Ingrid Asensio explique le potentiel économique des pays d'Afrique de l'Ouest

Secrétaire général de la Chambre de commerce du Ghana: « Les institutions espagnoles ont donné très peu de visibilité aux opportunités d'investissement au Ghana »

photo_camera PHOTO / ATALAYAR - Ingrid Asensio, secrétaire de la Chambre de commerce espagnole au Ghana

Ingrid Asensio, secrétaire générale de la Chambre de commerce espagnole au Ghana, est très claire lorsqu'elle parle des investissements espagnols en Afrique : il y a encore beaucoup à faire. Asensio pense que le moment est venu d'investir dans cette partie du monde. Le continent se développe et de grandes opportunités s'offrent à ceux qui savent en tirer parti. Asensio insiste sur le fait que l'Espagne ne doit pas manquer ce train vers lequel des pays comme la France, l'Allemagne ou l'Angleterre sont déjà à bord. Atalayar lui parle à Las Palmas de Gran Canaria, où elle devait participer à un événement des chambres de commerce africaines qui a finalement été annulé en raison de la crise du coronavirus. 

Q. Quelles opportunités le Ghana offre-t-il à l'Espagne ?  

R. Il existe de nombreuses possibilités d'investissement en Espagne. Je voudrais juste souligner quelques faits. L'année dernière, le Ghana a été le deuxième client de l'ICEX en Afrique de l'Ouest. En outre, les exportations ont augmenté de 77 % l'année dernière, elles ont pour la première fois dépassée les 300 millions d'euros et ont dépassé celles du Sénégal et de la Côte d'Ivoire.   

Q. Y a-t-il des problèmes de sécurité dans ce pays ?  

R. Il n'y en a pas. Cette année a été une année de élections et il n'y a eu aucun incident, c'est très important. Vous pouvez sortir dans la rue sans crainte et il est peu probable que vous ayez des problèmes. Les zones qui se trouvent au nord, à la frontière avec le Burkina Faso, sont un peu plus dangereuses en raison de la présence de groupes djihadistes dans cette région. Mais il faut souligner que la stabilité politique et sociale est garantie.   

Q. Les entrepreneurs sont-ils réticents à investir en Afrique ?  

R. Oui, il y a beaucoup d'ignorance. L'Espagne est très axée sur l'Amérique latine, probablement à cause de la langue. Les investissements espagnols sont importants au Maroc, au Sénégal, en Égypte ou en Afrique du Sud. Le reste de l'Afrique est totalement oublié, on ne compte pas. Cela est dû en grande partie au fait que nos institutions n'ont pas encouragé les investissements dans ces pays. Ils n'ont pas bénéficié d'une visibilité institutionnelle ou médiatique et lorsqu'ils l'ont fait, c'était pour mettre en lumière le virus Ebola, le paludisme ou la famine. Au Ghana, par exemple, vous ne trouverez rien de tout cela. Mais il y a encore beaucoup de peur et d'ignorance chez les hommes d'affaires de ce que le Ghana peut apporter. Il n'y a pas non plus de liens directs avec l'Espagne, ce qui rend tous les efforts commerciaux difficiles.   

Q. Pourquoi recommander l'Afrique aux entrepreneurs plutôt que l'Amérique latine ?  

Le marché latino-américain est totalement épuisé, et pourtant l'Afrique est florissante. La classe moyenne est en plein essor, la population augmente... il y a une bonne ambiance pour les affaires. C'est maintenant qu'il faut investir. Certains pays comme la France, l'Allemagne ou l'Angleterre travaillent dans ce domaine depuis longtemps et sont bien connus. L'Espagne n'a pas fait ce travail et nous devons agir ensemble pour saisir l'occasion et entrer sur le marché africain. Cela va être plus difficile plus tard. 

L'Espagne doit profiter de la bonne image qu'elle a au Ghana. Nos produits sont de haute qualité mais nos prix sont très compétitifs, nous sommes en mesure de concurrencer la Turquie. Les connaissances et l'expérience des entreprises espagnoles sont nécessaires au Ghana. Nous ne voulons pas qu'ils viennent vendre, cela a une limite. L'idéal est qu'ils connaissent le pays et qu'ils investissent, qu'il y ait un échange commercial qui profite aux deux parties.   

Q. Quels sont les avantages que ce pays offre aux entreprises ?   

R. Le Ghana se positionne comme le pays porte d'entrée d'une union mise en place par les pays d'Afrique de l'Ouest où il y aura un libre-échange et une même monnaie et qui entrera en vigueur dans le courant de l'année. Le Ghana a pris le contrôle de nombreuses institutions politiques et va devenir le « Bruxelles » de cette intégration économique. Elle dispose également de bonnes infrastructures pour la relier à d'autres pays voisins comme la Côte d'Ivoire et le Nigeria.   

Q. Quelles sont les opportunités pour les entrepreneurs espagnols ?  

R. Pour l'Espagne, les secteurs les plus intéressants pour investir sont la construction, l'agroalimentaire et l'industrie. L'Espagne possède des régions très industrialisées qui possèdent des connaissances et une expérience qui peuvent être très utiles au Ghana. Ce que nous conseillons aux entrepreneurs espagnols, c'est de ne pas aller aveuglément faire des affaires dans le pays. Qu'ils s'appuient sur les institutions qui sont là. J'ai reçu un appel d'un homme d'affaires m'expliquant qu'on lui doit de l'argent ou qu'il a des problèmes avec l'agent auquel il est associé. Pour éviter cette situation, il est préférable qu'ils nous appellent avant de commencer à faire des affaires dans le pays. 

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