Séville et l'INTA aspirent à remporter à Dubaï l'organisation du Congrès mondial d'astronautique de 2024
L'Espagne vient d'officialiser la candidature de Séville, capitale de l'Andalousie, pour accueillir en septembre ou octobre 2024 la 75e édition du Congrès international d'astronautique ou 75 IAC. Il s'agit d'un événement multidisciplinaire qui réunit chaque année quelque 6 000 scientifiques, chercheurs et hauts responsables du secteur, parmi lesquels les dirigeants des agences spatiales du monde entier.
La proposition a été faite par l'Institut national de technologie aérospatiale (INTA), un organisme public de recherche du ministère de la défense, la seule institution de l'administration espagnole qui est membre de la Fédération internationale d'astronautique (IAF), l'entité qui organise chaque année l'événement pour aborder les nombreux aspects de la technologie et des sciences spatiales.
Dans une lettre datée du 29 avril et adressée à la présidente de l'IAF, la scientifique autrichienne Pascale Ehrenfreund, le directeur général de l'INTA, le lieutenant général de l'air José María Salom, explique les raisons et les capacités qui l'incitent à proposer Séville pour accueillir ce qui sera le plus grand forum spatial en 2024. L'IAF étudiera les candidatures soumises et annoncera sa décision le 29 octobre, le jour de la clôture du Congrès de cette année (72 IAC), qui se tiendra à Dubaï à partir du 25 octobre sur le thème "Inspirer, innover et découvrir pour le bénéfice de l'humanité" et sous les auspices de l'Agence spatiale des Émirats.
L'initiative de l'Institut conduit une vingtaine d'entreprises et d'entités officielles et privées du secteur aérospatial espagnol, qui feraient partie du consortium chargé de faire du congrès une réalité. Parmi eux figurent le Centre pour le développement technologique industriel (CDTI), l'Association espagnole des entreprises de défense, de sécurité, de technologies aéronautiques et spatiales (TEDAE), la Plate-forme technologique aérospatiale espagnole, la Société aéronautique espagnole, l'Institut espagnol d'ingénierie, les pôles aérospatiaux d'Andalousie et de Madrid et l'Association espagnole de droit aéronautique et spatial.
La lettre du lieutenant général Salom est accompagnée d'une documentation complète et détaillée dans laquelle il expose le slogan sur lequel se concentrera le 75e Congrès, "La vie dans l'espace, l'espace pour la vie". Elle cherche à montrer comment les réalisations de la recherche spatiale contribuent "au progrès de la société dans son ensemble, en nous permettant de préserver notre planète et de la rendre plus habitable et durable".
La proposition du directeur général de l'INTA souligne que l'évolution de l'humanité "est étroitement liée à la recherche spatiale en termes de bien-être social et économique", dans le but de mettre en évidence la contribution de l'espace à 15 des 17 objectifs de développement durable établis par les Nations unies pour son Agenda 2030.
L'approche élaborée par l'Institut comprend des sessions ouvertes au public pour présenter les progrès réalisés dans l'exploration de Mars et de la Lune, la contribution de la technologie spatiale à la croissance économique et la surveillance du changement climatique. Il est complété par des forums sur les programmes spatiaux visant à étudier les étoiles du système solaire, à découvrir des exoplanètes habitables, les origines de la vie et l'astrobiologie, en plus du programme technique qui sera défini par le Comité international de programmation de l'IAF.
Avec l'approbation du maire de Séville et de sa corporation municipale, le vaste dossier comprend l'offre touristique et socioculturelle de la capitale de Séville et de ses environs, les réalisations les plus importantes de l'industrie spatiale espagnole, ainsi que l'importance du tissu industriel aérospatial existant dans la ville et dans la communauté autonome d'Andalousie, qui compte 152 entreprises, institutions, universités et centres technologiques.
Il contient également des lettres de soutien du ministre des sciences et de l'innovation, l'astronaute Pedro Duque ; du directeur général du CDTI, Javier Ponce ; du ministre de la transformation économique, de l'industrie, de la connaissance et des universités de la Junta de Andalucía, Rogelio Velasco ; du président de la Diputación de Sevilla, Fernando Rodríguez ; et du président d'Airbus Espagne, Alberto Gutiérrez.
Le lieutenant général Salom souligne dans sa proposition que Séville a été choisie ces trois dernières années pour accueillir des événements aérospatiaux majeurs. Parmi eux, il cite le sommet des ministres de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui a eu lieu en novembre 2019 au Palais des congrès et des expositions de Séville (FIBES), où il est proposé de tenir le congrès de 2024. Même dans l'année en cours, malgré la pandémie, un sommet virtuel sur l'économie spatiale industrielle 5.0 a été organisé. En outre, la ville a assuré la présidence du réseau des villes Ariane en 2019 et a été la capitale européenne du secteur spatial.
La candidature de Séville pour accueillir le Congrès international d'astronautique de 2024 n'est pas la seule. Elle est en concurrence avec Milan (Italie), Budapest (Hongrie) et Adélaïde (Australie) et peut-être aussi avec le Brésil, dans le cas où l'Agence spatiale du pays sud-américain formaliserait sa proposition initiale de présenter Rio de Janeiro.
Il est un fait que Milan et Rio de Janeiro avaient déjà concouru pour accueillir l'édition 2023, ce qui place les deux villes comme les principales concurrentes de la capitale andalouse. La ville australienne d'Adélaïde l'a déjà accueilli en 2017, ses chances d'être à nouveau choisi semblent donc minces. Le cluster portugais des industries aéronautiques, spatiales et de défense a présenté la candidature de Lisbonne, mais l'a retirée.
La pandémie a rendu nécessaire la tenue du 71e Congrès en format virtuel du 12 au 14 octobre et la reconfiguration du programme. Le 72e congrès se tiendra en octobre de cette année à Dubaï et le congrès 2022 (73e IAC) aura lieu à Paris du 18 au 22 septembre avec le soutien total du Centre national d'études spatiales (CNES), l'agence spatiale française, sous le thème "L'espace pour tous". L'édition 2023 (74e IAC) se tiendra du 25 au 29 septembre à Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, à la demande d'Azercosmos, l'agence spatiale de la république asiatique.
Sur les 70 éditions du Congrès international d'astronautique, quatre ont eu lieu en Espagne : à Barcelone (1957), Madrid (1966), Malaga (1989) et Valence (2006). Fondée en 1951, l'IAF est composée de 407 organisations de 71 pays, dont 49 agences spatiales, 87 associations, 72 universités, 45 centres de R&D, 148 entreprises et 6 musées. La plupart de ses membres sont originaires d'Europe (198), d'Asie (85), d'Amérique du Nord (72) et du Sud (23), d'Océanie (16) et d'Afrique (13).