Le tribunal de Sebha accepte l'appel de Saif al-Islam contre la décision de la commission électorale et autorise le fils du défunt dictateur libyen à se porter candidat aux élections présidentielles

Saif al-Islam Kadhafi se relance dans la course électorale

photo_camera Saif al-Islam Gaddafi

La Commission électorale suprême de Libye a annulé le 25 novembre la candidature de Saif al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur Mouammar Kadhafi, aux élections présidentielles du 24 décembre. Ces élections, fortement soutenues par la communauté internationale, ont pour principal objectif la stabilisation d'un pays qui a subi plus de dix ans d'affrontements violents et convulsifs entre les groupes rivaux qui aspirent à contrôler le territoire.  

Cependant, jeudi dernier, après une longue comparution de Saif al-Islam devant le tribunal de la ville de Sebha, dans le sud-ouest du pays, l'appel du fils du dictateur a été accepté par le pouvoir judiciaire libyen. Ce jugement en sa faveur permet à Saif al-Islam de rétablir sa candidature pour les élections de décembre, où il sera confronté à d'autres prétendants de poids tels que l'actuel Premier ministre libyen Abdel Hamid Dbebebe, le maréchal Khalifa Haftar, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdel Hadi Al-Hwaij et l'ancien ministre de l'Intérieur Fathi Basagha.

Sebha, une ville oasis du sud-ouest du pays, était la ville choisie par Saif al-Islam pour présenter officiellement sa candidature, et c'est maintenant la ville dont la justice réaffirme sa candidature. Ce n'est pas une coïncidence. Cette municipalité est le fief de la tribu Qadhadhfa, une communauté arabo-berbère qui entretient des liens étroits avec la famille de Kadhafi, et où le dictateur libyen a grandi et a été initié au militantisme politique.

Saif al-Islam Gadafi
Un appel compliqué

La procédure d'appel de Saif al-Islam a également été marquée par des tensions et des difficultés. Tout au long de la semaine, un groupe d'hommes armés a encerclé le tribunal de Sebha pour empêcher les juges d'entrer dans la salle d'audience. Ils arboraient le logo de la brigade Tariq bin Ziyad, l'une des milices liées à la LNA et qui serait sous le contrôle de Khalifa Haftar. 

À cet égard, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (UNSMIL) a déclaré qu'elle " suivait avec une grande inquiétude la fermeture continue de la cour d'appel de Sebha ", où cette obstruction au travail des juges " entrave directement le processus électoral ".

Le groupe d'hommes s'est finalement retiré jeudi dernier, permettant aux trois juges et à l'avocat de Saif al-Islam, ainsi qu'au fils du dictateur, d'entrer dans le bâtiment et de poursuivre l'appel.   

Khalifa Haftar
Saif al-Islam et la justice

La raison qui a conduit la commission électorale libyenne à révoquer la candidature de M. Kadhafi est liée au processus de soumission des documents. L'institution suprême a affirmé que le candidat n'avait pas soumis à la commission un certificat d'absence de casier judiciaire en suspens, un mandat d'arrêt ayant été émis à son encontre en 2011.

La liste des condamnations et des mandats de recherche et d'arrêt à l'encontre de Saif al-Islam est longue. Outre une inculpation pour des crimes de guerre commis pendant le soulèvement de 2011 - au cours duquel son père a été tué par des milices rebelles - le fils de Mouammar Kadhafi a été condamné à la peine capitale pour avoir "tué des manifestants pendant le soulèvement libyen" par un tribunal de Tripoli en 2015. Cependant, Saif al-Islam était aux mains d'un groupe de rebelles qui ont fini par le remettre au maréchal Khalifa Haftar. L'ancien chef de l'Armée nationale libyenne (ANL) a assuré la protection du condamné et, grâce à une amnistie accordée par le gouvernement du maréchal, Saif al-Islam a été libéré de sa peine en 2016. 

Une autre des condamnations du fils du dictateur est celle émise par la Cour pénale internationale (CPI) qui l'accuse d'avoir commis des crimes contre l'humanité. En outre, deux autres mandats d'arrêt émis par le bureau du procureur libyen au cours de deux années différentes attribuent à Saif al-Islam son rapprochement et ses relations avec les groupes mercenaires russes. Cette question a été examinée par la BBC, qui a diffusé une enquête sur les liens de l'homme politique libyen avec le groupe Wagner, une organisation paramilitaire russe présente dans le conflit libyen. 

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