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Report de la visite du Premier ministre français en Algérie

Un nouveau n'a pas encore été organisé, alors qu'Alger espère mettre sur la table la question du passif nucléaire du Sahara
Le Premier ministre français Jean Castex

PHOTO/AFP  -   Le Premier ministre français Jean Castex

La visite du Premier ministre français, Jean Castex, dans la capitale de l'Algérie était prévue pour le dimanche 11 avril prochain. Cependant, la visite a été reportée en raison des mauvaises données sur la contagion du COVID-19 dont souffre le pays africain ces derniers jours - c'est du moins la version officielle qui a conduit à l'annulation du voyage de Castex -. Selon les services du Premier ministre français, la réunion n'aurait pas pu se dérouler de manière "satisfaisante", ils ont donc décidé de la reporter jusqu'à ce que la situation s'améliore dans les deux pays. Pour l'instant, sous réserve de l'évolution de la pandémie, aucune nouvelle date n'a été retenue pour la rencontre entre Jean Castex et son homologue algérien, Abdelaziz Djera. 

Les représentants de la France et de l'Algérie devaient présider un comité intergouvernemental de haut niveau entre les deux pays qui ne s'était pas tenu depuis 2017 en raison du mouvement de contestation sociale du Hirak. Il faut rappeler que cela a finalement conduit à la chute du président algérien de l'époque, Abdelaziz Bouteflika, en 2019. Fin 2020 déjà, il était question de reprendre les pourparlers entre les deux pays, mais l'hospitalisation à cette époque d'Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, l'a rendu impossible. Aujourd'hui, ce sont les conséquences de la pandémie qui empêcheront une fois de plus la réunion d'avoir lieu. 

A cette occasion, il avait été prévu de traiter plusieurs questions et même de signer un accord, dont le contenu n'est pas connu. L'un des objectifs de la réunion prévue dimanche prochain est de prolonger l'aide et d'établir une ligne de coopération entre la France et ce qui fut sa colonie jusqu'en 1962. Cependant, s'il y a une question en particulier sur laquelle le pays présidé par Emmanuel Macron ne se sent pas particulièrement à l'aise, c'est tout ce qui concerne l'indépendance de l'Algérie. Même s'il est vrai que Macron a déjà fait quelques progrès dans ce domaine, comme la reconnaissance de la torture et du meurtre du leader indépendantiste algérien Ali Boumendjel. 

El presidente de Francia, Emmanuel Macron
PHOTO/CONSEIL EUROPÉEN - Le président de la France, Emmanuel Macron

Jeudi dernier, en préparation d'une réunion qui n'aura pas lieu, le chef d'état-major algérien, Said Chengriha, a rencontré son homologue français, le général Lecointre. Il est devenu le premier chef des armées françaises à se rendre à Alger depuis 2014. L'une des questions qui intéresse le plus la partie algérienne est celle relative aux responsabilités des essais nucléaires de la France au Sahara. Jusqu'à présent, ces domaines sont confinés à une certaine discrétion diplomatique entre les deux pays. L'Algérie espère que cette question, qu'elle considère d'une importance vitale, prendra du poids dans les relations entre les deux pays et qu'ils s'assiéront pour négocier à son sujet. 

La France a effectué jusqu'à 17 essais nucléaires entre 1960 et 1966 dans la région du Sahara, c'est-à-dire avant et après l'indépendance de l'Algérie en 1962. La rencontre entre les deux chefs d'armée a été utilisée par l'Algérie pour demander publiquement le "soutien" de Paris pour la "réhabilitation" des zones de Reggane et d'In Eker. Le différend sur les conséquences sanitaires et environnementales de cet ancien site atomique au Sahara n'a cessé d'alimenter le malaise de la mémoire des deux côtés de la Méditerranée, de sorte que pour la partie algérienne, il est prioritaire de pouvoir débloquer une situation qui est plus urgente pour elle que pour la partie française. 

Saïd Chengriha supervisa maniobras militares del Ejército de Argelia   en Tinduf
PHOTO/AP - Saïd Chengriha supervise des manœuvres militaires de l'armée algérienne à Tindouf.

Cependant, la nouvelle annulation de la visite du Premier ministre français en Algérie n'est pas un bon signe. Diverses sources suggèrent que les raisons liées aux affaires COVID-19 ne sont pas la cause réelle du report, mais qu'il est dû à un désaccord entre les parties sur le format de la réunion dans laquelle l'Algérie aurait souhaité avoir plus de poids. Quelle que soit la raison, la visite devra attendre, tout comme les aspirations de l'Algérie à un déblocage des sites d'essais nucléaires qu'elle souhaite tant obtenir.