Le juge de l'Audience nationale, Santiago Pedraz, a reporté la convocation du Ghali après avoir demandé d'identifier le leader avant de l'interroger

Report de la convocation de Brahim Ghali au tribunal

photo_camera AFP/PHIL MAGAKOE - Brahim Ghali, secrétaire général du Front Polisario

Les informations diffusées par différents médias sur l'arrivée en Espagne du leader du Front Polisario, Brahim Ghali, ont provoqué une vague de réactions de rejet. Le Ghali, actuellement hospitalisé depuis deux semaines dans un hôpital de Logroño, est convoqué par la justice espagnole pour des crimes présumés de génocide, terrorisme, enlèvement et graves violations des droits de l'homme, comme l'ont rapporté divers médias.

À cet égard, le Service d'action extérieure (SEAE), chargé de gérer les relations diplomatiques de l'Union européenne et dirigé par l'eurodéputé espagnol Josep Borrell, n'a publié aucune déclaration concernant son accueil, qui a indigné le Maroc.

Face au silence gouvernemental national et européen concernant son accueil, l'Audience nationale a convoqué le dirigeant pour qu'il témoigne en tant que prévenu pour un crime présumé de génocide et de torture de la population sahraouie dissidente réfugiée à Tindouf, en Algérie. Le rendez-vous judiciaire aurait eu lieu le 5 mai, mais le juge de l'Audience nationale, Santiago Pedraz, aurait ordonné de confirmer que l'homme hospitalisé à Logroño correspond à l'identité du leader du Front Polisario.

Atalayar_Audiencia Ghali

Cette réponse judiciaire a pu entraîner le report de la comparution de Brahim Ghali au 7 mai, ainsi que celle d'autres membres influents du mouvement indépendantiste.

Lors d'une conférence de presse, la ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, a affirmé que "si la justice comprend que M. Ghali doit répondre à la justice, M. Ghali comparaîtra devant la justice ; ce ne sera pas le gouvernement qui fera obstacle au fonctionnement indépendant et libre de la justice dans notre pays".

De même, Gonzalez Laya est apparu aux côtés de son homologue serbe, Nikola Selakovic, et a évoqué l'avenir du Ghali une fois son séjour à l'hôpital terminé. En ce sens, elle a expliqué qu'à la fin de son séjour à l'hôpital, Ghali va "évidemment" quitter l'Espagne.

Dans cette ligne, le ministre a souligné qu'"en Espagne, la justice est indépendante" et le gouvernement est "exquisément respectueux des actions du système judiciaire". Ainsi, a-t-elle ajouté, "la justice fera ce qu'elle a à faire et le gouvernement la respectera pleinement car il ne peut en être autrement dans un pays démocratique".

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Compte tenu du malaise que son accueil a provoqué tant au niveau diplomatique que politique avec le Maroc, M. Gonzalez Laya a rappelé que son accueil est dérivé strictement pour des "raisons humanitaires". En ce sens, le Maroc a demandé à l'Espagne des explications sur son accueil lorsqu'il a été déclaré terroriste par le pays marocain. Toutefois, M. Laya a souligné que le Maroc "a déjà reçu des explications suffisantes".

Cependant, pour le Maroc, ces explications ne sont pas suffisantes. Le 22 avril, le ministre marocain des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Espagne à Rabat, Ricardo Díez-Horchleitner, pour demander au gouvernement des explications sur cette décision, car il n'avait pas été consulté au préalable. En outre, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, n'a pas été satisfait des explications reçues et, dans une interview, il a demandé au gouvernement espagnol s'il était prêt à sacrifier ses relations pour cette affaire.

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D'autre part, la ministre des finances, María Jesús Montero, a affirmé que l'Espagne entretient "une magnifique relation de voisinage" et a souligné que les deux pays "sont appelés à collaborer". À cet égard, Mme Gonzalez Laya a tenu à souligner que la relation avec le Maroc est "extraordinaire" et que les relations entre les deux pays vont au-delà du voisinage pour être "deux partenaires privilégiés". 
 

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