maroc fait profiter ces pays de son expertise dans le domaine sécuritaire, donc en plus de cela, il y a un autre volet qui est important, c'est le volet du renseignement. 

l II Foro de Diálogo Sahel-Europa

Alors pour lutter contre le terrorisme, il y a d'abord la phase de l'intervention. Mais ce qui est important, c'est la phase de l'anticipation. Et comment est-ce qu'on peut anticiper ces en se basant sur les services de renseignement ? C'est du renseignement humain. Donc les services de renseignement, comme vous avez en Espagne des services de renseignement extérieur et intérieur, les services de renseignement extérieur marocains ont des informateurs dans la région du Sahel, ont des éléments infiltrés des undercover et tout ce renseignement est partagé avec nos partenaires pour les prévenir d'éventuelles menaces. Alors par exemple, un exemple de la coopération du Maroc … Je sais pas si vous vous rappelez des attentats du Bataclan en France en 2015.  Donc ça c'est qu'un exemple d'échange en matière de renseignement. Alors au moment où les attentats ont eu lieu à Paris les renseignements extérieurs marocains avaient des renseignements sur la cellule. Ils les ont partagés avec leurs homologues français, ce qui a permis aux Français d'arrêter la cellule. Pourquoi ? Parce que le problème du terrorisme, c'est un problème global, par exemple, les terroristes qui sont passés à l'acte au Bataclan, ce sont des binationaux, c'est à dire, ce sont des citoyens d'origine marocaine mais installés en France et qui ont nationalité française.

Donc l'intérêt pour les pays européens, c'est de coopérer avec le Maroc parce que le Maroc a des réseaux, on a des tous ceux qui passent à l'action en Europe, ils répondent à ...des comment va dire... Au Maroc, il y a des commanditaires. Donc, ces commanditaires donnent les ordres aux cellules qui sont soit en Europe ou bien d'autres pays, en Afrique et donc les renseignements marocains peuvent exploiter ce renseignement et le partager avec leurs homologues européens mais aussi africains. Et l'échange se fait dans les 2 sens, la même chose, l'Espagne, aussi donné du renseignement au Maroc. Et ça, c'est le meilleur moyen de coopérer contre la menace terroriste. C'est la coopération en matière d'échanges de renseignements. 

Nizar Derdabi, exoficial superior de la Gendarmería Real de Marruecos

Comment décririez-vous la coopération entre le Maghreb et l´Europe en ce qui concerne le Sahel et ses défis ? 

Donc, si on parle coopération Maghreb Europe pour le Sahel, le Maroc dans sa stratégie de politique internationale, c'est qu'il donne une importance stratégique à la coopération. Pourquoi ? Parce que tous les domaines que ce soit le domaine des échanges économiques, des échanges sécuritaires comme on a parlé mais également dans beaucoup de l’utilisation des ressources premières, par exemple l'énergie et etcetera, les partenariats sont essentiels. Alors le Maroc donne une importance essentielle au partenariat mais malheureusement, pour parler de partenariat Maghreb Sahel, il y a un frein, c'est la crise qui existe actuellement entre le Maroc et L'Algérie. Alors, on en est tous conscients, c'est un problème politique auquel il faut une solution politique, mais malheureusement, c'est un problème qui constitué un frein pour le partenariat.

Donc, qu'est-ce qui se passe effectivement sur le terrain, c'est que le Maroc a des partenariats bilatéraux, l'Algérie a des partenariats bilatéraux aussi, mais on n'a pas un partenariat comme par exemple un partenariat entre l'Union européenne par exemple et un autre groupement de pays.

Donc, c'est un frein que ce soit sur le plan économique mais surtout sécuritaire.

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